C'est pas la plus vieille, mais dernièrement, elle a tellement entendu parler de fossile, qu'elle a décidé d'en être un. Alors Ren c'est un peu son propre ancêtre, un carnivorus piapiatus (ouais c'est pas le nom du raptor, mais c'est pas grave)
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Texte du 03.12.2015 - L'enfant Perdue
La tribu est rassemblée près de la frontière. Vers l'est, à quelques centaines de battement d'ailes, l'Empire de Natzka. De l'autre côté, le royaume de Taerion. Les grandes créatures nomades du désert sont reparties vers le sud. Rahk'All est au bord de la falaise, à observer le désert aride qui se dresse devant lui. Malgré le soleil ardent qui lui brûle la rétine et la peau, il scrute l'horizon, sans broncher. Son visage carré, durci par le temps, paraît figé dans la pierre. Seuls ses yeux turquoises semble mus par une volonté, une intelligence, une vivacité prédatrice. Son regard furète habilement entre les amas de sable qui lui font face, cherchant une image, une silhouette, une proie. N'importe quel petit point noir qui osera apparaître entre ces vagues argentées sera sa cible. Il est l'un des meilleurs chasseurs de la tribu, rares sont les gibiers qui ont su tromper son œil affûté. Ses années d'expérience en ont fait le meilleur des mentors, c'est lui qui a formé la grande majorité des jeunes guerriers de la tribu. Accroupi face à l'océan de sable brûlant qui s'ouvre à lui, le grand rapace se laisse caresser par le vent brûlant qui siffle à ses oreilles.
_ Quelle proie nous rapporteras-tu, aujourd'hui ? Demande Saël avec légèreté tout en s'adossant aux restes d'un vieil arbre desséché.
Loin d'être surpris par son chef, l'homme à tête d'aigle continue de fixer l'immensité qui s'offre à lui. Le meneur esquisse un sourire. Quelques instants passent dans le silence, avant que le guerrier réponde.
_ J'espère trouver une kaïssi, répond-il à son chef de sa voix rocailleuse.
_ Vraiment ? Est-ce la bonne heure ?
_ La température est idéale, et les fleurs du désert vont bientôt éclore. Les gazelles de feu ne tarderont pas à quitter leurs abris sous le sable.
Rahk'All connaît parfaitement les habitudes de ses proies, et sa grande sensibilité au climat en fait un chasseur hors pair.
_ Très bien, répond le chef. Bonne chasse.
Sans répondre, le Serre déploie ses immenses ailes, et quitte la falaise pour survoler le désert aride. Il préfère la chasse en solitaire. C'est plus agréable. Le courant aérien le transporte bientôt loin du clan, et tandis qu'il surveille avec avidité les vagues de sable couleur argent, qui s'étendent à l'infini devant lui, il lui semble sentir l'odeur d'une cible. Comme il l'avait prédit, alors que le soleil commence à décliner à l'horizon, des milliers de petits points bleus apparaissent ci et là, pour se gorger des derniers rayons de l'astre lumineux. Petit à petit, le désert grisé se colore de bleu. Soudain, une silhouette accapare son regard attentif, et il fond sans réfléchir sur cette proie insolite.
Mais au moment de la happer, il remarque que la créature n'a rien d'une kaïssi, et qu'elle a même des apparences humanoïdes comme lui ! Il déploie ses ailes pour couper son vol, et se pose en catastrophe non loin de l'être qu'il a manqué de tuer. Ce dernier émet un cri tandis qu'il se retourne pour l'observer plus en détail.
L'être est roulé en boule, au creux d'une large dune, parmi quelques bouquets. Il crie « me mange pas, me mange pas ! ». Ce n'est pas bien grand, probablement un enfant et sa voix criarde est féminine. Ses longs cheveux noirs en bataille la cachent en grande partie, il ne peut même pas voir ses yeux. Ses habits sont du même bleu que les pétales des petites plantes qui l'entourent. Qu'est-ce qu'une créature aussi fragile peut bien faire dans un endroit pareil ? Ce n'est pas le moment d'y penser. Il s'approche, furieux. Cette créature, aussi petite qu'elle soit, vient de le priver d'une chasse qui promettait d'être parfaite. À cause d'elle, le clan de l'homme-aigle sera affamé. En quittant le ciel pour se saisir de cette chose étrange, il vient de se signaler à ses proies potentielles. Il n'y a qu'une chose à faire, amener cette créature à la tribu pour décider que faire d'elle.
_ Que fais-tu ici, petit oisillon ? Demande-t-il d'une voix sèche.
_ Stönn pas méchante, crie-t-elle en retour. Me mange pas…
Il fait claquer sa langue et la saisit au bras, la faisant hurler plus encore. Avec tout le bruit qu'elle fait, les kaïssis ne sortiront pas de leur tanière. Il allait lui intimer de s'arrêter, mais elle le fait d'elle-même, semblant se rendre compte de quelque chose. Sa grimace de frayeur se change même en un large sourire, que Rahk'All ne comprend pas. La petite fille se met à rire, laissant le guerrier interdit.
_ Tu vas pas me manger, hein ! Parce que toi, tu es un gentil.
Ne sachant comment réagir, l'homme aux apparences de brute épaisse lâche l'enfant qui va se blottir tout contre lui, comme si elle le connaissait. Il sait qu'il doit partir, abandonner la créature à son triste sort dans le désert, retourner à sa chasse, nourrir la tribu. Mais il ne parvient pas à s'y résoudre. Quelque chose chez cette enfant sans regard l'en empêche. Il reste happé par l'étrange délicatesse mêlée d'une brutalité pareille à la sienne, qui habite la petite créature. Oubliant tout de sa frayeur passée, l'enfant tourne la tête vers lui. Malgré la longue frange noire qui lui cache les yeux, elle semble le voir, le transcrire, le percer à jour.
_ Le soleil tombe, dit-elle avec joie en s'asseyant dans le sable, inconsciente du danger qu'elle court. C'est l'heure de l'histoire.
_ L'histoire ?
_ Il y a fort longtemps, dans un royaume à présent oublié, vivaient le Roi et la Reine Espoir. Le vert de l’avenir était leur couleur. L’Hydre était leur symbole.
Aussitôt, l'homme cesse de respirer. Son cœur manque un battement. Cette histoire, seul son clan la connaît. Les anciens la récitent aux oisillons, qui à leur tour, quand ils deviennent vieux, la content aux générations futures. Les plumes sur sa tête se dressent d'un coup, tandis qu'il dévisage cet être qui n'a rien d'un rapace comme lui. Imperturbable, l'enfant continue comme si elle récitait par coeur ce qu'elle avait appris pendant des années :
_ La reine pouvait demander conseil aux Serres couleur rouge de l’Amour, pour l’aider à veiller sur son peuple. Le roi pouvait compter sur les Pelisses couleur jaune du Courage pour protéger son royaume. Et quand il était perdu dans les ténèbres, le couple royal demandait au Joyau bleu de la Sagesse de le guider dans l’obscurité. La Branchie Noire prévenait de l'arrivée des Ténèbres à la tombée de la nuit, et l’œil Blanc annonçait le retour de la lumière, au petit matin. Pendant des milliers d’années, le royaume prospéra ainsi, sous la coupe bienveillante du Roi et de la Reine Espoir.
Rahk'All reste interdit, face à la fillette. Les règles de son clan lui hurlent de s'en débarrasser au plus vite. Mais il y a cette petite voix, en son for intérieur, qui lui rappelle le bannissement de ce jeune guerrier. Il avait été chassé de la tribu, après que certains l'aient soupçonné d'avoir volé un antre clan. Il était son meilleur élève, son élément le plus prometteur… il était son fils. Serait-il possible que le jeune faucon ait survécu à la mort que Saël avait prédit pour lui ?
Rahk'All ne peut pas. Il est incapable de faire ce que les lois de sa tribu lui ordonne. Et pourtant, c'est là la seule chose à faire. Ce destin est préférable à un autre, infiniment plus douloureux pour la petite. Tandis qu'elle continue de raconter l'histoire du roi et de la reine Hydre, l'homme-aigle l'abandonne à son sort dans le désert, et s'élance à nouveau dans les airs, d'un battement d'ailes, pour gagner d'autres terres. Il a trahi toute la mémoire de ses ancêtres. Il lui est dorénavant impossible de rentrer dans son clan. Aussi infime qu'elle soit, cette fillette a une chance de s'en sortir, si elle est seule dans cette immensité qui s'obscurcit à vue d'oeil. S'il devait la mener à sa tribu, la mort serait le seul châtiment. S'il devait la tuer, il tuerait son fils une seconde fois. Alors peu importent les lois de son peuple. Son fils vivra, à travers la mémoire de cette enfant perdue.
_ Quelle proie nous rapporteras-tu, aujourd'hui ? Demande Saël avec légèreté tout en s'adossant aux restes d'un vieil arbre desséché.
Loin d'être surpris par son chef, l'homme à tête d'aigle continue de fixer l'immensité qui s'offre à lui. Le meneur esquisse un sourire. Quelques instants passent dans le silence, avant que le guerrier réponde.
_ J'espère trouver une kaïssi, répond-il à son chef de sa voix rocailleuse.
_ Vraiment ? Est-ce la bonne heure ?
_ La température est idéale, et les fleurs du désert vont bientôt éclore. Les gazelles de feu ne tarderont pas à quitter leurs abris sous le sable.
Rahk'All connaît parfaitement les habitudes de ses proies, et sa grande sensibilité au climat en fait un chasseur hors pair.
_ Très bien, répond le chef. Bonne chasse.
Sans répondre, le Serre déploie ses immenses ailes, et quitte la falaise pour survoler le désert aride. Il préfère la chasse en solitaire. C'est plus agréable. Le courant aérien le transporte bientôt loin du clan, et tandis qu'il surveille avec avidité les vagues de sable couleur argent, qui s'étendent à l'infini devant lui, il lui semble sentir l'odeur d'une cible. Comme il l'avait prédit, alors que le soleil commence à décliner à l'horizon, des milliers de petits points bleus apparaissent ci et là, pour se gorger des derniers rayons de l'astre lumineux. Petit à petit, le désert grisé se colore de bleu. Soudain, une silhouette accapare son regard attentif, et il fond sans réfléchir sur cette proie insolite.
Mais au moment de la happer, il remarque que la créature n'a rien d'une kaïssi, et qu'elle a même des apparences humanoïdes comme lui ! Il déploie ses ailes pour couper son vol, et se pose en catastrophe non loin de l'être qu'il a manqué de tuer. Ce dernier émet un cri tandis qu'il se retourne pour l'observer plus en détail.
L'être est roulé en boule, au creux d'une large dune, parmi quelques bouquets. Il crie « me mange pas, me mange pas ! ». Ce n'est pas bien grand, probablement un enfant et sa voix criarde est féminine. Ses longs cheveux noirs en bataille la cachent en grande partie, il ne peut même pas voir ses yeux. Ses habits sont du même bleu que les pétales des petites plantes qui l'entourent. Qu'est-ce qu'une créature aussi fragile peut bien faire dans un endroit pareil ? Ce n'est pas le moment d'y penser. Il s'approche, furieux. Cette créature, aussi petite qu'elle soit, vient de le priver d'une chasse qui promettait d'être parfaite. À cause d'elle, le clan de l'homme-aigle sera affamé. En quittant le ciel pour se saisir de cette chose étrange, il vient de se signaler à ses proies potentielles. Il n'y a qu'une chose à faire, amener cette créature à la tribu pour décider que faire d'elle.
_ Que fais-tu ici, petit oisillon ? Demande-t-il d'une voix sèche.
_ Stönn pas méchante, crie-t-elle en retour. Me mange pas…
Il fait claquer sa langue et la saisit au bras, la faisant hurler plus encore. Avec tout le bruit qu'elle fait, les kaïssis ne sortiront pas de leur tanière. Il allait lui intimer de s'arrêter, mais elle le fait d'elle-même, semblant se rendre compte de quelque chose. Sa grimace de frayeur se change même en un large sourire, que Rahk'All ne comprend pas. La petite fille se met à rire, laissant le guerrier interdit.
_ Tu vas pas me manger, hein ! Parce que toi, tu es un gentil.
Ne sachant comment réagir, l'homme aux apparences de brute épaisse lâche l'enfant qui va se blottir tout contre lui, comme si elle le connaissait. Il sait qu'il doit partir, abandonner la créature à son triste sort dans le désert, retourner à sa chasse, nourrir la tribu. Mais il ne parvient pas à s'y résoudre. Quelque chose chez cette enfant sans regard l'en empêche. Il reste happé par l'étrange délicatesse mêlée d'une brutalité pareille à la sienne, qui habite la petite créature. Oubliant tout de sa frayeur passée, l'enfant tourne la tête vers lui. Malgré la longue frange noire qui lui cache les yeux, elle semble le voir, le transcrire, le percer à jour.
_ Le soleil tombe, dit-elle avec joie en s'asseyant dans le sable, inconsciente du danger qu'elle court. C'est l'heure de l'histoire.
_ L'histoire ?
_ Il y a fort longtemps, dans un royaume à présent oublié, vivaient le Roi et la Reine Espoir. Le vert de l’avenir était leur couleur. L’Hydre était leur symbole.
Aussitôt, l'homme cesse de respirer. Son cœur manque un battement. Cette histoire, seul son clan la connaît. Les anciens la récitent aux oisillons, qui à leur tour, quand ils deviennent vieux, la content aux générations futures. Les plumes sur sa tête se dressent d'un coup, tandis qu'il dévisage cet être qui n'a rien d'un rapace comme lui. Imperturbable, l'enfant continue comme si elle récitait par coeur ce qu'elle avait appris pendant des années :
_ La reine pouvait demander conseil aux Serres couleur rouge de l’Amour, pour l’aider à veiller sur son peuple. Le roi pouvait compter sur les Pelisses couleur jaune du Courage pour protéger son royaume. Et quand il était perdu dans les ténèbres, le couple royal demandait au Joyau bleu de la Sagesse de le guider dans l’obscurité. La Branchie Noire prévenait de l'arrivée des Ténèbres à la tombée de la nuit, et l’œil Blanc annonçait le retour de la lumière, au petit matin. Pendant des milliers d’années, le royaume prospéra ainsi, sous la coupe bienveillante du Roi et de la Reine Espoir.
Rahk'All reste interdit, face à la fillette. Les règles de son clan lui hurlent de s'en débarrasser au plus vite. Mais il y a cette petite voix, en son for intérieur, qui lui rappelle le bannissement de ce jeune guerrier. Il avait été chassé de la tribu, après que certains l'aient soupçonné d'avoir volé un antre clan. Il était son meilleur élève, son élément le plus prometteur… il était son fils. Serait-il possible que le jeune faucon ait survécu à la mort que Saël avait prédit pour lui ?
Rahk'All ne peut pas. Il est incapable de faire ce que les lois de sa tribu lui ordonne. Et pourtant, c'est là la seule chose à faire. Ce destin est préférable à un autre, infiniment plus douloureux pour la petite. Tandis qu'elle continue de raconter l'histoire du roi et de la reine Hydre, l'homme-aigle l'abandonne à son sort dans le désert, et s'élance à nouveau dans les airs, d'un battement d'ailes, pour gagner d'autres terres. Il a trahi toute la mémoire de ses ancêtres. Il lui est dorénavant impossible de rentrer dans son clan. Aussi infime qu'elle soit, cette fillette a une chance de s'en sortir, si elle est seule dans cette immensité qui s'obscurcit à vue d'oeil. S'il devait la mener à sa tribu, la mort serait le seul châtiment. S'il devait la tuer, il tuerait son fils une seconde fois. Alors peu importent les lois de son peuple. Son fils vivra, à travers la mémoire de cette enfant perdue.
Texte du 10.12.2012 - Le pourfendeur de Razegs
Enfin, il y est. Le froid mordant du blizzard qui hurle à ses oreilles n'a pas eu raison de son courage. Le manque d'oxygène n'a pas entaché sa volonté. Il a vu mille paysages, franchi mille frontières. Et pourtant, ce qu'il a sous les yeux, du haut du mont Kezz, lui coupe littéralement le souffle. Feïrell a la carrure du guerrier, physiquement et psychologiquement. Son esprit ne dévie jamais, C'est un être d'action, un de ceux qui ne s'inquiètent pas du sang qu'ils ont sur les mains, et qui ne prêtent attention aux paysages qu'une fois qu'ils ont accompli leur devoir. Et généralement, ils sont blasés par ce qu'ils voient. Il a fait tant de grandes choses, il a été respecté pendant si longtemps, par tant de monde… Lui que tout le monde dit grand, face à cette immensité qui s'étend sous ses pieds, il se sent misérable, ridicule.
Le bleu de la brume s'étend jusqu'aux pointes des montagnes qui percent à travers l'épaisse couche nuageuse. En se couchant, le soleil donne à l'horizon une couleur rosée qui entoure le Mont Thaera. Quelques jours de marche et il y sera. Après un regard en arrière, espérant peut-être trouver un quelconque réconfort dans la présence bienfaîtrice de Nao-Tsi, il soupire et se tourne à nouveau vers la montagne qui lui fait face. Le grand être pousse un long soupir, et repart entre les sapins, prêt à s'élancer dans la brume, en espérant que ses runes rempliront leur rôle, et que sa légende atteigne enfin son apogée.
Alors que le soleil se levait péniblement, déversant ses rayons d'or sur le désert ambré, une tête émergea, parmi les rochers ocres. La chaleur était déjà accablante. L'eris se releva difficilement. C'était le premier, le plus difficile à tuer. Mais c'était aussi celui qui le propulserait dans les légendes. Bientôt, il serait connu et reconnu, tout Vassadror chanterait ses louanges. Un héros. Il serait un héros. Il ne faisait qu'un petit mètre soixante, et pourtant il avait décidé de devenir un grand être, d'être aussi réputé que les Monstres de Maska, d'être aussi aimé que les Brises-Corne, d'être aussi craint que les Ohomuris. En affrontant le Riff des Sables, il allait devenir infiniment plus riche qu'en sauvant une quelconque princesse. Infiniment plus puissant aussi, car il avait trouvé le moyen de retirer la puissance du razeg en lui ôtant la vie, et il n'allait pas se priver ! De toute façon, qu'étaient les Razegs, sinon des monstres destructeurs, qui créaient famine, maladie, mort sur leur passage ? Ils méritaient tous de mourir, et ils périraient de sa main à lui, Feïrell, le pourfendeur de Razegs.
Urhi lève la tête pour observer le ciel qui s'obscurcit. La femme aérienne se trouve devant le mont Thaera. Elle peut encore sentir son souffle, quand il se tenait là, à cette même place, il y a dix jours. De son regard doux, elle observe finement la grande nappe de brouillard qui s'étend sous son voile transparent. Les dizaines de petites bêtes qu'elle protège sous sa coupe bienveillante, flottent à ses côtés, vagabondent, sans prendre conscience ce ce qui vient d'arriver. C'en est fini de Feïrell. La légende n'est plus. Oh oui, il est devenu brave. Un fier guerrier, sans peur ni reproche. Mais à quel prix ! Tuer un Razeg sacré, perdre son esprit au nom de la reconnaissance d'un peuple qui l'oubliera dans quelques générations.
À chaque fois, il s'est probablement posé la question, qu'est-ce que je fais ? Pourquoi devrais-je tuer un gardien de la nature ? Comment mon orgueil a-t-il pris tant de place dans ma vie ? Qui suis-je pour défier les Créateurs et me croire supérieur aux créatures légendaires que je suis sur le point d'assassiner ? La femme translucide pousse un soupir attristé. Cette vie-là vient d'être gâchée, parce qu'il n'a pas su se rendre compte à temps qu'il s'attaquait à plus fort que lui. Sa vanité lui a coûté la vie. Elle le préférait dans son existence antérieure. Il n'était pas aussi mauvais, il ne voulait pas tuer les Razegs, il ne voulait pas s'élever au rang de Maître du monde. Dans sa vie antérieure, il n'aspirait qu'à vivre auprès des siens, vivre une vie simple et douce, vivre à ses côtés… comme il lui manque déjà...
Le bleu de la brume s'étend jusqu'aux pointes des montagnes qui percent à travers l'épaisse couche nuageuse. En se couchant, le soleil donne à l'horizon une couleur rosée qui entoure le Mont Thaera. Quelques jours de marche et il y sera. Après un regard en arrière, espérant peut-être trouver un quelconque réconfort dans la présence bienfaîtrice de Nao-Tsi, il soupire et se tourne à nouveau vers la montagne qui lui fait face. Le grand être pousse un long soupir, et repart entre les sapins, prêt à s'élancer dans la brume, en espérant que ses runes rempliront leur rôle, et que sa légende atteigne enfin son apogée.
Alors que le soleil se levait péniblement, déversant ses rayons d'or sur le désert ambré, une tête émergea, parmi les rochers ocres. La chaleur était déjà accablante. L'eris se releva difficilement. C'était le premier, le plus difficile à tuer. Mais c'était aussi celui qui le propulserait dans les légendes. Bientôt, il serait connu et reconnu, tout Vassadror chanterait ses louanges. Un héros. Il serait un héros. Il ne faisait qu'un petit mètre soixante, et pourtant il avait décidé de devenir un grand être, d'être aussi réputé que les Monstres de Maska, d'être aussi aimé que les Brises-Corne, d'être aussi craint que les Ohomuris. En affrontant le Riff des Sables, il allait devenir infiniment plus riche qu'en sauvant une quelconque princesse. Infiniment plus puissant aussi, car il avait trouvé le moyen de retirer la puissance du razeg en lui ôtant la vie, et il n'allait pas se priver ! De toute façon, qu'étaient les Razegs, sinon des monstres destructeurs, qui créaient famine, maladie, mort sur leur passage ? Ils méritaient tous de mourir, et ils périraient de sa main à lui, Feïrell, le pourfendeur de Razegs.
Urhi lève la tête pour observer le ciel qui s'obscurcit. La femme aérienne se trouve devant le mont Thaera. Elle peut encore sentir son souffle, quand il se tenait là, à cette même place, il y a dix jours. De son regard doux, elle observe finement la grande nappe de brouillard qui s'étend sous son voile transparent. Les dizaines de petites bêtes qu'elle protège sous sa coupe bienveillante, flottent à ses côtés, vagabondent, sans prendre conscience ce ce qui vient d'arriver. C'en est fini de Feïrell. La légende n'est plus. Oh oui, il est devenu brave. Un fier guerrier, sans peur ni reproche. Mais à quel prix ! Tuer un Razeg sacré, perdre son esprit au nom de la reconnaissance d'un peuple qui l'oubliera dans quelques générations.
À chaque fois, il s'est probablement posé la question, qu'est-ce que je fais ? Pourquoi devrais-je tuer un gardien de la nature ? Comment mon orgueil a-t-il pris tant de place dans ma vie ? Qui suis-je pour défier les Créateurs et me croire supérieur aux créatures légendaires que je suis sur le point d'assassiner ? La femme translucide pousse un soupir attristé. Cette vie-là vient d'être gâchée, parce qu'il n'a pas su se rendre compte à temps qu'il s'attaquait à plus fort que lui. Sa vanité lui a coûté la vie. Elle le préférait dans son existence antérieure. Il n'était pas aussi mauvais, il ne voulait pas tuer les Razegs, il ne voulait pas s'élever au rang de Maître du monde. Dans sa vie antérieure, il n'aspirait qu'à vivre auprès des siens, vivre une vie simple et douce, vivre à ses côtés… comme il lui manque déjà...