Anako est un ornithorynque. Me forcez pas à le répéter ! C'est même pas un oiseau, en plus ! Elle fait juste semblant en fait.... Ses univers sont étranges, doux, emmitouflés dans une polaire de poésie, généralement très très TRES agrémentés en détails. Et nous, les détails, on aime !
Tous les textes d'Anako
Texte du 03.12.2015
Sombre, froid, plongée dans les ténèbres je me sens flotter dans cette immensité, ayant perdu toute notion du temps ou d’espace. Hier encore, je pouvais observer la course du soleil, sentir ses reflets chatoyant sur ma peau, mais à présent tout s’est éteins et me retrouve seule. Avec moi-même, mes souvenirs et parfois les yeux jaunes perçants qui m’observe, me surveillent. Comme si je pouvais fuir.
Un léger sourire étire mes lèvres alors que je repense au passé.
Depuis combien de temps suis-je ici, esseulée, oubliée ? Mes membres engourdis ont fini par me paraitre lourds et raides, la mélodie du passé bien lointaine. Et pourtant, je continuais de lever la tête, cherchant une lumière dans l’horizon, la percevant presque à travers mes paupières lourdes. A ce rythme là, je finirais par m’effondrer avant de le revoir, même si au fond je sais qu’il est surement déjà loin lui aussi.
Une larme glisse sur ma joue tandis que mon esprit me porte ailleurs, au-delà des frontières de mon corps abimés et épuisé. Près de lui. En ce jour fatidique.
La boutique venait d’ouvrir comme elle le faisait toujours, les doux rayons du matin me réchauffant et laissant ma robe chatoyer, étincelante. J’étais magnifique, si belle dans ma tenue de dentelle et de soie. Les enfants venaient toujours me voir en première, les yeux pétillant d’émerveillement, mais repartaient toujours la mine triste et la larme à l’œil. Apparemment, j’étais trop cher. A présent, je ne dansais plus qu’une fois dans la semaine, si j’étais chanceuse. Mais ce matin là, l’air me semblait différent. Peut-être une idée rafistolée par mon esprit vieillissant qui veut voir en cette matinée un acte du destin. La porte entrouverte laissait passer le vent frais et les effluves des viennoiseries du boulanger avoisinant.
Soudain, passant violement la porte, un chien entra. Le poil dru, sale, aboyant sans raison tout en mettant la boutique sans dessus dessous. Je ne sais toujours pas s’il avait vu l’ennui dans mon regard ou si simplement ma robe et la musique émise par la boite l’avaient attiré, il a toujours refusé de me le dire, mais il me saisit dans sa gueule, prenant soin de ne pas me heurter et s’enfuit ventre à terre comme le voleur qu’il était. Tout mon oxygène était noyé dans l’odeur rance et chaude qu’il respirait, mais je m’en moquais, trop abasourdie par ce qu’il se passait. Mon esprit vint finalement se poser sur le ciel azuré qui s’étendait au dessus de moi.
Immense, infini, les toits des maisons défilant dessus sans le troubler. J’étais à l’extérieur, le vent fouettant mon visage, me regard tournée vers ce que je n’avais jamais pu voir jusqu’alors.
Enfin, il s’arrêta, camouflé dans un coin aux abords de la ville et me relâcha. Je tombais rudement au sol sans possibilité de me relever. D’un coup de museau, il tourna la boite et je reprenais pied. Face à face, au calme, la brise légère calmait l’ardeur passée et je pouvais l’observer. Il était vieux chien errant, amoché par le temps et l’âge, il avait surement du se battre plus une fois.
D’une voix rude, il me demanda où je voulais aller. Pour lui, il était déjà clair que je l’accompagnerais, puisqu’il voulait un compagnon de route et qu’il avait décidé que je serais le sien. Je fixais l’étendue bleue au dessus de moi, perdue. J’aurais pu, du, dire la boutique, y retourner, mais… Il avait du lire en moi et savoir que je désirais tout sauf cela.
« Découvrir le monde, avais-je finalement répondu.
-Alors le monde ce sera ! »
Il avait jappé d’une voix enjouée et volontaire qui me fit rire à mon tour. L’aventure s’ouvrait à moi et il tint sa parole. Il me trainait de ville en ville, au gré de ses envies. Toujours les paysages variaient, se renouvelaient sans jamais se ressembler. De grandes villes, nous passions à des étendues verdoyantes, aux parfums floraux et entêtants, ou à des collines hautes et escarpées où le vent soufflait, ralentissant notre course.
Nous devions former un duo plus qu’insolite vu les regards des humains que nous croisions. Ce fut d’ailleurs à cause de l’un d’eux que je perdis ma boite.
Alors que nous nous baladions tranquillement dans une ruelle, une petite fille croisa mon regard et, trépignant, pleurant chercha à m’arracher à mon ami. En vain, cependant, ce qui semblait être son parent vint l’aider et d’un coup sec frappa le chien. Il geignit plaintif alors que je tombais au sol dans un tintement métallique. Mes jambes se brisèrent et je fus envoyée quelques mètres plus loin, ne pouvant qu’être observatrice de la rixe. Il mordit l’homme qui le reçu avec un coup du pied bien senti.
Dédaigneux, il lorgna sur la boite, puis sur moi, blessée et claqua des dents. Bien vite, il se saisit de la main de sa fille, la trainant loin de la scène. Avait-il honte de son geste, ou de nous, de moi ? De ce que j’étais devenue à présent ? Je le saurais jamais et fut, en quelque sorte, soulagée de le voir partir.
Doucement, mon compagnon revint près de moi, reniflant, me léchant tendrement avant de me reprendre dans sa gueule comme il l’avait toujours fait. La disparition de la boîte avait au moins pour vertu de nous rendre plus léger.
Ainsi nous pûmes voyager dans des endroits plus reculés, abandonnés de fortes présence humaine. Là encore, notre duo ne sembla pas nous porter chance.
Alors que l’on continuait l’ascension d’une petite montagne peu escarpée, une ombre passa. Une fois, puis une seconde et finalement, elle fondit sur nous, ou plutôt moi.
En quelques secondes je me retrouvai séparée de mon ami, flottant dans les airs. La surprise passée, la silhouette de ce dernier se réduisant à celle d’une fourmi, je fixais mon kidnappeur. Un faucon, fier et beau, mais cela n’effaçait pas son acte. Je l’interpellai, en vain, tentait de l’amadouer, lui expliquer, il m’ignorait. De rage, je lui mordis la patte, serrant autant que je le pouvais.
Cela dut marcher car il me lâcha enfin, me laissant tomber dans le vide sans moyen de me rattraper. Un long cri puissant m’échappa alors que je heurtai une surface bien plus douce et agréable que je ne l’aurais cru. De l’eau, je flottais, ou coulais, dans cette matière douce et fraîche. Reposante presque. A ma droite, je sentis des remouds et tourna la tête, mon complice m’avait tout de même suivit, mon cri l’ayant peut-être guidé. Il venait me récupérer et, heureuse de ne plus être séparée de lui, j’ouvris les bras prête à le saisir et l’enlacer dès qu’il serait assez proche.
Sur la berge, il crachota, de l’eau s’étant glissée dans ses poumons quand il était venu me sauver. Après cette mésaventure, nous décidâmes de ne plus faire d’excursions aussi dangereuses et nous nous contentâmes de chemins sûrs et assuré. Adieu grand canyon.
Néanmoins, cela ne nous priva pas de folles rencontres et de joies sans bornes.
Nos repas avec une famille de rats, leur culture et leurs rires, tout ce qu’ils nous montrèrent, la fuite d’une oie sauvage après s’être trop approché de son nid, les marais vaseux et malodorant.
Je revois tout cela derrière mes paupières comme si c’était encore hier. Je soupire tristement, hier étant si loin à présent.
Nous avions vécus tant de choses. J’étais devenue si sale, ma belle robe partie en lambeaux, mais je la chérissais d’autant plus, témoin de notre histoire, elle me rappelait tout ce que j’avais traversé, tout ça grâce à lui.
Délicatement, je me tournais vers lui. Posée contre son poil, je sentais sa respiration dans mon dos alors qu’il somnolait paisiblement, allongé contre les racines d’un arbre. Devant nous s’étendait une plage, vide de toute présence d’hommes. Les embruns marins titillaient mes narines et je pris une grande bouffée d’air. La mer s’était retirée, dévoilant ses secrets, des récifs couverts d’algues, bulots et autres mollusques de mer. Au devant, dans un contraste léger, la plage sèche, des dunes faisant onduler ce paysage.
Je soufflais de contentement. Contre moi, mon ami se releva lentement, presque péniblement, sa vie était bien avancée et sa jeunesse l’avait abandonnée, son pas léger et rapide aussi. Il partait chercher à manger, me laissant là à l’attendre afin de profiter du paysage. J’aurais du l’accompagner, mais l’habitude et la sensation de sécurité me voilait les yeux.
Tandis qu’il était parti, des bruits de pas se firent entendre, bien différents des siens.
Des humains, des fouineurs en vadrouille en quête d’un trésor. Je devais paraitre comme tel suivant leurs critères. Une main immense se jeta sur moi, m’attrapant, m’exhibant gaiement, parlant même de faire des modifications sur mon corps. Je ne voulais pas, qu’ils me reposent. Je me débattais, hurlais, mais l’on me déposa simplement au fond d’un panier, avec pleins d’autres objets. Mon cœur battait la chamade et tentait de voir à l’extérieur, mon compagnon, mon complice de toujours devait me chercher si il était revenu.
Nul besoin de dire que je ne le revis jamais.
L’homme sembla s’entêter à me donner une « seconde vie » comme il le disait. Arrachant ma robe, me mettant à nue, il parcouru mon corps, ma peau, repeignit celle-ci, me recouvrit d’une nouvelle parure avant de sceller à nouveau mon destin. J’étais à nouveau prisonnière de la boite, mon socle.
Avec effroi, je le vis refermer le couvercle. Je le suppliais d’au moins le garder ouvert, de me laisser profiter du jour et de la lumière, respirer.
Le noir se fit.
Je ne revis la lumière que par sessions entrecoupée, une mélodie différente accompagnant cette nouvelle boîte à musique. Chaque fois, forcée de danser pour eux avant de retourner aux ténèbres dévorantes.
Je dus passer entre diverses mains encore, avant de finalement, me retrouver dans ce qui semblait être un grenier. A l’air libre au moins, exposée comme une œuvre, ou peut-être juste oubliée après une dernière utilisation.
Les jours s’écoulèrent. Lumière, pénombre. Journée, nuit. Le soleil, les étoiles. La pluie, la sécheresse.
Rares furent les personnes que je croisais encore, la dernière doit remonter à tellement longtemps, quelques lueurs arrivaient encore à filtrer jusqu’à moi à l’époque.
Seule, à présent, je rouvre les yeux, humides, face à ses souvenirs qui refont surface. Je me demande combien de temps j’aurais à attendre avant que… Avant que quoi ? J’hésite, il me manque, j’aurais tant aimé lui dire adieu, combien tout ce que nous avons vécu ensemble fut une bénédiction pour moi et que jamais je ne pourrais oublier la moindre chose. Mais c’est impossible à présent.
Sur ma gauche, j’entends un craquement brusque, un coup, puis le néant.
Peut-être que si, finalement.
Un léger sourire étire mes lèvres alors que je repense au passé.
Depuis combien de temps suis-je ici, esseulée, oubliée ? Mes membres engourdis ont fini par me paraitre lourds et raides, la mélodie du passé bien lointaine. Et pourtant, je continuais de lever la tête, cherchant une lumière dans l’horizon, la percevant presque à travers mes paupières lourdes. A ce rythme là, je finirais par m’effondrer avant de le revoir, même si au fond je sais qu’il est surement déjà loin lui aussi.
Une larme glisse sur ma joue tandis que mon esprit me porte ailleurs, au-delà des frontières de mon corps abimés et épuisé. Près de lui. En ce jour fatidique.
La boutique venait d’ouvrir comme elle le faisait toujours, les doux rayons du matin me réchauffant et laissant ma robe chatoyer, étincelante. J’étais magnifique, si belle dans ma tenue de dentelle et de soie. Les enfants venaient toujours me voir en première, les yeux pétillant d’émerveillement, mais repartaient toujours la mine triste et la larme à l’œil. Apparemment, j’étais trop cher. A présent, je ne dansais plus qu’une fois dans la semaine, si j’étais chanceuse. Mais ce matin là, l’air me semblait différent. Peut-être une idée rafistolée par mon esprit vieillissant qui veut voir en cette matinée un acte du destin. La porte entrouverte laissait passer le vent frais et les effluves des viennoiseries du boulanger avoisinant.
Soudain, passant violement la porte, un chien entra. Le poil dru, sale, aboyant sans raison tout en mettant la boutique sans dessus dessous. Je ne sais toujours pas s’il avait vu l’ennui dans mon regard ou si simplement ma robe et la musique émise par la boite l’avaient attiré, il a toujours refusé de me le dire, mais il me saisit dans sa gueule, prenant soin de ne pas me heurter et s’enfuit ventre à terre comme le voleur qu’il était. Tout mon oxygène était noyé dans l’odeur rance et chaude qu’il respirait, mais je m’en moquais, trop abasourdie par ce qu’il se passait. Mon esprit vint finalement se poser sur le ciel azuré qui s’étendait au dessus de moi.
Immense, infini, les toits des maisons défilant dessus sans le troubler. J’étais à l’extérieur, le vent fouettant mon visage, me regard tournée vers ce que je n’avais jamais pu voir jusqu’alors.
Enfin, il s’arrêta, camouflé dans un coin aux abords de la ville et me relâcha. Je tombais rudement au sol sans possibilité de me relever. D’un coup de museau, il tourna la boite et je reprenais pied. Face à face, au calme, la brise légère calmait l’ardeur passée et je pouvais l’observer. Il était vieux chien errant, amoché par le temps et l’âge, il avait surement du se battre plus une fois.
D’une voix rude, il me demanda où je voulais aller. Pour lui, il était déjà clair que je l’accompagnerais, puisqu’il voulait un compagnon de route et qu’il avait décidé que je serais le sien. Je fixais l’étendue bleue au dessus de moi, perdue. J’aurais pu, du, dire la boutique, y retourner, mais… Il avait du lire en moi et savoir que je désirais tout sauf cela.
« Découvrir le monde, avais-je finalement répondu.
-Alors le monde ce sera ! »
Il avait jappé d’une voix enjouée et volontaire qui me fit rire à mon tour. L’aventure s’ouvrait à moi et il tint sa parole. Il me trainait de ville en ville, au gré de ses envies. Toujours les paysages variaient, se renouvelaient sans jamais se ressembler. De grandes villes, nous passions à des étendues verdoyantes, aux parfums floraux et entêtants, ou à des collines hautes et escarpées où le vent soufflait, ralentissant notre course.
Nous devions former un duo plus qu’insolite vu les regards des humains que nous croisions. Ce fut d’ailleurs à cause de l’un d’eux que je perdis ma boite.
Alors que nous nous baladions tranquillement dans une ruelle, une petite fille croisa mon regard et, trépignant, pleurant chercha à m’arracher à mon ami. En vain, cependant, ce qui semblait être son parent vint l’aider et d’un coup sec frappa le chien. Il geignit plaintif alors que je tombais au sol dans un tintement métallique. Mes jambes se brisèrent et je fus envoyée quelques mètres plus loin, ne pouvant qu’être observatrice de la rixe. Il mordit l’homme qui le reçu avec un coup du pied bien senti.
Dédaigneux, il lorgna sur la boite, puis sur moi, blessée et claqua des dents. Bien vite, il se saisit de la main de sa fille, la trainant loin de la scène. Avait-il honte de son geste, ou de nous, de moi ? De ce que j’étais devenue à présent ? Je le saurais jamais et fut, en quelque sorte, soulagée de le voir partir.
Doucement, mon compagnon revint près de moi, reniflant, me léchant tendrement avant de me reprendre dans sa gueule comme il l’avait toujours fait. La disparition de la boîte avait au moins pour vertu de nous rendre plus léger.
Ainsi nous pûmes voyager dans des endroits plus reculés, abandonnés de fortes présence humaine. Là encore, notre duo ne sembla pas nous porter chance.
Alors que l’on continuait l’ascension d’une petite montagne peu escarpée, une ombre passa. Une fois, puis une seconde et finalement, elle fondit sur nous, ou plutôt moi.
En quelques secondes je me retrouvai séparée de mon ami, flottant dans les airs. La surprise passée, la silhouette de ce dernier se réduisant à celle d’une fourmi, je fixais mon kidnappeur. Un faucon, fier et beau, mais cela n’effaçait pas son acte. Je l’interpellai, en vain, tentait de l’amadouer, lui expliquer, il m’ignorait. De rage, je lui mordis la patte, serrant autant que je le pouvais.
Cela dut marcher car il me lâcha enfin, me laissant tomber dans le vide sans moyen de me rattraper. Un long cri puissant m’échappa alors que je heurtai une surface bien plus douce et agréable que je ne l’aurais cru. De l’eau, je flottais, ou coulais, dans cette matière douce et fraîche. Reposante presque. A ma droite, je sentis des remouds et tourna la tête, mon complice m’avait tout de même suivit, mon cri l’ayant peut-être guidé. Il venait me récupérer et, heureuse de ne plus être séparée de lui, j’ouvris les bras prête à le saisir et l’enlacer dès qu’il serait assez proche.
Sur la berge, il crachota, de l’eau s’étant glissée dans ses poumons quand il était venu me sauver. Après cette mésaventure, nous décidâmes de ne plus faire d’excursions aussi dangereuses et nous nous contentâmes de chemins sûrs et assuré. Adieu grand canyon.
Néanmoins, cela ne nous priva pas de folles rencontres et de joies sans bornes.
Nos repas avec une famille de rats, leur culture et leurs rires, tout ce qu’ils nous montrèrent, la fuite d’une oie sauvage après s’être trop approché de son nid, les marais vaseux et malodorant.
Je revois tout cela derrière mes paupières comme si c’était encore hier. Je soupire tristement, hier étant si loin à présent.
Nous avions vécus tant de choses. J’étais devenue si sale, ma belle robe partie en lambeaux, mais je la chérissais d’autant plus, témoin de notre histoire, elle me rappelait tout ce que j’avais traversé, tout ça grâce à lui.
Délicatement, je me tournais vers lui. Posée contre son poil, je sentais sa respiration dans mon dos alors qu’il somnolait paisiblement, allongé contre les racines d’un arbre. Devant nous s’étendait une plage, vide de toute présence d’hommes. Les embruns marins titillaient mes narines et je pris une grande bouffée d’air. La mer s’était retirée, dévoilant ses secrets, des récifs couverts d’algues, bulots et autres mollusques de mer. Au devant, dans un contraste léger, la plage sèche, des dunes faisant onduler ce paysage.
Je soufflais de contentement. Contre moi, mon ami se releva lentement, presque péniblement, sa vie était bien avancée et sa jeunesse l’avait abandonnée, son pas léger et rapide aussi. Il partait chercher à manger, me laissant là à l’attendre afin de profiter du paysage. J’aurais du l’accompagner, mais l’habitude et la sensation de sécurité me voilait les yeux.
Tandis qu’il était parti, des bruits de pas se firent entendre, bien différents des siens.
Des humains, des fouineurs en vadrouille en quête d’un trésor. Je devais paraitre comme tel suivant leurs critères. Une main immense se jeta sur moi, m’attrapant, m’exhibant gaiement, parlant même de faire des modifications sur mon corps. Je ne voulais pas, qu’ils me reposent. Je me débattais, hurlais, mais l’on me déposa simplement au fond d’un panier, avec pleins d’autres objets. Mon cœur battait la chamade et tentait de voir à l’extérieur, mon compagnon, mon complice de toujours devait me chercher si il était revenu.
Nul besoin de dire que je ne le revis jamais.
L’homme sembla s’entêter à me donner une « seconde vie » comme il le disait. Arrachant ma robe, me mettant à nue, il parcouru mon corps, ma peau, repeignit celle-ci, me recouvrit d’une nouvelle parure avant de sceller à nouveau mon destin. J’étais à nouveau prisonnière de la boite, mon socle.
Avec effroi, je le vis refermer le couvercle. Je le suppliais d’au moins le garder ouvert, de me laisser profiter du jour et de la lumière, respirer.
Le noir se fit.
Je ne revis la lumière que par sessions entrecoupée, une mélodie différente accompagnant cette nouvelle boîte à musique. Chaque fois, forcée de danser pour eux avant de retourner aux ténèbres dévorantes.
Je dus passer entre diverses mains encore, avant de finalement, me retrouver dans ce qui semblait être un grenier. A l’air libre au moins, exposée comme une œuvre, ou peut-être juste oubliée après une dernière utilisation.
Les jours s’écoulèrent. Lumière, pénombre. Journée, nuit. Le soleil, les étoiles. La pluie, la sécheresse.
Rares furent les personnes que je croisais encore, la dernière doit remonter à tellement longtemps, quelques lueurs arrivaient encore à filtrer jusqu’à moi à l’époque.
Seule, à présent, je rouvre les yeux, humides, face à ses souvenirs qui refont surface. Je me demande combien de temps j’aurais à attendre avant que… Avant que quoi ? J’hésite, il me manque, j’aurais tant aimé lui dire adieu, combien tout ce que nous avons vécu ensemble fut une bénédiction pour moi et que jamais je ne pourrais oublier la moindre chose. Mais c’est impossible à présent.
Sur ma gauche, j’entends un craquement brusque, un coup, puis le néant.
Peut-être que si, finalement.
Texte du 10.12.2015
Il s’étire, lentement, encore un peu groggy par les évènements de la veille, des courbatures et tensions vrillant l’entièreté de son corps. Puis il laisse ses bras retomber lourdement au sol, pendouillant le long de son corps alors qu’il fixe le ciel encore sombre et pur.
Un sourire s’étire sur ses lèvres alors qu’il se relève lentement. Sa marche est lente, ses pas pesant, ses muscles peinent à se réveiller alors qu’il grimpe le flanc de montagne, à travers bois. La brume fraîche et légère se dissipe alors que l’aube se lève. Les rayons de lumières pâles s’élèvent sur lui, réchauffant sa peau glacée et humide. Il fixe son bras trempé et l’essuie d’un geste nonchalant. A peine prête-t-il attention à ses vêtements alourdi par le liquide et continue sa longue errance.
Ce n’est qu’au seuil des frondaisons qu’il s’arrête, jetant une brève œillade au panorama éphémère. Une brise légèrement caresse sa peau, frissonner ses cheveux ébènes. Le moment semble infini et lui hors du monde. L’espace d’un instant, il se sent en paix, vide, absout de tout. Et pourtant… Un sourire s’étire sur ses lèvres alors qu’un filet rougeoyant s’étend sur l’horizon. Rouge, comme le sang. Le sang qui le recouvre, le repeint, alourdit sa marche. Un coup de langue carnassier sur ses crocs et le voila reparti sur sa route infinie, faisant craquer ses doigts impatient de les planter dans une nouvelle proie, mordre à nouveau la chair.
L’instant s’efface et il disparait à travers bois.
Hier avait été une véritable fête, une danse sanguinolente et effrénée. Aujourd’hui la même danse recommencerait.
Un sourire s’étire sur ses lèvres alors qu’il se relève lentement. Sa marche est lente, ses pas pesant, ses muscles peinent à se réveiller alors qu’il grimpe le flanc de montagne, à travers bois. La brume fraîche et légère se dissipe alors que l’aube se lève. Les rayons de lumières pâles s’élèvent sur lui, réchauffant sa peau glacée et humide. Il fixe son bras trempé et l’essuie d’un geste nonchalant. A peine prête-t-il attention à ses vêtements alourdi par le liquide et continue sa longue errance.
Ce n’est qu’au seuil des frondaisons qu’il s’arrête, jetant une brève œillade au panorama éphémère. Une brise légèrement caresse sa peau, frissonner ses cheveux ébènes. Le moment semble infini et lui hors du monde. L’espace d’un instant, il se sent en paix, vide, absout de tout. Et pourtant… Un sourire s’étire sur ses lèvres alors qu’un filet rougeoyant s’étend sur l’horizon. Rouge, comme le sang. Le sang qui le recouvre, le repeint, alourdit sa marche. Un coup de langue carnassier sur ses crocs et le voila reparti sur sa route infinie, faisant craquer ses doigts impatient de les planter dans une nouvelle proie, mordre à nouveau la chair.
L’instant s’efface et il disparait à travers bois.
Hier avait été une véritable fête, une danse sanguinolente et effrénée. Aujourd’hui la même danse recommencerait.
Une odeur de fer avait envie l’air, en saturant chaque parcelle.
Perdu au cœur de la forêt, caché dans un renfoncement de montagne, le village s’en trouvait surtout acculé, sans échappatoire. Il avait saisit l’occasion. Arrivé comme un pauvre marchand itinérant blessé, profitant de leur générosité, il avait même réussi à plaire à l’une de fille du village. Elle rougissait à chacun de ses regards. Que c’était mignon. La pauvre ignare, si elle savait.
Intérieurement, il avait rit tout du long. Cette bourgade était pire que ce qu’il avait espéré. Un ramassis d’idiot dépourvu de cervelles, même pas capable de se méfier. Mais cela ne rendrait que la fête plus mémorable, voir leurs expressions se figer, se tordre d’effroi, d’incompréhension. Il s’en délectait déjà.
Il avait attendu la nuit, ou plutôt le crépuscule. La lumière crépusculaire lui offrait toujours une jouissance spéciale quand l’horizon se teintait du même rouge qui imprégnait l’air, brumassait le sol et lui offrait une seconde peau chaude et humide.
Sortant de la cabane offerte, trébuchant légèrement, on était de suite accouru vers lui, plein d’inquiétude. Le coup était venu brutalement, et avait demandé quelques secondes pour que tous comprennent. Secondes en trop. Déjà trois têtes étaient tombées, et un ventre projetait une gerbe de sang. Admirant son œuvre, il se saisit d’un autre et plongea ses crocs dans son cou, arrachant un large morceau de chair qu’il se mit à mâchonner gaiement e quête d’une autre proie. Cachée ou ayant fui, peu lui importait, il trouverait vite.
Bientôt le sol était jonché de cadavres, ses pieds trempaient dans une boue noirâtre et visqueuse au parfum entêtant. Il n’en restait qu’une, son dessert. La petite idiote qui s’était entichée de lui, grand mal lui en fasse. Il finit par la trouver dans un coin et, après avoir avec délice déguster la peur dans ses yeux, termina son office.
Il s’en trouvait bientôt seul dans un village mort, sifflant gaiement en se léchant la main.
« Hm… Sucré ! » Avait-il commenté tandis qu’il abandonnait derrière lui son crime, disparaissant dans la forêt avoisinante, une brume ferrugineuse emplissant l’atmosphère, seul témoin des atrocités commises au cœur de cette montagne. Bientôt tout serait lavé et lui oublié.
Perdu au cœur de la forêt, caché dans un renfoncement de montagne, le village s’en trouvait surtout acculé, sans échappatoire. Il avait saisit l’occasion. Arrivé comme un pauvre marchand itinérant blessé, profitant de leur générosité, il avait même réussi à plaire à l’une de fille du village. Elle rougissait à chacun de ses regards. Que c’était mignon. La pauvre ignare, si elle savait.
Intérieurement, il avait rit tout du long. Cette bourgade était pire que ce qu’il avait espéré. Un ramassis d’idiot dépourvu de cervelles, même pas capable de se méfier. Mais cela ne rendrait que la fête plus mémorable, voir leurs expressions se figer, se tordre d’effroi, d’incompréhension. Il s’en délectait déjà.
Il avait attendu la nuit, ou plutôt le crépuscule. La lumière crépusculaire lui offrait toujours une jouissance spéciale quand l’horizon se teintait du même rouge qui imprégnait l’air, brumassait le sol et lui offrait une seconde peau chaude et humide.
Sortant de la cabane offerte, trébuchant légèrement, on était de suite accouru vers lui, plein d’inquiétude. Le coup était venu brutalement, et avait demandé quelques secondes pour que tous comprennent. Secondes en trop. Déjà trois têtes étaient tombées, et un ventre projetait une gerbe de sang. Admirant son œuvre, il se saisit d’un autre et plongea ses crocs dans son cou, arrachant un large morceau de chair qu’il se mit à mâchonner gaiement e quête d’une autre proie. Cachée ou ayant fui, peu lui importait, il trouverait vite.
Bientôt le sol était jonché de cadavres, ses pieds trempaient dans une boue noirâtre et visqueuse au parfum entêtant. Il n’en restait qu’une, son dessert. La petite idiote qui s’était entichée de lui, grand mal lui en fasse. Il finit par la trouver dans un coin et, après avoir avec délice déguster la peur dans ses yeux, termina son office.
Il s’en trouvait bientôt seul dans un village mort, sifflant gaiement en se léchant la main.
« Hm… Sucré ! » Avait-il commenté tandis qu’il abandonnait derrière lui son crime, disparaissant dans la forêt avoisinante, une brume ferrugineuse emplissant l’atmosphère, seul témoin des atrocités commises au cœur de cette montagne. Bientôt tout serait lavé et lui oublié.
Sa trace je la suivais déjà depuis plusieurs années. Ce chien galeux, cette vermine sans âme.
Il voyageait de villages en villages, ne laissant que mort et désolation sur son passage. Au moins cela me laissait-il le suivre, mais toujours j’arrivais trop tard. Une boucherie sans nom, l’atmosphère même semblait en deuil là où il passait. Quand survivant il y avait, leur état prostré, leur mutisme les rendait incapable à toute enquête.
Au fil des ans, je n’avais pu obtenir que quelques informations. Il avait des yeux de flammes, signe de ses origines démoniaques, des griffes pour ongles et petit pour un homme. A peine ma taille m’avait-on vaguement indiqué.
Mais aujourd’hui, je le tenais ! Arrivée après son massacre, la visquosité du sang et ses traces ensanglantées à travers bois m’avaient guidé. Trop prétentieux pour faire attention aux indices qu’ils laissaient, j’avais à présent un fil d’Ariane pour me guider à lui. A mesure que je m’éloignais du village, la brume tombait, l’air semblait moins lourd, exempt de toute culpabilité, apaisant, malgré le ciel enflammé qui irradiait, perçant. A contrario, la forêt semblait calme.
Le calme avant la tempête, cette fois je l’aurais.
Le poing serré sur un tronc d’arbre, une trace de sang signalant son passage, je me mordis la lèvre rageusement. Haineuse. Cette nuit-là, c’était mon frère qu’il m’avait volé. Ce matin-là, je me jurais de le tuer. Qu’importe si pour y parvenir je devrais mourir. Mon clan entier, décimé. Un clan de guerriers féroces et endurcis. Détruits jusqu’au dernier, attaqués dans l’enceinte même de leur sanctuaire.
Un bruit fit revenir mon attention en ce lieu, au loin devant, une ombre se détachait. Je me ruais dessus, hors de question de laisser filer cette chance si c’était lui.
Il voyageait de villages en villages, ne laissant que mort et désolation sur son passage. Au moins cela me laissait-il le suivre, mais toujours j’arrivais trop tard. Une boucherie sans nom, l’atmosphère même semblait en deuil là où il passait. Quand survivant il y avait, leur état prostré, leur mutisme les rendait incapable à toute enquête.
Au fil des ans, je n’avais pu obtenir que quelques informations. Il avait des yeux de flammes, signe de ses origines démoniaques, des griffes pour ongles et petit pour un homme. A peine ma taille m’avait-on vaguement indiqué.
Mais aujourd’hui, je le tenais ! Arrivée après son massacre, la visquosité du sang et ses traces ensanglantées à travers bois m’avaient guidé. Trop prétentieux pour faire attention aux indices qu’ils laissaient, j’avais à présent un fil d’Ariane pour me guider à lui. A mesure que je m’éloignais du village, la brume tombait, l’air semblait moins lourd, exempt de toute culpabilité, apaisant, malgré le ciel enflammé qui irradiait, perçant. A contrario, la forêt semblait calme.
Le calme avant la tempête, cette fois je l’aurais.
Le poing serré sur un tronc d’arbre, une trace de sang signalant son passage, je me mordis la lèvre rageusement. Haineuse. Cette nuit-là, c’était mon frère qu’il m’avait volé. Ce matin-là, je me jurais de le tuer. Qu’importe si pour y parvenir je devrais mourir. Mon clan entier, décimé. Un clan de guerriers féroces et endurcis. Détruits jusqu’au dernier, attaqués dans l’enceinte même de leur sanctuaire.
Un bruit fit revenir mon attention en ce lieu, au loin devant, une ombre se détachait. Je me ruais dessus, hors de question de laisser filer cette chance si c’était lui.
Texte du 17.12.2015
D'après une idée de Broyeur
Personnage : Un prince en exil / Défaut: Orgueuilleux / Qualité : Méthodique / Lieu: La planète où il est fugitif / Epoque: Le futur
L’hoverboard venait de s’écraser dans un des champs minier de Larium. L’air empestait, étouffant, s’attaquant directement aux poumons. Dans un râle, je toussais avant de finir par vomir dans un coin comme une simple vermine. Par chance, aucune présence, vu l’alignement des trois soleils, l’heure du repas à n’ne point douter.
D’un revers de manche, j’essuyais mon visage trempé de sueur. En plus de l’odeur, l’atmosphère même était lourde et oppressante. Saloperie de cambrousse ! Saloperie de machine ! Et surtout…
« Saloperie de vieux fou ! » beuglais-je comme seul au monde avant de me reprendre en pestant un coup.
L’hoverboard hors d’état, je me devais de me sortir de ce pétrin, d’éviter ces pauvres sous-évolués. Rien que les savoir si proche de moi me filait la nausée. A moins que ça ne soit l’ambiance de la mine. Le roulement, ce tintement régulier qui vrillait vos nerfs. Avant de m’écrouler, je pris à droite au premier croisement que je trouvais.
Un point de repère, je me devais d’en trouver un.
Une fois trouvé, ça ne devait pas bien être compliqué de se diriger, après tout j’avais déjà étudié diverses cartes concernant des champs de plébéiens, ça ne devait guère en déroger.
Pensais-je.
J’eus beau me diriger suivant les plans dont je me souvenais, je tournais inlassablement en rond. Ou plutôt, je me m’étais perdu comme dans un véritable labyrinthe, les marques que je m’étais laissé, complètement disparues de mon champ de vision.
Et ce roulement, léger, précis, régulier, pénétrant. Toujours ce roulement.
Peut-être même avais-je descendu un ou plusieurs étages, m’enfonçant sous terre. Ma sueur perlait à grosses gouttes, roulant sur mon front, rafraichissant à peine la fièvre que je sentais monter.
Ce champ n’était au final qu’un enclos à rendre fou ! Epuisé, affamé, mon ventre criant famine et ce bruit lancinant qui me filait la nausée… Je pouvais sentir la fièvre monter, la salive s’entasser, épaisse et gluante dans ma bouche. Je n’avais même pas le courage de la ravaler et peut-être finirait-elle-même pas dégouliner, me faisant baver tel un chien. Mais je n’eu pas vraiment le loisir de m’épancher sur mon sort que je fus plaqué contre un mur, une dague ou ce qui y ressemblait.
Un hoquet, et je me surpris à cracher sans retenu sur mon adversaire qui se dégagea en lançant un juron. A peine pus-je comprendre ce que l’inconnu marmonnait que je sombrais dans les ténèbres.
Je me réveillais, pâteux, un peu groggy mais surtout, poisseux. Mes cheveux étaient collants et agglutinés en petit amas compact et durs. Pouah ! J’avais du m’effondrer dans… Avec un rictus écœuré, je me relevais, observant la pièce. Rectiligne, droite, rigide et parfaitement impersonnelle. Pire encore, j’étais nu dans des draps rêches et malodorants. Je les jetais bien loin avec dédain, un geste que je regrettais aussitôt en voyant la porte s’ouvrir sur ce qui semblait être une femme. Piteusement, je ramenais mes mains entre mes jambes, elle-même remontées à la hâte contre moi pour me couvrir.
Un rictus illumina son visage, moqueuse.
« Peuh ! Ya rien à cacher ! Si tu crois que voir un Diurne le cul à l’air ça me fait quelque chose… » De son air nonchalant et agaçant, elle s’avança posant froidement le plateau à côté de moi. « Et puis, j’ai déjà tout vu. Qui t’as retiré tes guenilles à ton avis ? »
Je rougis de colère, mais ne répondit pas, la toisant avec hargne. Pour qui se prenait-elle cette Reptilienne ? A qui pensait-elle… Oh oui, peut-être valait-il mieux taire ce petit détail. A son regard, je compris bien vite qu’il n’était nul besoin de le cacher, ni même de m’en vanter. Elle savait très bien à qui elle parlait, ou du moins, à la caste globale à laquelle j’appartenais et elle n’en faisait cas.
« Manges avant de me vomir de la bile dessus une nouvelle fois. »
Silence.
J’aurais bien voulu lui répondre, mais ma gorge ne semblait trop vouloir me répondre, bien moins que mon ventre qui se fit entendre à ma place, ce qui la fit rire grassement. Honteux, je me détournais, lui montrant mon dos pour manger. C’était froid, infâme, comme manger une pâté animale. Je l’avalais néanmoins.
Après cela, elle me saisi par le bras, mes mains toujours fermement serrée sur mon entre-jambe. Autour de moi, je les voyais tous sourire, rire cacher, ils se moquaient les bougres. Elle ne me le lâcha qu’une fois dans ce qui se révéla être les douches, mixtes visiblement. D’autres Réptiliens, et quelques… Diurnes ? se lavaient savamment, badinant avant de se tourner vers moi. Quelques secondes, avant de m’ignorer complètement. Enfin pas tout à fait. Me voir courbé, recroquevillé pour me couvrir, les faisait rire. La pudeur ou l’espace personnel ici ne semblait trop leur parler.
Une main vint me taper brusquement le dos, m’arrachant un hoquet et me coupant le souffle. Un Reptilien, à la stature large et imposante était venu à ma rencontre. A comparaison, j’avais l’impression de retourner en enfance, de n’être qu’un petit garçon.
« Bin alors ! Faut pas avoir honte ! T’inqu’ètes don’ pas va, la plupart des Diurnes qu’atterrissent ici sont comme toi au début ! Tout pleutre, tout timidou de leur petite saucisse ! Ahahahahaha ! Comme si ça avait de l’importance ici ! »
Il me sourit, m’offrit une autre accolade avant de me laisser me laver. Dehors la Réptilienne, m’attendait avec des changes.
Ils étaient étranges. Au-delà de leurs mœurs libérés, ou du moins ce que je pensais l’être, ils m’accueillirent comme l’un des leurs, malgré ma race, malgré mon statut. Enfin, mon statut, seule Vallah, celle qui m’avait dénudé, le connaissait. Mais tous savait que l’hoverboard, c’était moi, et pourtant, ils n’avaient jamais vraiment cherché à savoir plus.
Je me laissais peu à peu conquérir par leurs sourires joviaux, leur voix bourrue mais tendre et cette franche camaraderie que l’esclavage n’avait fait semble-t-il qu’attiser au lieu de l’éteindre. Bien sur, des rixes éclataient souvent entre divers dominants, mais les clans semblaient s’entendre paisiblement hors de ces quelques cas. D’abord réticent et emprunt de dégout, j’étais à présent membre de leurs troupes. J’avais fini par rejoindre le clan de Vallah, dont Orvarrh était le chef. Celui-là même qui m’avait flanqué la frousse dans les douches au premier jour.
Le travail manuel dur, la chaleur, le bruit… Tout cela avait eu beau être pénible, mon corps s’était forgé, endurci, ainsi que moi-même. Je m’étais hissé, sans grande surprise, plus haut dans leur hiérarchie et celle des Diurnes dirigeants. Intelligent plus que féroce, je m’étais octroyé une place de choix, me permettant de leur offrir plus de répit en contre partie.
J’appris, quelques temps plus tard que le roi avait été renversé, sa tête suspendue et son sang étalé sur les tours, teintant le métal blanc.
Avait-il voulu me protéger en m’exilant, ou bien était-ce un simple coup du sort ? On pouvait dire que j’étais un véritable fils de pute à ce niveau.
Mais je ne m’en plains pas.
Libéré, délivré, tout comme mes camarades, nous sortîmes des mines, profitant enfin de l’air frais et du monde qui nous tendait les bras. Pour ma part, je ne regrettais nullement celui que j’avais abandonné. Je me voyais renaître à l’instar de mes compagnons.
D’un revers de manche, j’essuyais mon visage trempé de sueur. En plus de l’odeur, l’atmosphère même était lourde et oppressante. Saloperie de cambrousse ! Saloperie de machine ! Et surtout…
« Saloperie de vieux fou ! » beuglais-je comme seul au monde avant de me reprendre en pestant un coup.
L’hoverboard hors d’état, je me devais de me sortir de ce pétrin, d’éviter ces pauvres sous-évolués. Rien que les savoir si proche de moi me filait la nausée. A moins que ça ne soit l’ambiance de la mine. Le roulement, ce tintement régulier qui vrillait vos nerfs. Avant de m’écrouler, je pris à droite au premier croisement que je trouvais.
Un point de repère, je me devais d’en trouver un.
Une fois trouvé, ça ne devait pas bien être compliqué de se diriger, après tout j’avais déjà étudié diverses cartes concernant des champs de plébéiens, ça ne devait guère en déroger.
Pensais-je.
J’eus beau me diriger suivant les plans dont je me souvenais, je tournais inlassablement en rond. Ou plutôt, je me m’étais perdu comme dans un véritable labyrinthe, les marques que je m’étais laissé, complètement disparues de mon champ de vision.
Et ce roulement, léger, précis, régulier, pénétrant. Toujours ce roulement.
Peut-être même avais-je descendu un ou plusieurs étages, m’enfonçant sous terre. Ma sueur perlait à grosses gouttes, roulant sur mon front, rafraichissant à peine la fièvre que je sentais monter.
Ce champ n’était au final qu’un enclos à rendre fou ! Epuisé, affamé, mon ventre criant famine et ce bruit lancinant qui me filait la nausée… Je pouvais sentir la fièvre monter, la salive s’entasser, épaisse et gluante dans ma bouche. Je n’avais même pas le courage de la ravaler et peut-être finirait-elle-même pas dégouliner, me faisant baver tel un chien. Mais je n’eu pas vraiment le loisir de m’épancher sur mon sort que je fus plaqué contre un mur, une dague ou ce qui y ressemblait.
Un hoquet, et je me surpris à cracher sans retenu sur mon adversaire qui se dégagea en lançant un juron. A peine pus-je comprendre ce que l’inconnu marmonnait que je sombrais dans les ténèbres.
Je me réveillais, pâteux, un peu groggy mais surtout, poisseux. Mes cheveux étaient collants et agglutinés en petit amas compact et durs. Pouah ! J’avais du m’effondrer dans… Avec un rictus écœuré, je me relevais, observant la pièce. Rectiligne, droite, rigide et parfaitement impersonnelle. Pire encore, j’étais nu dans des draps rêches et malodorants. Je les jetais bien loin avec dédain, un geste que je regrettais aussitôt en voyant la porte s’ouvrir sur ce qui semblait être une femme. Piteusement, je ramenais mes mains entre mes jambes, elle-même remontées à la hâte contre moi pour me couvrir.
Un rictus illumina son visage, moqueuse.
« Peuh ! Ya rien à cacher ! Si tu crois que voir un Diurne le cul à l’air ça me fait quelque chose… » De son air nonchalant et agaçant, elle s’avança posant froidement le plateau à côté de moi. « Et puis, j’ai déjà tout vu. Qui t’as retiré tes guenilles à ton avis ? »
Je rougis de colère, mais ne répondit pas, la toisant avec hargne. Pour qui se prenait-elle cette Reptilienne ? A qui pensait-elle… Oh oui, peut-être valait-il mieux taire ce petit détail. A son regard, je compris bien vite qu’il n’était nul besoin de le cacher, ni même de m’en vanter. Elle savait très bien à qui elle parlait, ou du moins, à la caste globale à laquelle j’appartenais et elle n’en faisait cas.
« Manges avant de me vomir de la bile dessus une nouvelle fois. »
Silence.
J’aurais bien voulu lui répondre, mais ma gorge ne semblait trop vouloir me répondre, bien moins que mon ventre qui se fit entendre à ma place, ce qui la fit rire grassement. Honteux, je me détournais, lui montrant mon dos pour manger. C’était froid, infâme, comme manger une pâté animale. Je l’avalais néanmoins.
Après cela, elle me saisi par le bras, mes mains toujours fermement serrée sur mon entre-jambe. Autour de moi, je les voyais tous sourire, rire cacher, ils se moquaient les bougres. Elle ne me le lâcha qu’une fois dans ce qui se révéla être les douches, mixtes visiblement. D’autres Réptiliens, et quelques… Diurnes ? se lavaient savamment, badinant avant de se tourner vers moi. Quelques secondes, avant de m’ignorer complètement. Enfin pas tout à fait. Me voir courbé, recroquevillé pour me couvrir, les faisait rire. La pudeur ou l’espace personnel ici ne semblait trop leur parler.
Une main vint me taper brusquement le dos, m’arrachant un hoquet et me coupant le souffle. Un Reptilien, à la stature large et imposante était venu à ma rencontre. A comparaison, j’avais l’impression de retourner en enfance, de n’être qu’un petit garçon.
« Bin alors ! Faut pas avoir honte ! T’inqu’ètes don’ pas va, la plupart des Diurnes qu’atterrissent ici sont comme toi au début ! Tout pleutre, tout timidou de leur petite saucisse ! Ahahahahaha ! Comme si ça avait de l’importance ici ! »
Il me sourit, m’offrit une autre accolade avant de me laisser me laver. Dehors la Réptilienne, m’attendait avec des changes.
Ils étaient étranges. Au-delà de leurs mœurs libérés, ou du moins ce que je pensais l’être, ils m’accueillirent comme l’un des leurs, malgré ma race, malgré mon statut. Enfin, mon statut, seule Vallah, celle qui m’avait dénudé, le connaissait. Mais tous savait que l’hoverboard, c’était moi, et pourtant, ils n’avaient jamais vraiment cherché à savoir plus.
Je me laissais peu à peu conquérir par leurs sourires joviaux, leur voix bourrue mais tendre et cette franche camaraderie que l’esclavage n’avait fait semble-t-il qu’attiser au lieu de l’éteindre. Bien sur, des rixes éclataient souvent entre divers dominants, mais les clans semblaient s’entendre paisiblement hors de ces quelques cas. D’abord réticent et emprunt de dégout, j’étais à présent membre de leurs troupes. J’avais fini par rejoindre le clan de Vallah, dont Orvarrh était le chef. Celui-là même qui m’avait flanqué la frousse dans les douches au premier jour.
Le travail manuel dur, la chaleur, le bruit… Tout cela avait eu beau être pénible, mon corps s’était forgé, endurci, ainsi que moi-même. Je m’étais hissé, sans grande surprise, plus haut dans leur hiérarchie et celle des Diurnes dirigeants. Intelligent plus que féroce, je m’étais octroyé une place de choix, me permettant de leur offrir plus de répit en contre partie.
J’appris, quelques temps plus tard que le roi avait été renversé, sa tête suspendue et son sang étalé sur les tours, teintant le métal blanc.
Avait-il voulu me protéger en m’exilant, ou bien était-ce un simple coup du sort ? On pouvait dire que j’étais un véritable fils de pute à ce niveau.
Mais je ne m’en plains pas.
Libéré, délivré, tout comme mes camarades, nous sortîmes des mines, profitant enfin de l’air frais et du monde qui nous tendait les bras. Pour ma part, je ne regrettais nullement celui que j’avais abandonné. Je me voyais renaître à l’instar de mes compagnons.
Texte du 28.01.2016
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Dans les steppes arides et gelées se conte une vieille légende transmise entre les tribus nomades qui y vivent.
Triste et douce, venez près de moi mes enfants que je vous en fasse le récit dès maintenant.
Il y a de cela des lunes et des lunes, quand les bêtes peuplaient encore nos prairies desséchées et que les hommes les chassaient sans vergogne. Quand leur monde dominait le notre et que l’ignorance volait notre regard… Et que la magie, existait encore. Ere du mystère et de l’insondable, vivait une ourse. Douce et tendre, elle chérissait sa progéniture au pelage du blanc le plus pur.
Eloignée des hommes, bénie par le climat, sa vie s’en trouvait calme et reposante.
Pourtant, un jour, des enfants un peu trop aventureux s’approchèrent de territoire de l’ourse. Au début surprise, la bête resta calme et sereine, les laissant l’approcher. Les jeunes des deux espèces jouèrent ensemble, sous le regard paisible de la mère. Elle vint même, plus tard dans la journée, réchauffer les petits humains, les laissant dormir dans son giron.
Douce et paisible était la scène et, quand la nuit tomba, les enfants repartirent à la hâte.
Plusieurs jours durant l’évènement se reproduisit, les jeunes humains se lièrent aux oursons dans une entente quasi mystique tant cela semblait improbable. Mais l’innocence ouvre bien des portes que la maturité scelle à jamais.
Cette jeunesse émerveillée ouvrait une nouvelle voix entre hommes et bêtes, malheureusement, tous ne furent pas de cette oreille.
Une nuit, rentrant au village, les enfants, questionnés par leurs ainés, contèrent leurs escapades en détail. L’ourse, les petits, les siestes, les lèchements maternelles de la mère.
Jugeant ceci comme de mauvais augures, présageant les actions d’une quelconque sorcellerie néfaste, tous prirent harpons, arcs et fourches pour partir à la chasse au monstre.
Paisible, elle attendait patiemment les jeunes enfants alors que sa progénitures jouait, inconsciente du danger qui se ruait vers eux. Un cri. L’un des petits venaient d’être touché, son sang se déversait sur la neige immaculée la faisant fondre en une marre rougeâtre par le liquide visqueux et chaud qui s’y versait. Un grondement sourd s’en suivit, plus loin, la mère venait de se lever et se ruait vers la chaire de sa chaire, menaçante. Les autres petits accourraient aussi dans sa direction, terrorisés, geignant et couinant alors qu’une salve de flèche pleuvait sur eux. Un autre fut touché. Ralentit, au sol, son petit corps fut bientôt maculé d’un écarlate sombre. Son frère, ensanglanté se fit trancher la gorge avant même que sa mère ait pu l’atteindre pour le protéger.
Une complainte amère s’éleva du poitrail de l’ourse, misère et désespoir la submergeant quand une flèche vint se planter dans sa cuisse et un harpon devant ses pattes. Son attention se reporta sur les hommes, ses bêtes voraces et menaçantes. Mourir, elle s’en moquait, elle avait déjà perdu tout ce qu’elle aimait et, alors que sa patte s’écrasait sur l’un des assaillant, elle vit, au loin, l’un des enfants qui avait égayé les semaines précédentes. Non loin de regarder avec plaisir, il se débattait, en larmes, cherchant à se dégager de la poigne de ses pairs, secourir ses amis de jeux. Il se débattit si fort que, maintenu comme il l’était, son épaule se démis et le fit hurler de douleur.
Rugissant, l’ourse accouru vers lui, bravant flèche, lances et autres pointes pour arracher l’enfant au monstre qui le brisait. Les vêtements dans sa gueule, elle le portait sans délicatesse, fuyant les créatures horribles qui peuplaient ces plaines.
L’enfant sur le dos, la fatigue, les blessures, le sang qui coulait des plaies du jeune humain teintait son pelage, tous deux s’écroulèrent, attendant la mort l’un contre l’autre. Si la tristesse animait le petit homme, c’était la rancœur qui habitait l’animal sauvage.
Alors que la vie allait quitter leur corps, une lumière chaude et réconfortante les souleva. Un miracle s’effectua, les anciens ayant surement entendu leurs lamentations. Dans les lumières boréales, leur corps transmutèrent et muèrent avant d’être reposés au sol.
Doucement, une jeune femme aux cheveux ébène, à la robe d’un rouge vermeille et au manteau d’un blanc étincelant se tenait debout au milieu de la neige, insensible au froid. A son épaule, un petit oiseau boisé, chétif et timide, au pépiement mélodieux. La femme sourit, tendre et impénétrable. Elle caressa doucement l’oiseau, affectueuse, avant de commencer sa longue route dans l’étendue silencieuse.
Elle finit bientôt par atteindre le village abritant les enfants, et surtout les tueurs, ces monstres à deux pattes qui avait exterminés sans remords des êtres innocents.
Elégante, calme, elle fut accueillie en grande pompe, les villageois festoyant leur victoire contre la bête, des fourrures claires étendues fièrement telle des trophées. La femme sourcilla, attristée par un tel spectacle, mais garda sa contenance, son attention allant bien plus aux enfants qu’aux adultes qui la laissèrent les amuser sans la moindre once de crainte.
Assise, au milieu d’une tente, entourée des enfants, un feu léger réchauffant la pièce, elle leur conta moult histoires, les fit voyager par delà les steppes et les montagnes, voir un nouveau monde. Cela rassura les villageois, heureux d’une telle présence.
Mais le matin du septième jour, tous avaient disparus, ne laissant derrière eux qu’une plume beige et un duvet de fourrure blanche.
L’ourse avait eu sa vengeance. Un œil pour un œil, un enfant pour un enfant.
Au loin, dans les plaines, elle s’en était reparties, suivit des enfants, pour un monde de jeux et de féeries, loin de la folie de leurs ainés.
Personne ne sait ce qu’il advient des enfants là-bas. Grandissent-ils ? Restent-ils jeunes éternellement ?
On raconte même qu’ils vivent tous dans une tanière immense, creusée dans la roche de la plus haute montagne et que là-bas, redevenue ourse et l’oiseau enfant, ils ne subissent plus ni la faim, ni le froid et que chaque jour est joie.
C’est pour cela que l’on raconte de toujours se méfier de la femme à la fourrure lunaire.
Mais je vais vous dire, moi je sais. Je sais la vérité et où se trouve cette tanière mystique aux mille et une merveilles. Plus loin, loin dans le nord, elle se cache, dissimuler par les aurores boréales et les vents épais. Mais elle s’y trouve.
Venez, suivez-moi, je vais vous montrer, le chemin vers l’ourse et son oiseau des iles.
Triste et douce, venez près de moi mes enfants que je vous en fasse le récit dès maintenant.
Il y a de cela des lunes et des lunes, quand les bêtes peuplaient encore nos prairies desséchées et que les hommes les chassaient sans vergogne. Quand leur monde dominait le notre et que l’ignorance volait notre regard… Et que la magie, existait encore. Ere du mystère et de l’insondable, vivait une ourse. Douce et tendre, elle chérissait sa progéniture au pelage du blanc le plus pur.
Eloignée des hommes, bénie par le climat, sa vie s’en trouvait calme et reposante.
Pourtant, un jour, des enfants un peu trop aventureux s’approchèrent de territoire de l’ourse. Au début surprise, la bête resta calme et sereine, les laissant l’approcher. Les jeunes des deux espèces jouèrent ensemble, sous le regard paisible de la mère. Elle vint même, plus tard dans la journée, réchauffer les petits humains, les laissant dormir dans son giron.
Douce et paisible était la scène et, quand la nuit tomba, les enfants repartirent à la hâte.
Plusieurs jours durant l’évènement se reproduisit, les jeunes humains se lièrent aux oursons dans une entente quasi mystique tant cela semblait improbable. Mais l’innocence ouvre bien des portes que la maturité scelle à jamais.
Cette jeunesse émerveillée ouvrait une nouvelle voix entre hommes et bêtes, malheureusement, tous ne furent pas de cette oreille.
Une nuit, rentrant au village, les enfants, questionnés par leurs ainés, contèrent leurs escapades en détail. L’ourse, les petits, les siestes, les lèchements maternelles de la mère.
Jugeant ceci comme de mauvais augures, présageant les actions d’une quelconque sorcellerie néfaste, tous prirent harpons, arcs et fourches pour partir à la chasse au monstre.
Paisible, elle attendait patiemment les jeunes enfants alors que sa progénitures jouait, inconsciente du danger qui se ruait vers eux. Un cri. L’un des petits venaient d’être touché, son sang se déversait sur la neige immaculée la faisant fondre en une marre rougeâtre par le liquide visqueux et chaud qui s’y versait. Un grondement sourd s’en suivit, plus loin, la mère venait de se lever et se ruait vers la chaire de sa chaire, menaçante. Les autres petits accourraient aussi dans sa direction, terrorisés, geignant et couinant alors qu’une salve de flèche pleuvait sur eux. Un autre fut touché. Ralentit, au sol, son petit corps fut bientôt maculé d’un écarlate sombre. Son frère, ensanglanté se fit trancher la gorge avant même que sa mère ait pu l’atteindre pour le protéger.
Une complainte amère s’éleva du poitrail de l’ourse, misère et désespoir la submergeant quand une flèche vint se planter dans sa cuisse et un harpon devant ses pattes. Son attention se reporta sur les hommes, ses bêtes voraces et menaçantes. Mourir, elle s’en moquait, elle avait déjà perdu tout ce qu’elle aimait et, alors que sa patte s’écrasait sur l’un des assaillant, elle vit, au loin, l’un des enfants qui avait égayé les semaines précédentes. Non loin de regarder avec plaisir, il se débattait, en larmes, cherchant à se dégager de la poigne de ses pairs, secourir ses amis de jeux. Il se débattit si fort que, maintenu comme il l’était, son épaule se démis et le fit hurler de douleur.
Rugissant, l’ourse accouru vers lui, bravant flèche, lances et autres pointes pour arracher l’enfant au monstre qui le brisait. Les vêtements dans sa gueule, elle le portait sans délicatesse, fuyant les créatures horribles qui peuplaient ces plaines.
L’enfant sur le dos, la fatigue, les blessures, le sang qui coulait des plaies du jeune humain teintait son pelage, tous deux s’écroulèrent, attendant la mort l’un contre l’autre. Si la tristesse animait le petit homme, c’était la rancœur qui habitait l’animal sauvage.
Alors que la vie allait quitter leur corps, une lumière chaude et réconfortante les souleva. Un miracle s’effectua, les anciens ayant surement entendu leurs lamentations. Dans les lumières boréales, leur corps transmutèrent et muèrent avant d’être reposés au sol.
Doucement, une jeune femme aux cheveux ébène, à la robe d’un rouge vermeille et au manteau d’un blanc étincelant se tenait debout au milieu de la neige, insensible au froid. A son épaule, un petit oiseau boisé, chétif et timide, au pépiement mélodieux. La femme sourit, tendre et impénétrable. Elle caressa doucement l’oiseau, affectueuse, avant de commencer sa longue route dans l’étendue silencieuse.
Elle finit bientôt par atteindre le village abritant les enfants, et surtout les tueurs, ces monstres à deux pattes qui avait exterminés sans remords des êtres innocents.
Elégante, calme, elle fut accueillie en grande pompe, les villageois festoyant leur victoire contre la bête, des fourrures claires étendues fièrement telle des trophées. La femme sourcilla, attristée par un tel spectacle, mais garda sa contenance, son attention allant bien plus aux enfants qu’aux adultes qui la laissèrent les amuser sans la moindre once de crainte.
Assise, au milieu d’une tente, entourée des enfants, un feu léger réchauffant la pièce, elle leur conta moult histoires, les fit voyager par delà les steppes et les montagnes, voir un nouveau monde. Cela rassura les villageois, heureux d’une telle présence.
Mais le matin du septième jour, tous avaient disparus, ne laissant derrière eux qu’une plume beige et un duvet de fourrure blanche.
L’ourse avait eu sa vengeance. Un œil pour un œil, un enfant pour un enfant.
Au loin, dans les plaines, elle s’en était reparties, suivit des enfants, pour un monde de jeux et de féeries, loin de la folie de leurs ainés.
Personne ne sait ce qu’il advient des enfants là-bas. Grandissent-ils ? Restent-ils jeunes éternellement ?
On raconte même qu’ils vivent tous dans une tanière immense, creusée dans la roche de la plus haute montagne et que là-bas, redevenue ourse et l’oiseau enfant, ils ne subissent plus ni la faim, ni le froid et que chaque jour est joie.
C’est pour cela que l’on raconte de toujours se méfier de la femme à la fourrure lunaire.
Mais je vais vous dire, moi je sais. Je sais la vérité et où se trouve cette tanière mystique aux mille et une merveilles. Plus loin, loin dans le nord, elle se cache, dissimuler par les aurores boréales et les vents épais. Mais elle s’y trouve.
Venez, suivez-moi, je vais vous montrer, le chemin vers l’ourse et son oiseau des iles.
Texte du 04.02.2016
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Tout ça ce sera leur faute, comme souvent. Le point de tout cela, tu le connaitras : cette stupide journée d’hiver où ils t’auront attachés et emmenés. Si seulement le gros aurais pu alors te tuer au lieu de simplement t’assommer, mais non, le sort en aura décidé autrement.
Tout cela marquera le début de la fin pour toi. Enrôlée de force, obligée de les côtoyer, des bains, le contact humain… Le pire, tu finiras par fondre de l’intérieur, apprécier leur compagnie. Et même, t’accoquiner avec eux.
L’idiote, tu le sauras pourtant où ces idioties te mèneront. A ta perte, voilà !
Alors pourquoi avoir continué ? Pourquoi avoir accepté ce carcan, la fuite, tu connais pourtant.
Comme te lavant le cerveau, tu te joindras à eux, brisant tes barrières petit à petit. Tu finiras même par accepter le verre offert à un bar par l’un d’eux. Le même qui t’auras pourtant attaqué en premier. Un autre se mettra quant à lui à chanter pour toi. Et, le temps aidant, ils seront pour toi comme des frères, des amis indispensables. Tu seras heureuse. Ô ça oui, tu ne peux t’imaginer à quel point.
Un indiscret peu discret finira même pas découvrir ton secret et toi, te confier.
Te confier ?! Vraiment ?! Quelle gourde tu auras fait, vraiment…
Mais ce n’est pas grave, tout cela sera bientôt fini pas vrai ?
Partis ensemble pour une mission, tout s’annoncera calme, paisible. Au loin, la lune sera haute, le chemin éclairé d’une douce lumière nocturne, rendant votre route destinée et auréolée. Les chants discrets du nain se feront entendre à l’arrière. Votre équipée s’arrêtera soudain, un bruit non loin attirant l’attention du semi-elfe. Tous s’arrêteront, sauf toi qui, curieuse comme à ton habitude tu leur feras signe et t’avancera telle une éclaireuse afin de dégager le chemin.
Grossière erreur de ta part.
Un dragon sortant de sa torpeur t’accueillera, tranchant ta chair comme un vulgaire tas de chiffons. Dans un cri déchirant, tu réussiras à peine à les prévenir. Trop tard, ton compagnon se sera déjà rué à ta suite, hurlant avec hargne et rage en voyant ton corps ensanglanté, ta respiration difficile.
D’un geste faible du bras tu tenteras de l’arrêter, de l’empêcher de se jeter à la mort. Malgré sa pratique expérimentée du combat, il n’aurait jamais fait le poids seul contre une telle bête.
Les larmes couleront sur tes joues alors que, la voix étranglée, tu tenteras désespérément de le faire partir, sauver au moins sa vie. Ta vue se troublera, le froid t’enveloppera, seuls des bruits éloignées de pas, de cris apeurés, de bois cassés, de roche brisés et bientôt de lame contre celle-ci. S’ensuivront d’autre grognement sourds, des râles plaintifs et des gémissements de douleurs.
Mais tout cela n’aura plu d’importance, après tout, même ses sons disparaitront à tes oreilles et seule la torpeur semblera t’envelopper alors que la pureté blanche t’aveuglera.Cliquez ici pour modifier.
Tout cela marquera le début de la fin pour toi. Enrôlée de force, obligée de les côtoyer, des bains, le contact humain… Le pire, tu finiras par fondre de l’intérieur, apprécier leur compagnie. Et même, t’accoquiner avec eux.
L’idiote, tu le sauras pourtant où ces idioties te mèneront. A ta perte, voilà !
Alors pourquoi avoir continué ? Pourquoi avoir accepté ce carcan, la fuite, tu connais pourtant.
Comme te lavant le cerveau, tu te joindras à eux, brisant tes barrières petit à petit. Tu finiras même par accepter le verre offert à un bar par l’un d’eux. Le même qui t’auras pourtant attaqué en premier. Un autre se mettra quant à lui à chanter pour toi. Et, le temps aidant, ils seront pour toi comme des frères, des amis indispensables. Tu seras heureuse. Ô ça oui, tu ne peux t’imaginer à quel point.
Un indiscret peu discret finira même pas découvrir ton secret et toi, te confier.
Te confier ?! Vraiment ?! Quelle gourde tu auras fait, vraiment…
Mais ce n’est pas grave, tout cela sera bientôt fini pas vrai ?
Partis ensemble pour une mission, tout s’annoncera calme, paisible. Au loin, la lune sera haute, le chemin éclairé d’une douce lumière nocturne, rendant votre route destinée et auréolée. Les chants discrets du nain se feront entendre à l’arrière. Votre équipée s’arrêtera soudain, un bruit non loin attirant l’attention du semi-elfe. Tous s’arrêteront, sauf toi qui, curieuse comme à ton habitude tu leur feras signe et t’avancera telle une éclaireuse afin de dégager le chemin.
Grossière erreur de ta part.
Un dragon sortant de sa torpeur t’accueillera, tranchant ta chair comme un vulgaire tas de chiffons. Dans un cri déchirant, tu réussiras à peine à les prévenir. Trop tard, ton compagnon se sera déjà rué à ta suite, hurlant avec hargne et rage en voyant ton corps ensanglanté, ta respiration difficile.
D’un geste faible du bras tu tenteras de l’arrêter, de l’empêcher de se jeter à la mort. Malgré sa pratique expérimentée du combat, il n’aurait jamais fait le poids seul contre une telle bête.
Les larmes couleront sur tes joues alors que, la voix étranglée, tu tenteras désespérément de le faire partir, sauver au moins sa vie. Ta vue se troublera, le froid t’enveloppera, seuls des bruits éloignées de pas, de cris apeurés, de bois cassés, de roche brisés et bientôt de lame contre celle-ci. S’ensuivront d’autre grognement sourds, des râles plaintifs et des gémissements de douleurs.
Mais tout cela n’aura plu d’importance, après tout, même ses sons disparaitront à tes oreilles et seule la torpeur semblera t’envelopper alors que la pureté blanche t’aveuglera.Cliquez ici pour modifier.
Texte du 18.02.2016
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Seule, exclue, loin de tout, je n’aurais jamais pu imaginer un monde pareil, un monde où je pourrais me tenir là, tête haute, avec assurance. Qui l’eut cru hein ?!
Dire que tout cela… non. Oserais-je ? Peut-être…
Oui, allez.
J’avais écumé douleurs, expériences amères et brisantes. Mon cœur comme mon corps se remettaient lentement, pansant avec chagrins mes plaies encore ouvertes. Pourtant je ne cessais d’espérer, attendre quelque part une porte, une ouverture vers une fin plus lumineuse pour moi.
Frappée, poussée, acculée, la lutte m’épuisait. Ma voix, mutée sans vergogne ni soin, je me terrais dans l’attente d’une fin douloureuse, tremblante.
Finalement, le destin m’aida, ou le temps. Ou alors un peu des deux.
Il apparu devant moi, et si ses gestes étaient parfois brusques, bourrus et peu délicats, toujours ses mots étaient tendres. Derrière ses apparences un peu rustres, je pouvais sentir son affection et sa douceur. Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais de violence ni de coups.
Si son allure pouvait le faire croire monstre, la bête n’était qu’en apparence et l’agneau se révélait sous le poil hirsute.
Je lui dois tant et toujours il est à mes côtés et toujours je serais à côté des siens car après tout, la seule volonté libre peut engager et jamais la contrainte.
Dire que tout cela… non. Oserais-je ? Peut-être…
Oui, allez.
J’avais écumé douleurs, expériences amères et brisantes. Mon cœur comme mon corps se remettaient lentement, pansant avec chagrins mes plaies encore ouvertes. Pourtant je ne cessais d’espérer, attendre quelque part une porte, une ouverture vers une fin plus lumineuse pour moi.
Frappée, poussée, acculée, la lutte m’épuisait. Ma voix, mutée sans vergogne ni soin, je me terrais dans l’attente d’une fin douloureuse, tremblante.
Finalement, le destin m’aida, ou le temps. Ou alors un peu des deux.
Il apparu devant moi, et si ses gestes étaient parfois brusques, bourrus et peu délicats, toujours ses mots étaient tendres. Derrière ses apparences un peu rustres, je pouvais sentir son affection et sa douceur. Jamais un mot plus haut que l’autre, jamais de violence ni de coups.
Si son allure pouvait le faire croire monstre, la bête n’était qu’en apparence et l’agneau se révélait sous le poil hirsute.
Je lui dois tant et toujours il est à mes côtés et toujours je serais à côté des siens car après tout, la seule volonté libre peut engager et jamais la contrainte.
Texte du 10.03.2016
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Bientôt un mois depuis qu’elle avait brisé un mur et été enlevée. Hrm, invitée cordialement par Lord Caleb Shanaghan Henan, son hôte de marque qui lui passait le moindre caprice, affrontait sans ciller ses sautes d’humeurs et les fracas qui s’en suivaient. Finalement, Elys s’était résignée à contrecœur, refusant cependant toujours de porter leurs tenues étriquées et pleines de fanfreluches.Aux dernières nouvelles, l’énième tentative de lui faire changer de guenilles, celles qu’elle porte depuis son arrivée commençant à sentir la charogne rance, la jeune femme avait arpentée et couru à travers les couloirs en chemise déchirées et raccourcie par ses soins, laissant même entrevoir un bout de ses seins. Horreur, elle avait même fait irruption dans le bureau de monsieur alors même qu’il était en plein rendez-vous d’affaire. La fugitive s’était bien vite faufilée par une fenêtre, saluant au passage l’invité commercial sans aucun respect des convenances avant de grimper sur les toits.
Malgré la jeunesse de ses pouvoirs, l’enfant des rues les avait fort bien développés. En particulier dans le but précis de pouvoir fuir, s’esquiver et se soustraire aux mains de ses gouvernantes.
Néanmoins demain aurait lieu la première cérémonie servant à introniser la demoiselle parmi la société et ses confrères, pupille de Lord Caleb. Elle se devait d’avoir une tenue présentable.
Après mains et mains essais, des tenues déchirées et d’autres absolument infermable, un compromis avait été fait. Si elle acceptait de portait un haut couvrant son corps et qui la tenait en toute décence, le bas la laisserait, au plus possible, libre de mouvement. De toute manière, c’était cela, ou Elys se la jouait styliste et raccourcissait les jupons à sa convenance.
Le soir du dit banquet, tous c’était tenus au garde à vous, bien raide, à écouter les élucubrations du vieil homme, les compliments et autres ragots. La jeune « prisonnière » quant à elle, avait écouté d’une oreille, prêtant plus d’attention au piano à la musique lancinante qu’aux déblatérations des invités.
L’ennui montait, la fatigue aussi et avec eux l’envie irrépressible d’animer un peu cette compagnie de morts-vivant. Même le pâté en croûte et les toasts avait plus d’entrain que cette bande de vieux rassis. Et puis… Les regards intéressés ou lubriques –était-ce de la bave qu’elle voyait couler au coin d’une bouche- la déstabilisaient complètement.
Lassée, elle se leva brutalement, passa la tête haute, un petit sourire insondable aux lèvres sous le regard intrigués des invités et plus particulièrement de Lydia qui jouait nonchalamment du piano tout en discutant savamment avec l’un des membres les plus influents de la petites compagnie présente. Elle ne voyait guère d’un bon œil l’attitude de la jeune femme. Ces pauvres n’avaient aucun savoir vivre de toute manière. Il fallait aussi avouer qu’entre les deux jeunes femmes, les relations étaient plus que tendues, mais Elys n’en avait cure et, empoignant le saxophone d’un des musiciens qui glapit sans trop oser se rebeller. Bien qu’elle ne fût qu’une « invitée », ses capacités lui donnait un statut bien supérieur au sien, et qui pouvait prédire ce qu’elle ferait, si l’envie lui prenait, en la contrariant.
Embouchant l’instrument, elle se mit à souffler dedans, un bruit strident fit aussitôt réagir l’assemblée qui se tourna vers l’intéressée sous le regard réprobateur et circonspect de Lydia et Lord Caleb. La rouquine voulu intervenir mais il l’interrompit, somme toute désabusée par les lubies de la jeune écervelée. Continuant son manège, se déplaçant dans la pièce en continuant à souffler dans l’instrument, faisant résonner une musique vive et pétillante dans l’air.
Personne ne bougeait, estomaqué et quelque peu pris au dépourvu par ce changement brutal d’ambiance. Sa consœur soupira avant de reposer ses mains sur le piano, entamant un rythme similaire à celui d’Elys.
Vif. Entrainant. Poussant à la vie et la joie, plutôt qu’au suicide.
La jeune femme continuait à se trémousser, donnant des coups de reins et des œillades enjouées à certains des plus jeunes, attrapant un bras pour faire tournoyer une demoiselle avant de grimper sur une chaise, continuant à faire tonitruer sa musique, à présent suivi par l’orchestre entier. Et pourtant, personne dans la grande salle ne bougeait. Certains osaient tout juste agiter un orteil ou une main tapotait le jupon, mais rien d’autres.
La musique battait à tout rompre, des petits sourire s’esquissaient et pourtant toujours rien. Si Elys s’amusait, dansant sur sa chaise avant de se hisser sur la table, agitant la tête de gauche à droite tout en jouant, se moquant des plats sur les tables, brisant des assiettes, renversant des bols de soupes, personne ne la suivait entièrement dans sa petite fête, bien trop inquiet de ce qui leur arriverait si ils enfreignaient l’avis du maître de soirée.
Malheureusement, à remuer comme elle le faisait, à sauter du sol aux tables, des tables au sol, la jeune femme finie par ripper sur l’une des assiettes juteuses qu’elle avait renversée un peu plus tôt.
Les fesses dans la sauces, les jupons tâchés, la musique s’arrêta brusquement dans un silence de mort, suivit peu après par le rire franc et détendue de l’intéressée. Nullement inquiète ou gênée par la situation. Elle en avait vu de bien pire et puis bon, ça avait été drôle. Mais ce ne fut pas de l’avis du Lord qui, d’un signe de main, la fit embarquer par plusieurs de ses pupilles les mieux battis, sur qu’ils sauraient se dépêtrer avec la besogne qu’elle serait. Le tout, bien sur, sous les jurons mécontent de la pauvresse.
La moitié des mots qui sortirent de sa bouche ne durent même pas être compris par la majorité des gens présents. Les injures et le langage de charretier n’entrant que peu dans leur propre vocabulaire. La porte se referma sur la démone qui avait abandonné la lutte, tirée par les bras tandis que ses pieds trainaient au sol, laissant les autres stoïques face à un saxophone écrasé, un repas saccagé et un diner ruiné.
Malgré la jeunesse de ses pouvoirs, l’enfant des rues les avait fort bien développés. En particulier dans le but précis de pouvoir fuir, s’esquiver et se soustraire aux mains de ses gouvernantes.
Néanmoins demain aurait lieu la première cérémonie servant à introniser la demoiselle parmi la société et ses confrères, pupille de Lord Caleb. Elle se devait d’avoir une tenue présentable.
Après mains et mains essais, des tenues déchirées et d’autres absolument infermable, un compromis avait été fait. Si elle acceptait de portait un haut couvrant son corps et qui la tenait en toute décence, le bas la laisserait, au plus possible, libre de mouvement. De toute manière, c’était cela, ou Elys se la jouait styliste et raccourcissait les jupons à sa convenance.
Le soir du dit banquet, tous c’était tenus au garde à vous, bien raide, à écouter les élucubrations du vieil homme, les compliments et autres ragots. La jeune « prisonnière » quant à elle, avait écouté d’une oreille, prêtant plus d’attention au piano à la musique lancinante qu’aux déblatérations des invités.
L’ennui montait, la fatigue aussi et avec eux l’envie irrépressible d’animer un peu cette compagnie de morts-vivant. Même le pâté en croûte et les toasts avait plus d’entrain que cette bande de vieux rassis. Et puis… Les regards intéressés ou lubriques –était-ce de la bave qu’elle voyait couler au coin d’une bouche- la déstabilisaient complètement.
Lassée, elle se leva brutalement, passa la tête haute, un petit sourire insondable aux lèvres sous le regard intrigués des invités et plus particulièrement de Lydia qui jouait nonchalamment du piano tout en discutant savamment avec l’un des membres les plus influents de la petites compagnie présente. Elle ne voyait guère d’un bon œil l’attitude de la jeune femme. Ces pauvres n’avaient aucun savoir vivre de toute manière. Il fallait aussi avouer qu’entre les deux jeunes femmes, les relations étaient plus que tendues, mais Elys n’en avait cure et, empoignant le saxophone d’un des musiciens qui glapit sans trop oser se rebeller. Bien qu’elle ne fût qu’une « invitée », ses capacités lui donnait un statut bien supérieur au sien, et qui pouvait prédire ce qu’elle ferait, si l’envie lui prenait, en la contrariant.
Embouchant l’instrument, elle se mit à souffler dedans, un bruit strident fit aussitôt réagir l’assemblée qui se tourna vers l’intéressée sous le regard réprobateur et circonspect de Lydia et Lord Caleb. La rouquine voulu intervenir mais il l’interrompit, somme toute désabusée par les lubies de la jeune écervelée. Continuant son manège, se déplaçant dans la pièce en continuant à souffler dans l’instrument, faisant résonner une musique vive et pétillante dans l’air.
Personne ne bougeait, estomaqué et quelque peu pris au dépourvu par ce changement brutal d’ambiance. Sa consœur soupira avant de reposer ses mains sur le piano, entamant un rythme similaire à celui d’Elys.
Vif. Entrainant. Poussant à la vie et la joie, plutôt qu’au suicide.
La jeune femme continuait à se trémousser, donnant des coups de reins et des œillades enjouées à certains des plus jeunes, attrapant un bras pour faire tournoyer une demoiselle avant de grimper sur une chaise, continuant à faire tonitruer sa musique, à présent suivi par l’orchestre entier. Et pourtant, personne dans la grande salle ne bougeait. Certains osaient tout juste agiter un orteil ou une main tapotait le jupon, mais rien d’autres.
La musique battait à tout rompre, des petits sourire s’esquissaient et pourtant toujours rien. Si Elys s’amusait, dansant sur sa chaise avant de se hisser sur la table, agitant la tête de gauche à droite tout en jouant, se moquant des plats sur les tables, brisant des assiettes, renversant des bols de soupes, personne ne la suivait entièrement dans sa petite fête, bien trop inquiet de ce qui leur arriverait si ils enfreignaient l’avis du maître de soirée.
Malheureusement, à remuer comme elle le faisait, à sauter du sol aux tables, des tables au sol, la jeune femme finie par ripper sur l’une des assiettes juteuses qu’elle avait renversée un peu plus tôt.
Les fesses dans la sauces, les jupons tâchés, la musique s’arrêta brusquement dans un silence de mort, suivit peu après par le rire franc et détendue de l’intéressée. Nullement inquiète ou gênée par la situation. Elle en avait vu de bien pire et puis bon, ça avait été drôle. Mais ce ne fut pas de l’avis du Lord qui, d’un signe de main, la fit embarquer par plusieurs de ses pupilles les mieux battis, sur qu’ils sauraient se dépêtrer avec la besogne qu’elle serait. Le tout, bien sur, sous les jurons mécontent de la pauvresse.
La moitié des mots qui sortirent de sa bouche ne durent même pas être compris par la majorité des gens présents. Les injures et le langage de charretier n’entrant que peu dans leur propre vocabulaire. La porte se referma sur la démone qui avait abandonné la lutte, tirée par les bras tandis que ses pieds trainaient au sol, laissant les autres stoïques face à un saxophone écrasé, un repas saccagé et un diner ruiné.
Texte du 17.03.2016
Sur cette musique : https://www.youtube.com/watch?v=Ty6wNt1bdto
Les cheveux en bataille, un collier brisé gisant au sol, la jeune femme continuait de jouer avec les petits à n’en plus soif. Les jumeaux avaient fini par s’endormir au sol, épuisés et repus. Beaucoup des membres de la tribu craignaient encore leur présence. Notamment celle de Gaëlenh qui, pour leurs jeux de chasses se transformait de temps à autres en jaguar. Il perdait alors ses traits fin et enfantin pour une allure musculeuse et puissante, effrayante même aux dires des autres villageois. Un jaguar, dans le village.
Yasô n’y prêtait jamais attention, bien trop occupée à s’amuser avec et puis, dernièrement, quelques jeunes sifaka daignaient s’approcher des jaguars. Peu enclin à leur octroyer la moindre attention, la fratrie féline les laisser faire, de loin. Ce n’était peut-être pas plus mal, le dos de la jeune lémure se souvenait toujours de leur première rencontre. De fines cicatrices zébrant encore sa peau.
Après s’être relevée calmement, elle bailla nonchalante, se grattant côtes et aisselles, reniflant et ouvrit la bouche, pâteuse. Après avoir lorgnés sur les félins, endormis les uns sur les autres ; pauvre Gaëlen qui devait étouffer sous les deux autres, elle se mit debout, cherchant quelques fruits à grignoter. Son geste s’arrêta en percevant une lumière dans le coin de son œil. Un sourire éclaira son visage et sa queue, en position de balancier, s’ébouriffa avant de battre l’air d’excitation. Prestement, la jeune Sifaka se saisit de son arc et de son coutelas qu’elle rangea, ayant enfin prit l’habitude avec les entrainements de ne jamais sortir sans et se mit à suivre la lumière.
Une petite lueur douce, agréable, d’une blancheur presque pure, qui laissait derrière elle une petite aura chaleureuse et reposante. Cela lui rappelait les petits « moi ». Elle sourit.
Souple et discrète, Yasô continuait sa traque silencieuse, cherchant à éviter d’effrayer la présence. Avec les dernières fois, elle s’était mise en tête d’en attraper une. Elle avait beau jouer à « chasse-chasse » avec la fratrie, ou courir après les lumières, elle avait décidé qu’elle finirait par en attraper une. Pas pour tuer. Non. Juste réussir une prouesse, et surement enchainer sur un jeu. Même que Matsuoka serait jaloux comme un pou, bien qu’il semblait s’être découvert des pouvoirs, ce qui rendait la jeune chaman jalouse.
Elle agita la tête férocement, chassant le chasseur de ses pensées, son esprit devait restait concentré. Finalement, la lueur se stoppa, suivit de Yasô. L’avait-elle alerté par son mouvement ? Elle étudia la chose et puis, d’un coup de patte sur la branche, s’élança. Le saut, le vide, l’attente, une sensation d’apesanteur, et la rencontre brusque avec le sol. Ca ne changeait pas grand-chose de son habitude ça par contre. Du reste…
Dans ses mains, callée contre sa poitrine, la petite lueur, chaude et fébrile y tenait lovée, apeurée. Elle avait réussi. Elle-même n’y croyait pas. A vrai dire, elle n’aurait même jamais pensé réussir. Mais avant qu’elle puisse s’extasier plus amplement devant sa réussite, une autre lumière, plus forte encore. Enveloppante, plus brusque et pénétrante la noya dans un éclat.
Hors du monde, du temps, ce qui se passait marquait le rendez-vous avec sa destinée. Une rencontre avec un univers caché et secret dont les frasques devraient noircir le papier et l’histoire rester à jamais inoubliée à travers les âges et le temps. Mais ça elle l’ignorait.
Devant elle, une forme floue se faisait voir, une masse sans bords donc les contours commençaient tout juste à se dessiner. Gigantesque, écrasante, la petite lémurienne ne devait ressembler qu’à un grain en comparaison et pourtant. Approchant lentement la chose, elle n’avait ni peur, ni angoisse, une curiosité l’animait, une envie de savoir aussi et, la main tendue, effleura la surface tremblante de la chose. Dans un éclair de lumière, comme du verre se brise en des milliers de morceaux scintillant, la figure éclata avant de reparaitre une deuxième fois. Plus nette, presque tangible, on aurait dit un monstre par son allure gigantesque, ses poils hirsutes, ses griffes, ses crocs immenses, son allure menaçante, mais au contraire, bien que maitrisés et calmes, ses gestes restaient tendres et délicats. Presque sensible à la jeune fille.
D’une langue inconnue, il semblait passer un pacte avec elle, lier leur destin. Leur avenir, comme leur passé.
Désormais, il l’accompagnerait à jamais, rien ne pourrait les séparer.
Désormais, une nouvelle vie commençait pour la petite chaman.
Revenue, elle se redressa calmement, comme empreinte d’une nouvelle aura, un sourire plus détendu et calme aux lèvres, elle devait partir. Mais pas trop vite, le temps n’avait que peu d’importance, elle devait juste le faire.
Elle repartie en direction de son village, encore toute exaltée à l’idée de l’aventure qui l’attendait, ignorante complètement de ce qu’elle venait de signer.
Yasô n’y prêtait jamais attention, bien trop occupée à s’amuser avec et puis, dernièrement, quelques jeunes sifaka daignaient s’approcher des jaguars. Peu enclin à leur octroyer la moindre attention, la fratrie féline les laisser faire, de loin. Ce n’était peut-être pas plus mal, le dos de la jeune lémure se souvenait toujours de leur première rencontre. De fines cicatrices zébrant encore sa peau.
Après s’être relevée calmement, elle bailla nonchalante, se grattant côtes et aisselles, reniflant et ouvrit la bouche, pâteuse. Après avoir lorgnés sur les félins, endormis les uns sur les autres ; pauvre Gaëlen qui devait étouffer sous les deux autres, elle se mit debout, cherchant quelques fruits à grignoter. Son geste s’arrêta en percevant une lumière dans le coin de son œil. Un sourire éclaira son visage et sa queue, en position de balancier, s’ébouriffa avant de battre l’air d’excitation. Prestement, la jeune Sifaka se saisit de son arc et de son coutelas qu’elle rangea, ayant enfin prit l’habitude avec les entrainements de ne jamais sortir sans et se mit à suivre la lumière.
Une petite lueur douce, agréable, d’une blancheur presque pure, qui laissait derrière elle une petite aura chaleureuse et reposante. Cela lui rappelait les petits « moi ». Elle sourit.
Souple et discrète, Yasô continuait sa traque silencieuse, cherchant à éviter d’effrayer la présence. Avec les dernières fois, elle s’était mise en tête d’en attraper une. Elle avait beau jouer à « chasse-chasse » avec la fratrie, ou courir après les lumières, elle avait décidé qu’elle finirait par en attraper une. Pas pour tuer. Non. Juste réussir une prouesse, et surement enchainer sur un jeu. Même que Matsuoka serait jaloux comme un pou, bien qu’il semblait s’être découvert des pouvoirs, ce qui rendait la jeune chaman jalouse.
Elle agita la tête férocement, chassant le chasseur de ses pensées, son esprit devait restait concentré. Finalement, la lueur se stoppa, suivit de Yasô. L’avait-elle alerté par son mouvement ? Elle étudia la chose et puis, d’un coup de patte sur la branche, s’élança. Le saut, le vide, l’attente, une sensation d’apesanteur, et la rencontre brusque avec le sol. Ca ne changeait pas grand-chose de son habitude ça par contre. Du reste…
Dans ses mains, callée contre sa poitrine, la petite lueur, chaude et fébrile y tenait lovée, apeurée. Elle avait réussi. Elle-même n’y croyait pas. A vrai dire, elle n’aurait même jamais pensé réussir. Mais avant qu’elle puisse s’extasier plus amplement devant sa réussite, une autre lumière, plus forte encore. Enveloppante, plus brusque et pénétrante la noya dans un éclat.
Hors du monde, du temps, ce qui se passait marquait le rendez-vous avec sa destinée. Une rencontre avec un univers caché et secret dont les frasques devraient noircir le papier et l’histoire rester à jamais inoubliée à travers les âges et le temps. Mais ça elle l’ignorait.
Devant elle, une forme floue se faisait voir, une masse sans bords donc les contours commençaient tout juste à se dessiner. Gigantesque, écrasante, la petite lémurienne ne devait ressembler qu’à un grain en comparaison et pourtant. Approchant lentement la chose, elle n’avait ni peur, ni angoisse, une curiosité l’animait, une envie de savoir aussi et, la main tendue, effleura la surface tremblante de la chose. Dans un éclair de lumière, comme du verre se brise en des milliers de morceaux scintillant, la figure éclata avant de reparaitre une deuxième fois. Plus nette, presque tangible, on aurait dit un monstre par son allure gigantesque, ses poils hirsutes, ses griffes, ses crocs immenses, son allure menaçante, mais au contraire, bien que maitrisés et calmes, ses gestes restaient tendres et délicats. Presque sensible à la jeune fille.
D’une langue inconnue, il semblait passer un pacte avec elle, lier leur destin. Leur avenir, comme leur passé.
Désormais, il l’accompagnerait à jamais, rien ne pourrait les séparer.
Désormais, une nouvelle vie commençait pour la petite chaman.
Revenue, elle se redressa calmement, comme empreinte d’une nouvelle aura, un sourire plus détendu et calme aux lèvres, elle devait partir. Mais pas trop vite, le temps n’avait que peu d’importance, elle devait juste le faire.
Elle repartie en direction de son village, encore toute exaltée à l’idée de l’aventure qui l’attendait, ignorante complètement de ce qu’elle venait de signer.