Atelier du 03 décembre 2015
Une rencontre qui change toute une vie
Les piafs du soir étaient Gaianee, A-Nako, Mikage, Lankouëch et Rena.
le thème était plutôt simple, pour un premier atelier. Un petit bonus a été ajouté : cinq mots, tirés au hasard dans le dictionnaire. Insolite, arbre, dune, surveiller, faucon. Tout le monde a respecté la consigne et a pris soin de placer les cinq mots dans son texte.
le thème était plutôt simple, pour un premier atelier. Un petit bonus a été ajouté : cinq mots, tirés au hasard dans le dictionnaire. Insolite, arbre, dune, surveiller, faucon. Tout le monde a respecté la consigne et a pris soin de placer les cinq mots dans son texte.
L'envol du Papillon - Texte de Gaianee
*La chanson à la fin vient de Mecano, « Hijo de la Luna », version française
Il suffit de peu de choses pour changer une vie. Cela, Myri l’a appris très tôt. On affirme que le battement délicat des ailes d’un papillon peut soulever des tempêtes à l’autre bout du monde. Cette métaphore ne lui aura jamais paru aussi vraie qu’après cette fameuse journée à l’hôpital. Un ouragan s’était levé en elle à cet instant, pour ne plus jamais faiblir.
Myri se souvenait de ce jour comme si c’était hier. Aujourd’hui encore, lorsqu’elle y repensait, c’était avec une vive émotion.
Elle avait douze ans. Bientôt treize. La journée avait plutôt bien commencé ce jour-là. C’était une matinée banale, qui aurait donné suite à un après-midi tout aussi quelconque si une douleur insolite ne s’était pas soudainement déclarée dans son abdomen. Myri n’y avait pas prêté attention tout d’abord : c’était certes douloureux mais cela finirait par s’estomper, non ? Elle était rarement malade et pour la jeune fille, le mal lui faisait davantage penser à un point de côté qu’à une gastro entérite.
Mais la douleur n’avait pas disparu, bien au contraire. Elle fut obligée de consulter l’infirmière de son école, laquelle avait alors suspecté une crise d’appendicite. Ni une, ni deux ses parents furent prévenus et on l’emmena à l’hôpital le plus proche.
Myri s’était sentie honteuse : elle avait toujours été fière de sa santé de fer.
« En tout cas, avait décrété sa mère lorsqu’elle l’eut rejointe. Quand il y a vraiment un souci, on sait que tu ne fais pas semblant ! »
Myri avait contemplé le doux visage de sa mère pendant que les médecins lui faisaient passer des examens. Ses beaux yeux verts, les mêmes que les siens, avaient ce pouvoir de chasser ses inquiétudes et de lui faire oublier la douleur. La jeune fille se raccrochait à elle de toutes ses forces tout en essayant de paraître courageuse.
Ses pires craintes s’étaient confirmées lorsqu’on leur avait annoncé qu’il s’agissait bien d’un cas d’appendicite et qu’il fallait l’opérer sans tarder. Myri avait senti son cœur s’emballer : quoi, maintenant ? Mais elle n’était pas prête !
…ou peut-être que si. Elle avait vraiment très mal !
Myri avait fermé les yeux, essayant de s’imaginer ailleurs, loin de toute cette blancheur nauséeuse typique des hôpitaux. Il flottait dans l’air une odeur de médicaments et de désinfectants qui l’avaient empêchée de se représenter celles du dehors, avec les senteurs de feuilles d’arbre mouillées couplée à celles de la terre humide après une forte averse.
Après une interminable attente, les médecins étaient revenus la chercher pour la conduire au bloc opératoire. Ce fut un moment effrayant où on la sépara de sa mère après que celle-ci lui eut murmuré des encouragements.
« Quand tu te réveilleras, ton père et ton frère seront là, lui avait-elle également promis avec un sourire tremblant. »
Myri avait hoché la tête sans rien dire. Elle avait le cœur au bord des lèvres et son ventre la faisait souffrir.
On l’emmena devant le bloc opératoire où les chirurgiens la firent patienter le temps de terminer les préparations. Allongée sur le dos, les yeux fixés au plafond, Myri essayait de se distraire en imaginant des paysages à l’aide des petites tâches grises qui parsemaient la voûte. En reliant chaque point entre eux, elle pouvait dessiner des montagnes, des dunes et même sculpter la forme d’un oiseau en s’y prenant bien.
« Bonjour. »
Myri fut tirée de son petit jeu par la voix chaleureuse et masculine d’un jeune homme en blouse blanche. Celui-ci vint se placer à côté de la civière, face à la jeune fille. Elle ne répondit pas, surprise. Ses grands yeux détaillèrent rapidement le nouveau venu qui lui souriait d’un air doux et amical. Le calot blanc qu’il portait sur la tête laissait échapper des mèches de cheveux blonds ondulés. Il était grand avec des yeux de la même couleur que ceux des faucons sur un visage avenant. Myri le trouva beau.
« Je suis chirurgien ici et je fais partie de ceux qui vont t’opérer et te surveiller. Pas trop stressée ?
-Non, se surprit à répondre Myri. »
Le médecin s’esclaffa, avant de jeter un coup d’œil vers la jambe gauche de l’adolescente. Cette dernière s’agitait nerveusement, trahissant la jeune fille. Elle pinça les lèvres, cessant aussitôt ses tremblements.
« Il n’y a pas de honte à ça, tu sais. C’est ta première opération ? s’enquit le jeune homme avec un sourire complice.
-…oui, répondit-elle, laconique. »
Il ne parut pas dérangé par la brièveté de ses réponses. De sa poche, il sortit un plastique qu’il déchira d’un coup sec et fit glisser un objet entre ses mains. Myri fronça les sourcils, méfiante. L’homme s’en rendit compte.
« Je vais devoir te piquer avec ça, ce sera pour la perfusion. Tu me donnes ta main ? Je vais essayer de ne pas te faire trop mal. »
Myri tressaillit. Elle n’aimait pas les piqûres. A contrecœur, elle tendit son bras et tourna obstinément la tête sur le côté. Une douleur brève et aigue à la main la fit grimacer.
« Ho, excuse-moi, je t’ai fait mal ? Je suis désolé, s’alarma le jeune homme.
-Ca va…chuchota la jeune fille. »
L’adulte et l’enfant se dévisagèrent quelques secondes, avant que le plus vieux ne poursuive :
« Et sinon, ça se passe bien à l’école ? En quelle classe es-tu ?
-7ème grade. Et oui ça va, j’ai de bonnes notes.
-Ha oui ? C’est quoi les matières que tu préfères ? »
Myri réfléchit rapidement :
« Les maths et l’Histoire.
-Haha ! Comme moi à l’époque.
-Plus tard, mon frère il veut faire le même métier que vous. »
Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit ça. Peut-être parce le jeune homme était vraiment gentil. Peut-être pour s’excuser d’être si peu loquace.
Il sourit, son regard brun et perçant comme celui d’un faucon s’illuminant.
« Ha oui ? Il a quel âge ton frère ?
-17 ans.
-Bientôt l’université alors. Il sait dans quoi il veut se spécialiser ? »
Myri parut confuse.
« Je sais pas. Moi, ça ne m’intéresse pas trop tout ça.
-Ha oui ? Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? »
La jeune fille ne répondit pas tout de suite, pensive. Elle ignorait quoi répondre à cette question. Ho bien sûr, elle y avait déjà réfléchi. Ce n’était pas encore son principal souci, mais il lui arrivait de s’interroger, parfois. Il était clair que son père voulait qu’elle suive ses traces. Elle n’avait pas protesté, même si devenir avocate n’était pas un métier qui la tentait réellement. Non, elle voulait faire quelque chose qui la passionne, comme le piano ou…
« Plus tard, je veux chanter. »
Les mots avaient surgi de sa bouche avant même qu’elle n’ait pu les arrêter. Limpides, clairs, catégoriques. Elle se surprenait elle-même.
Le rouge lui monta aux joues. Ce désir, cette envie…ce besoin même, jusqu’à maintenant, elle n’en avait jamais parlé. Et pourtant…cela faisait un moment qu’ils hantaient son cœur. La Musique était devenue plus qu’un loisir à ses yeux.
Mais c’était censé être un secret. Personne ne devait le savoir, surtout pas son père. Les gens se moqueraient…lui le premier.
Le jeune homme blond eut un grand sourire :
« Vraiment ? Tu chantes bien ? »
Myri se renfrogna, regrettant ses paroles. Elle ne répondit pas. Sans s’en apercevoir, sa jambe gauche s’était remise à tressauter. Un chirurgien sortit du bloc opératoire, faisant signe à son collègue.
Le jeune homme hocha la tête, mais avant cela il se pencha vers l’adolescente :
« Si c’est vraiment ce que tu veux, alors fais tout pour y arriver. Tu m’as l’air d’avoir un sacré caractère, le genre à s’accrocher. Et la Musique, le Chant peut avoir les mêmes vertus curatives que n’importe quel soin. Je te le prouve ? Chante une chanson, là, maintenant. Celle que tu veux. Tu verras, tu te sentiras beaucoup mieux. »
Stupéfaite, Myri ne réagit pas, laissant le chirurgien la pousser vers le bloc. A la vue de tous les médecins réunis autour de la table d’opération, Myri sentit la tension, la douleur et la peur qui l’habitaient plus tôt revenir au galop. Elle ne put s’empêcher de trembler.
Le gentil chirurgien n’était plus visible. Alors Myri ferma les yeux, s’efforçant de respirer calmement.
«I-idiot qui ne comprend p-pas… »
Elle se sentit soulevée puis replacée sur une surface dure qu’elle devina être le billard.
« La légende qui comme ça»
Elle ne vit pas les haussements de sourcils et regards incrédules des chirurgiens. Ni le geste apaisant d’un jeune homme adressé à ses collègues.
« Dit qu’une gitane
Implora la lune jusqu’au lever du jour »
Myri rouvrit les yeux pour s’apercevoir qu’on lui posait doucement un masque transparent sur le visage. Un doux regard de faucon était posé sur elle.
« Continue. Tu vas t’endormir sur une pensée agréable, et tu te réveilleras avec cette même pensée. »
L’adolescente cligna des yeux. Déjà le produit anesthésiant faisait effet. Sa voix douce et harmonieuse se faisait de plus en plus lente, jusqu’à s’éteindre complètement :
« Pleurant elle demandait, un gitan qui voudrait,
L'épouser par amour… »
Myri ne revit pas le jeune homme après son opération. Par moment, elle se demandait même si elle n’avait pas rêvé sa présence. Mais une chose était sûre : cette rencontre, qu’elle soit réelle ou non, avait changé sa vie, lui donnant le courage et la volonté de suivre sa propre voie.
Il suffit de peu de choses pour changer une vie. Cela, Myri l’a appris très tôt. On affirme que le battement délicat des ailes d’un papillon peut soulever des tempêtes à l’autre bout du monde. Cette métaphore ne lui aura jamais paru aussi vraie qu’après cette fameuse journée à l’hôpital. Un ouragan s’était levé en elle à cet instant, pour ne plus jamais faiblir.
Myri se souvenait de ce jour comme si c’était hier. Aujourd’hui encore, lorsqu’elle y repensait, c’était avec une vive émotion.
Elle avait douze ans. Bientôt treize. La journée avait plutôt bien commencé ce jour-là. C’était une matinée banale, qui aurait donné suite à un après-midi tout aussi quelconque si une douleur insolite ne s’était pas soudainement déclarée dans son abdomen. Myri n’y avait pas prêté attention tout d’abord : c’était certes douloureux mais cela finirait par s’estomper, non ? Elle était rarement malade et pour la jeune fille, le mal lui faisait davantage penser à un point de côté qu’à une gastro entérite.
Mais la douleur n’avait pas disparu, bien au contraire. Elle fut obligée de consulter l’infirmière de son école, laquelle avait alors suspecté une crise d’appendicite. Ni une, ni deux ses parents furent prévenus et on l’emmena à l’hôpital le plus proche.
Myri s’était sentie honteuse : elle avait toujours été fière de sa santé de fer.
« En tout cas, avait décrété sa mère lorsqu’elle l’eut rejointe. Quand il y a vraiment un souci, on sait que tu ne fais pas semblant ! »
Myri avait contemplé le doux visage de sa mère pendant que les médecins lui faisaient passer des examens. Ses beaux yeux verts, les mêmes que les siens, avaient ce pouvoir de chasser ses inquiétudes et de lui faire oublier la douleur. La jeune fille se raccrochait à elle de toutes ses forces tout en essayant de paraître courageuse.
Ses pires craintes s’étaient confirmées lorsqu’on leur avait annoncé qu’il s’agissait bien d’un cas d’appendicite et qu’il fallait l’opérer sans tarder. Myri avait senti son cœur s’emballer : quoi, maintenant ? Mais elle n’était pas prête !
…ou peut-être que si. Elle avait vraiment très mal !
Myri avait fermé les yeux, essayant de s’imaginer ailleurs, loin de toute cette blancheur nauséeuse typique des hôpitaux. Il flottait dans l’air une odeur de médicaments et de désinfectants qui l’avaient empêchée de se représenter celles du dehors, avec les senteurs de feuilles d’arbre mouillées couplée à celles de la terre humide après une forte averse.
Après une interminable attente, les médecins étaient revenus la chercher pour la conduire au bloc opératoire. Ce fut un moment effrayant où on la sépara de sa mère après que celle-ci lui eut murmuré des encouragements.
« Quand tu te réveilleras, ton père et ton frère seront là, lui avait-elle également promis avec un sourire tremblant. »
Myri avait hoché la tête sans rien dire. Elle avait le cœur au bord des lèvres et son ventre la faisait souffrir.
On l’emmena devant le bloc opératoire où les chirurgiens la firent patienter le temps de terminer les préparations. Allongée sur le dos, les yeux fixés au plafond, Myri essayait de se distraire en imaginant des paysages à l’aide des petites tâches grises qui parsemaient la voûte. En reliant chaque point entre eux, elle pouvait dessiner des montagnes, des dunes et même sculpter la forme d’un oiseau en s’y prenant bien.
« Bonjour. »
Myri fut tirée de son petit jeu par la voix chaleureuse et masculine d’un jeune homme en blouse blanche. Celui-ci vint se placer à côté de la civière, face à la jeune fille. Elle ne répondit pas, surprise. Ses grands yeux détaillèrent rapidement le nouveau venu qui lui souriait d’un air doux et amical. Le calot blanc qu’il portait sur la tête laissait échapper des mèches de cheveux blonds ondulés. Il était grand avec des yeux de la même couleur que ceux des faucons sur un visage avenant. Myri le trouva beau.
« Je suis chirurgien ici et je fais partie de ceux qui vont t’opérer et te surveiller. Pas trop stressée ?
-Non, se surprit à répondre Myri. »
Le médecin s’esclaffa, avant de jeter un coup d’œil vers la jambe gauche de l’adolescente. Cette dernière s’agitait nerveusement, trahissant la jeune fille. Elle pinça les lèvres, cessant aussitôt ses tremblements.
« Il n’y a pas de honte à ça, tu sais. C’est ta première opération ? s’enquit le jeune homme avec un sourire complice.
-…oui, répondit-elle, laconique. »
Il ne parut pas dérangé par la brièveté de ses réponses. De sa poche, il sortit un plastique qu’il déchira d’un coup sec et fit glisser un objet entre ses mains. Myri fronça les sourcils, méfiante. L’homme s’en rendit compte.
« Je vais devoir te piquer avec ça, ce sera pour la perfusion. Tu me donnes ta main ? Je vais essayer de ne pas te faire trop mal. »
Myri tressaillit. Elle n’aimait pas les piqûres. A contrecœur, elle tendit son bras et tourna obstinément la tête sur le côté. Une douleur brève et aigue à la main la fit grimacer.
« Ho, excuse-moi, je t’ai fait mal ? Je suis désolé, s’alarma le jeune homme.
-Ca va…chuchota la jeune fille. »
L’adulte et l’enfant se dévisagèrent quelques secondes, avant que le plus vieux ne poursuive :
« Et sinon, ça se passe bien à l’école ? En quelle classe es-tu ?
-7ème grade. Et oui ça va, j’ai de bonnes notes.
-Ha oui ? C’est quoi les matières que tu préfères ? »
Myri réfléchit rapidement :
« Les maths et l’Histoire.
-Haha ! Comme moi à l’époque.
-Plus tard, mon frère il veut faire le même métier que vous. »
Elle ne savait pas pourquoi elle avait dit ça. Peut-être parce le jeune homme était vraiment gentil. Peut-être pour s’excuser d’être si peu loquace.
Il sourit, son regard brun et perçant comme celui d’un faucon s’illuminant.
« Ha oui ? Il a quel âge ton frère ?
-17 ans.
-Bientôt l’université alors. Il sait dans quoi il veut se spécialiser ? »
Myri parut confuse.
« Je sais pas. Moi, ça ne m’intéresse pas trop tout ça.
-Ha oui ? Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ? »
La jeune fille ne répondit pas tout de suite, pensive. Elle ignorait quoi répondre à cette question. Ho bien sûr, elle y avait déjà réfléchi. Ce n’était pas encore son principal souci, mais il lui arrivait de s’interroger, parfois. Il était clair que son père voulait qu’elle suive ses traces. Elle n’avait pas protesté, même si devenir avocate n’était pas un métier qui la tentait réellement. Non, elle voulait faire quelque chose qui la passionne, comme le piano ou…
« Plus tard, je veux chanter. »
Les mots avaient surgi de sa bouche avant même qu’elle n’ait pu les arrêter. Limpides, clairs, catégoriques. Elle se surprenait elle-même.
Le rouge lui monta aux joues. Ce désir, cette envie…ce besoin même, jusqu’à maintenant, elle n’en avait jamais parlé. Et pourtant…cela faisait un moment qu’ils hantaient son cœur. La Musique était devenue plus qu’un loisir à ses yeux.
Mais c’était censé être un secret. Personne ne devait le savoir, surtout pas son père. Les gens se moqueraient…lui le premier.
Le jeune homme blond eut un grand sourire :
« Vraiment ? Tu chantes bien ? »
Myri se renfrogna, regrettant ses paroles. Elle ne répondit pas. Sans s’en apercevoir, sa jambe gauche s’était remise à tressauter. Un chirurgien sortit du bloc opératoire, faisant signe à son collègue.
Le jeune homme hocha la tête, mais avant cela il se pencha vers l’adolescente :
« Si c’est vraiment ce que tu veux, alors fais tout pour y arriver. Tu m’as l’air d’avoir un sacré caractère, le genre à s’accrocher. Et la Musique, le Chant peut avoir les mêmes vertus curatives que n’importe quel soin. Je te le prouve ? Chante une chanson, là, maintenant. Celle que tu veux. Tu verras, tu te sentiras beaucoup mieux. »
Stupéfaite, Myri ne réagit pas, laissant le chirurgien la pousser vers le bloc. A la vue de tous les médecins réunis autour de la table d’opération, Myri sentit la tension, la douleur et la peur qui l’habitaient plus tôt revenir au galop. Elle ne put s’empêcher de trembler.
Le gentil chirurgien n’était plus visible. Alors Myri ferma les yeux, s’efforçant de respirer calmement.
«I-idiot qui ne comprend p-pas… »
Elle se sentit soulevée puis replacée sur une surface dure qu’elle devina être le billard.
« La légende qui comme ça»
Elle ne vit pas les haussements de sourcils et regards incrédules des chirurgiens. Ni le geste apaisant d’un jeune homme adressé à ses collègues.
« Dit qu’une gitane
Implora la lune jusqu’au lever du jour »
Myri rouvrit les yeux pour s’apercevoir qu’on lui posait doucement un masque transparent sur le visage. Un doux regard de faucon était posé sur elle.
« Continue. Tu vas t’endormir sur une pensée agréable, et tu te réveilleras avec cette même pensée. »
L’adolescente cligna des yeux. Déjà le produit anesthésiant faisait effet. Sa voix douce et harmonieuse se faisait de plus en plus lente, jusqu’à s’éteindre complètement :
« Pleurant elle demandait, un gitan qui voudrait,
L'épouser par amour… »
Myri ne revit pas le jeune homme après son opération. Par moment, elle se demandait même si elle n’avait pas rêvé sa présence. Mais une chose était sûre : cette rencontre, qu’elle soit réelle ou non, avait changé sa vie, lui donnant le courage et la volonté de suivre sa propre voie.
Une rencontre qui change une vie - Texte de Lankouëch
Par une journée ensoleillée, Jérémy décida de se balader tranquillement en montagne. L’adulte, après plusieurs heures de marche arriva au sommet d’une dune. Il mit ses mains sur ses hanches en affichant un magnifique sourire et annonça à la cantonade :
Alors qu’il s’apprêtait à mordre dans son goûter, une personne vint s’installer à ses côtés. C’était une jeune fille, elle posa son sac juste à côté de celui du jeune homme, ce dernier la regarda du coin de l’œil, puis lui demanda, le plus gentiment ce qu’elle voulait, ce qu’elle s’empressa de répondre :
Une fois que le goûter fut fini, les deux compères récupèrent leurs sac-à-dos et partirent en direction du village. Durant toute la durée du voyage, ils décidèrent de faire connaissance :
- C’est vraiment magnifique !
Alors qu’il s’apprêtait à mordre dans son goûter, une personne vint s’installer à ses côtés. C’était une jeune fille, elle posa son sac juste à côté de celui du jeune homme, ce dernier la regarda du coin de l’œil, puis lui demanda, le plus gentiment ce qu’elle voulait, ce qu’elle s’empressa de répondre :
- Bonjour, je suis sincèrement navrée, mais je n’aime pas trop manger toute seule. J’espère que cela ne vous gêne pas.
Une fois que le goûter fut fini, les deux compères récupèrent leurs sac-à-dos et partirent en direction du village. Durant toute la durée du voyage, ils décidèrent de faire connaissance :
- Je me prénomme Jérémy, je suis en vacances dans la région et j’ai décidé de la visiter tranquillement, avant de reprendre le chemin du travail. Et de votre côté ?
- Je suis enchantée de faire votre connaissance, je me nomme Cerise, je suis également en vacances.
- Mais… Je me demandais, qui vous a donné cette carte ? Est-ce quelqu’un que vous connaissez ? Un de vos amis ?
- Que nenni, c’est une personne qui me l’a donné en me disant que dans ce village, on pouvait trouver un trésor, lui répondit-elle avec un regard pétillant.
- Un souci, monsieur ?
- Non, non, aucun…
- Hum… Es-tu sûre que c’est le bon « village » ?
- Ben… Normalement, on devrait voir une statue de faucon, enfin… Si elle existe encore, parce que vu l’état de ce village…
- C’est sûr, qu’il n’a pas eu de chance avec les intempéries, puis… Ce n’est pas pour dire, il était quand même coupé du monde aussi.
Texte de Nak
Sombre, froid, plongée dans les ténèbres je me sens flotter dans cette immensité, ayant perdu toute notion du temps ou d’espace. Hier encore, je pouvais observer la course du soleil, sentir ses reflets chatoyant sur ma peau, mais à présent tout s’est éteins et me retrouve seule. Avec moi-même, mes souvenirs et parfois les yeux jaunes perçants qui m’observe, me surveillent. Comme si je pouvais fuir.
Un léger sourire étire mes lèvres alors que je repense au passé.
Depuis combien de temps suis-je ici, esseulée, oubliée ? Mes membres engourdis ont fini par me paraitre lourds et raides, la mélodie du passé bien lointaine. Et pourtant, je continuais de lever la tête, cherchant une lumière dans l’horizon, la percevant presque à travers mes paupières lourdes. A ce rythme là, je finirais par m’effondrer avant de le revoir, même si au fond je sais qu’il est surement déjà loin lui aussi.
Une larme glisse sur ma joue tandis que mon esprit me porte ailleurs, au-delà des frontières de mon corps abimés et épuisé. Près de lui. En ce jour fatidique.
La boutique venait d’ouvrir comme elle le faisait toujours, les doux rayons du matin me réchauffant et laissant ma robe chatoyer, étincelante. J’étais magnifique, si belle dans ma tenue de dentelle et de soie. Les enfants venaient toujours me voir en première, les yeux pétillant d’émerveillement, mais repartaient toujours la mine triste et la larme à l’œil. Apparemment, j’étais trop cher. A présent, je ne dansais plus qu’une fois dans la semaine, si j’étais chanceuse. Mais ce matin là, l’air me semblait différent. Peut-être une idée rafistolée par mon esprit vieillissant qui veut voir en cette matinée un acte du destin. La porte entrouverte laissait passer le vent frais et les effluves des viennoiseries du boulanger avoisinant.
Soudain, passant violement la porte, un chien entra. Le poil dru, sale, aboyant sans raison tout en mettant la boutique sans dessus dessous. Je ne sais toujours pas s’il avait vu l’ennui dans mon regard ou si simplement ma robe et la musique émise par la boite l’avaient attiré, il a toujours refusé de me le dire, mais il me saisit dans sa gueule, prenant soin de ne pas me heurter et s’enfuit ventre à terre comme le voleur qu’il était. Tout mon oxygène était noyé dans l’odeur rance et chaude qu’il respirait, mais je m’en moquais, trop abasourdie par ce qu’il se passait. Mon esprit vint finalement se poser sur le ciel azuré qui s’étendait au dessus de moi.
Immense, infini, les toits des maisons défilant dessus sans le troubler. J’étais à l’extérieur, le vent fouettant mon visage, me regard tournée vers ce que je n’avais jamais pu voir jusqu’alors.
Enfin, il s’arrêta, camouflé dans un coin aux abords de la ville et me relâcha. Je tombais rudement au sol sans possibilité de me relever. D’un coup de museau, il tourna la boite et je reprenais pied. Face à face, au calme, la brise légère calmait l’ardeur passée et je pouvais l’observer. Il était vieux chien errant, amoché par le temps et l’âge, il avait surement du se battre plus une fois.
D’une voix rude, il me demanda où je voulais aller. Pour lui, il était déjà clair que je l’accompagnerais, puisqu’il voulait un compagnon de route et qu’il avait décidé que je serais le sien. Je fixais l’étendue bleue au dessus de moi, perdue. J’aurais pu, du, dire la boutique, y retourner, mais… Il avait du lire en moi et savoir que je désirais tout sauf cela.
« Découvrir le monde, avais-je finalement répondu.
-Alors le monde ce sera ! »
Il avait jappé d’une voix enjouée et volontaire qui me fit rire à mon tour. L’aventure s’ouvrait à moi et il tint sa parole. Il me trainait de ville en ville, au gré de ses envies. Toujours les paysages variaient, se renouvelaient sans jamais se ressembler. De grandes villes, nous passions à des étendues verdoyantes, aux parfums floraux et entêtants, ou à des collines hautes et escarpées où le vent soufflait, ralentissant notre course.
Nous devions former un duo plus qu’insolite vu les regards des humains que nous croisions. Ce fut d’ailleurs à cause de l’un d’eux que je perdis ma boite.
Alors que nous nous baladions tranquillement dans une ruelle, une petite fille croisa mon regard et, trépignant, pleurant chercha à m’arracher à mon ami. En vain, cependant, ce qui semblait être son parent vint l’aider et d’un coup sec frappa le chien. Il geignit plaintif alors que je tombais au sol dans un tintement métallique. Mes jambes se brisèrent et je fus envoyée quelques mètres plus loin, ne pouvant qu’être observatrice de la rixe. Il mordit l’homme qui le reçu avec un coup du pied bien senti.
Dédaigneux, il lorgna sur la boite, puis sur moi, blessée et claqua des dents. Bien vite, il se saisit de la main de sa fille, la trainant loin de la scène. Avait-il honte de son geste, ou de nous, de moi ? De ce que j’étais devenue à présent ? Je le saurais jamais et fut, en quelque sorte, soulagée de le voir partir.
Doucement, mon compagnon revint près de moi, reniflant, me léchant tendrement avant de me reprendre dans sa gueule comme il l’avait toujours fait. La disparition de la boîte avait au moins pour vertu de nous rendre plus léger.
Ainsi nous pûmes voyager dans des endroits plus reculés, abandonnés de fortes présence humaine. Là encore, notre duo ne sembla pas nous porter chance.
Alors que l’on continuait l’ascension d’une petite montagne peu escarpée, une ombre passa. Une fois, puis une seconde et finalement, elle fondit sur nous, ou plutôt moi.
En quelques secondes je me retrouvai séparée de mon ami, flottant dans les airs. La surprise passée, la silhouette de ce dernier se réduisant à celle d’une fourmi, je fixais mon kidnappeur. Un faucon, fier et beau, mais cela n’effaçait pas son acte. Je l’interpellai, en vain, tentait de l’amadouer, lui expliquer, il m’ignorait. De rage, je lui mordis la patte, serrant autant que je le pouvais.
Cela dut marcher car il me lâcha enfin, me laissant tomber dans le vide sans moyen de me rattraper. Un long cri puissant m’échappa alors que je heurtai une surface bien plus douce et agréable que je ne l’aurais cru. De l’eau, je flottais, ou coulais, dans cette matière douce et fraîche. Reposante presque. A ma droite, je sentis des remouds et tourna la tête, mon complice m’avait tout de même suivit, mon cri l’ayant peut-être guidé. Il venait me récupérer et, heureuse de ne plus être séparée de lui, j’ouvris les bras prête à le saisir et l’enlacer dès qu’il serait assez proche.
Sur la berge, il crachota, de l’eau s’étant glissée dans ses poumons quand il était venu me sauver. Après cette mésaventure, nous décidâmes de ne plus faire d’excursions aussi dangereuses et nous nous contentâmes de chemins sûrs et assuré. Adieu grand canyon.
Néanmoins, cela ne nous priva pas de folles rencontres et de joies sans bornes.
Nos repas avec une famille de rats, leur culture et leurs rires, tout ce qu’ils nous montrèrent, la fuite d’une oie sauvage après s’être trop approché de son nid, les marais vaseux et malodorant.
Je revois tout cela derrière mes paupières comme si c’était encore hier. Je soupire tristement, hier étant si loin à présent.
Nous avions vécus tant de choses. J’étais devenue si sale, ma belle robe partie en lambeaux, mais je la chérissais d’autant plus, témoin de notre histoire, elle me rappelait tout ce que j’avais traversé, tout ça grâce à lui.
Délicatement, je me tournais vers lui. Posée contre son poil, je sentais sa respiration dans mon dos alors qu’il somnolait paisiblement, allongé contre les racines d’un arbre. Devant nous s’étendait une plage, vide de toute présence d’hommes. Les embruns marins titillaient mes narines et je pris une grande bouffée d’air. La mer s’était retirée, dévoilant ses secrets, des récifs couverts d’algues, bulots et autres mollusques de mer. Au devant, dans un contraste léger, la plage sèche, des dunes faisant onduler ce paysage.
Je soufflais de contentement. Contre moi, mon ami se releva lentement, presque péniblement, sa vie était bien avancée et sa jeunesse l’avait abandonnée, son pas léger et rapide aussi. Il partait chercher à manger, me laissant là à l’attendre afin de profiter du paysage. J’aurais du l’accompagner, mais l’habitude et la sensation de sécurité me voilait les yeux.
Tandis qu’il était parti, des bruits de pas se firent entendre, bien différents des siens.
Des humains, des fouineurs en vadrouille en quête d’un trésor. Je devais paraitre comme tel suivant leurs critères. Une main immense se jeta sur moi, m’attrapant, m’exhibant gaiement, parlant même de faire des modifications sur mon corps. Je ne voulais pas, qu’ils me reposent. Je me débattais, hurlais, mais l’on me déposa simplement au fond d’un panier, avec pleins d’autres objets. Mon cœur battait la chamade et tentait de voir à l’extérieur, mon compagnon, mon complice de toujours devait me chercher si il était revenu.
Nul besoin de dire que je ne le revis jamais.
L’homme sembla s’entêter à me donner une « seconde vie » comme il le disait. Arrachant ma robe, me mettant à nue, il parcouru mon corps, ma peau, repeignit celle-ci, me recouvrit d’une nouvelle parure avant de sceller à nouveau mon destin. J’étais à nouveau prisonnière de la boite, mon socle.
Avec effroi, je le vis refermer le couvercle. Je le suppliais d’au moins le garder ouvert, de me laisser profiter du jour et de la lumière, respirer.
Le noir se fit.
Je ne revis la lumière que par sessions entrecoupée, une mélodie différente accompagnant cette nouvelle boîte à musique. Chaque fois, forcée de danser pour eux avant de retourner aux ténèbres dévorantes.
Je dus passer entre diverses mains encore, avant de finalement, me retrouver dans ce qui semblait être un grenier. A l’air libre au moins, exposée comme une œuvre, ou peut-être juste oubliée après une dernière utilisation.
Les jours s’écoulèrent. Lumière, pénombre. Journée, nuit. Le soleil, les étoiles. La pluie, la sécheresse.
Rares furent les personnes que je croisais encore, la dernière doit remonter à tellement longtemps, quelques lueurs arrivaient encore à filtrer jusqu’à moi à l’époque.
Seule, à présent, je rouvre les yeux, humides, face à ses souvenirs qui refont surface. Je me demande combien de temps j’aurais à attendre avant que… Avant que quoi ? J’hésite, il me manque, j’aurais tant aimé lui dire adieu, combien tout ce que nous avons vécu ensemble fut une bénédiction pour moi et que jamais je ne pourrais oublier la moindre chose. Mais c’est impossible à présent.
Sur ma gauche, j’entends un craquement brusque, un coup, puis le néant.
Peut-être que si, finalement.
Un léger sourire étire mes lèvres alors que je repense au passé.
Depuis combien de temps suis-je ici, esseulée, oubliée ? Mes membres engourdis ont fini par me paraitre lourds et raides, la mélodie du passé bien lointaine. Et pourtant, je continuais de lever la tête, cherchant une lumière dans l’horizon, la percevant presque à travers mes paupières lourdes. A ce rythme là, je finirais par m’effondrer avant de le revoir, même si au fond je sais qu’il est surement déjà loin lui aussi.
Une larme glisse sur ma joue tandis que mon esprit me porte ailleurs, au-delà des frontières de mon corps abimés et épuisé. Près de lui. En ce jour fatidique.
La boutique venait d’ouvrir comme elle le faisait toujours, les doux rayons du matin me réchauffant et laissant ma robe chatoyer, étincelante. J’étais magnifique, si belle dans ma tenue de dentelle et de soie. Les enfants venaient toujours me voir en première, les yeux pétillant d’émerveillement, mais repartaient toujours la mine triste et la larme à l’œil. Apparemment, j’étais trop cher. A présent, je ne dansais plus qu’une fois dans la semaine, si j’étais chanceuse. Mais ce matin là, l’air me semblait différent. Peut-être une idée rafistolée par mon esprit vieillissant qui veut voir en cette matinée un acte du destin. La porte entrouverte laissait passer le vent frais et les effluves des viennoiseries du boulanger avoisinant.
Soudain, passant violement la porte, un chien entra. Le poil dru, sale, aboyant sans raison tout en mettant la boutique sans dessus dessous. Je ne sais toujours pas s’il avait vu l’ennui dans mon regard ou si simplement ma robe et la musique émise par la boite l’avaient attiré, il a toujours refusé de me le dire, mais il me saisit dans sa gueule, prenant soin de ne pas me heurter et s’enfuit ventre à terre comme le voleur qu’il était. Tout mon oxygène était noyé dans l’odeur rance et chaude qu’il respirait, mais je m’en moquais, trop abasourdie par ce qu’il se passait. Mon esprit vint finalement se poser sur le ciel azuré qui s’étendait au dessus de moi.
Immense, infini, les toits des maisons défilant dessus sans le troubler. J’étais à l’extérieur, le vent fouettant mon visage, me regard tournée vers ce que je n’avais jamais pu voir jusqu’alors.
Enfin, il s’arrêta, camouflé dans un coin aux abords de la ville et me relâcha. Je tombais rudement au sol sans possibilité de me relever. D’un coup de museau, il tourna la boite et je reprenais pied. Face à face, au calme, la brise légère calmait l’ardeur passée et je pouvais l’observer. Il était vieux chien errant, amoché par le temps et l’âge, il avait surement du se battre plus une fois.
D’une voix rude, il me demanda où je voulais aller. Pour lui, il était déjà clair que je l’accompagnerais, puisqu’il voulait un compagnon de route et qu’il avait décidé que je serais le sien. Je fixais l’étendue bleue au dessus de moi, perdue. J’aurais pu, du, dire la boutique, y retourner, mais… Il avait du lire en moi et savoir que je désirais tout sauf cela.
« Découvrir le monde, avais-je finalement répondu.
-Alors le monde ce sera ! »
Il avait jappé d’une voix enjouée et volontaire qui me fit rire à mon tour. L’aventure s’ouvrait à moi et il tint sa parole. Il me trainait de ville en ville, au gré de ses envies. Toujours les paysages variaient, se renouvelaient sans jamais se ressembler. De grandes villes, nous passions à des étendues verdoyantes, aux parfums floraux et entêtants, ou à des collines hautes et escarpées où le vent soufflait, ralentissant notre course.
Nous devions former un duo plus qu’insolite vu les regards des humains que nous croisions. Ce fut d’ailleurs à cause de l’un d’eux que je perdis ma boite.
Alors que nous nous baladions tranquillement dans une ruelle, une petite fille croisa mon regard et, trépignant, pleurant chercha à m’arracher à mon ami. En vain, cependant, ce qui semblait être son parent vint l’aider et d’un coup sec frappa le chien. Il geignit plaintif alors que je tombais au sol dans un tintement métallique. Mes jambes se brisèrent et je fus envoyée quelques mètres plus loin, ne pouvant qu’être observatrice de la rixe. Il mordit l’homme qui le reçu avec un coup du pied bien senti.
Dédaigneux, il lorgna sur la boite, puis sur moi, blessée et claqua des dents. Bien vite, il se saisit de la main de sa fille, la trainant loin de la scène. Avait-il honte de son geste, ou de nous, de moi ? De ce que j’étais devenue à présent ? Je le saurais jamais et fut, en quelque sorte, soulagée de le voir partir.
Doucement, mon compagnon revint près de moi, reniflant, me léchant tendrement avant de me reprendre dans sa gueule comme il l’avait toujours fait. La disparition de la boîte avait au moins pour vertu de nous rendre plus léger.
Ainsi nous pûmes voyager dans des endroits plus reculés, abandonnés de fortes présence humaine. Là encore, notre duo ne sembla pas nous porter chance.
Alors que l’on continuait l’ascension d’une petite montagne peu escarpée, une ombre passa. Une fois, puis une seconde et finalement, elle fondit sur nous, ou plutôt moi.
En quelques secondes je me retrouvai séparée de mon ami, flottant dans les airs. La surprise passée, la silhouette de ce dernier se réduisant à celle d’une fourmi, je fixais mon kidnappeur. Un faucon, fier et beau, mais cela n’effaçait pas son acte. Je l’interpellai, en vain, tentait de l’amadouer, lui expliquer, il m’ignorait. De rage, je lui mordis la patte, serrant autant que je le pouvais.
Cela dut marcher car il me lâcha enfin, me laissant tomber dans le vide sans moyen de me rattraper. Un long cri puissant m’échappa alors que je heurtai une surface bien plus douce et agréable que je ne l’aurais cru. De l’eau, je flottais, ou coulais, dans cette matière douce et fraîche. Reposante presque. A ma droite, je sentis des remouds et tourna la tête, mon complice m’avait tout de même suivit, mon cri l’ayant peut-être guidé. Il venait me récupérer et, heureuse de ne plus être séparée de lui, j’ouvris les bras prête à le saisir et l’enlacer dès qu’il serait assez proche.
Sur la berge, il crachota, de l’eau s’étant glissée dans ses poumons quand il était venu me sauver. Après cette mésaventure, nous décidâmes de ne plus faire d’excursions aussi dangereuses et nous nous contentâmes de chemins sûrs et assuré. Adieu grand canyon.
Néanmoins, cela ne nous priva pas de folles rencontres et de joies sans bornes.
Nos repas avec une famille de rats, leur culture et leurs rires, tout ce qu’ils nous montrèrent, la fuite d’une oie sauvage après s’être trop approché de son nid, les marais vaseux et malodorant.
Je revois tout cela derrière mes paupières comme si c’était encore hier. Je soupire tristement, hier étant si loin à présent.
Nous avions vécus tant de choses. J’étais devenue si sale, ma belle robe partie en lambeaux, mais je la chérissais d’autant plus, témoin de notre histoire, elle me rappelait tout ce que j’avais traversé, tout ça grâce à lui.
Délicatement, je me tournais vers lui. Posée contre son poil, je sentais sa respiration dans mon dos alors qu’il somnolait paisiblement, allongé contre les racines d’un arbre. Devant nous s’étendait une plage, vide de toute présence d’hommes. Les embruns marins titillaient mes narines et je pris une grande bouffée d’air. La mer s’était retirée, dévoilant ses secrets, des récifs couverts d’algues, bulots et autres mollusques de mer. Au devant, dans un contraste léger, la plage sèche, des dunes faisant onduler ce paysage.
Je soufflais de contentement. Contre moi, mon ami se releva lentement, presque péniblement, sa vie était bien avancée et sa jeunesse l’avait abandonnée, son pas léger et rapide aussi. Il partait chercher à manger, me laissant là à l’attendre afin de profiter du paysage. J’aurais du l’accompagner, mais l’habitude et la sensation de sécurité me voilait les yeux.
Tandis qu’il était parti, des bruits de pas se firent entendre, bien différents des siens.
Des humains, des fouineurs en vadrouille en quête d’un trésor. Je devais paraitre comme tel suivant leurs critères. Une main immense se jeta sur moi, m’attrapant, m’exhibant gaiement, parlant même de faire des modifications sur mon corps. Je ne voulais pas, qu’ils me reposent. Je me débattais, hurlais, mais l’on me déposa simplement au fond d’un panier, avec pleins d’autres objets. Mon cœur battait la chamade et tentait de voir à l’extérieur, mon compagnon, mon complice de toujours devait me chercher si il était revenu.
Nul besoin de dire que je ne le revis jamais.
L’homme sembla s’entêter à me donner une « seconde vie » comme il le disait. Arrachant ma robe, me mettant à nue, il parcouru mon corps, ma peau, repeignit celle-ci, me recouvrit d’une nouvelle parure avant de sceller à nouveau mon destin. J’étais à nouveau prisonnière de la boite, mon socle.
Avec effroi, je le vis refermer le couvercle. Je le suppliais d’au moins le garder ouvert, de me laisser profiter du jour et de la lumière, respirer.
Le noir se fit.
Je ne revis la lumière que par sessions entrecoupée, une mélodie différente accompagnant cette nouvelle boîte à musique. Chaque fois, forcée de danser pour eux avant de retourner aux ténèbres dévorantes.
Je dus passer entre diverses mains encore, avant de finalement, me retrouver dans ce qui semblait être un grenier. A l’air libre au moins, exposée comme une œuvre, ou peut-être juste oubliée après une dernière utilisation.
Les jours s’écoulèrent. Lumière, pénombre. Journée, nuit. Le soleil, les étoiles. La pluie, la sécheresse.
Rares furent les personnes que je croisais encore, la dernière doit remonter à tellement longtemps, quelques lueurs arrivaient encore à filtrer jusqu’à moi à l’époque.
Seule, à présent, je rouvre les yeux, humides, face à ses souvenirs qui refont surface. Je me demande combien de temps j’aurais à attendre avant que… Avant que quoi ? J’hésite, il me manque, j’aurais tant aimé lui dire adieu, combien tout ce que nous avons vécu ensemble fut une bénédiction pour moi et que jamais je ne pourrais oublier la moindre chose. Mais c’est impossible à présent.
Sur ma gauche, j’entends un craquement brusque, un coup, puis le néant.
Peut-être que si, finalement.
Révélation - Texte de Mikage
Ce fût comme une révélation.
Il marchait au milieux des dunes, la nuit était tombée sur les plages d'Okinawa. Le ciel empli d'étoiles était signe de promesse à venir. Il surveillait les astres, le visage levé. Ses yeux emplis d'innocence ne voyaient pas encore ce que le destin lui réservait.
A l'aube de ses 19 ans, Yuki était l'étudiant japonais bien sous tout rapport. Intelligent (peu être trop), curieux du monde qui l'entourait, un famille aimante... Il ne soupçonnait pas que cette nuit allait changer ça vie à jamais.
Alors que la voie lactée lui offrait un spectacle merveilleux. Une lumière étrange traversa le ciel. Tel un faucon elle filait de plus en plus vite vers sa proie. Elle se disloqua en une infinité d'éclats dans le ciel.
L'un d'eux, d'une vitesse et d'un brillance insolite se précipitait vers le jeune japonais. Yuki tel un lapin envouté par les phare d'un voiture ne bougea pas. Il resta là, émerveillé par ce spectacle incroyable. Sa vie allait être changée à jamais, le monde ne serait plus le même...mais tout cela n'avait plus d'importance.
L'Éclat percuta Yuki en plein milieux du front. Le jeune homme fût projeté en arrière contre un arbre qui bordait la plage.
Plus un bruit....le silence...la mort?
"Non...juste la Souffrance!"
Une voix venait de résonner dans sa tête. Une voix semblant sortir du fond des âges...
Yuki était étendu, inconscient, du sang ruisselait de son front. Une douleur fulgurante lui vrilla le corps et le réveilla. Chaque fibre de son être était torturée. Et dans son esprit, la même voix l'interpela:
"Nous sommes Givre...Givre de minuit...nous sommes la souffrance indicible des dieux morts."
"Et toi...qui est tu?"
Yuki ouvrit les yeux, des larmes écarlates coulaient sur ses joues. Il se recroquevilla sur lui-même et se prit la tête dans les mains. La douleur était insupportable.
"Arrêtez!!!!!!! Arrêtez ça! Par pitié!" hurla-t-il.
"Trop tard... nous sommes liés à présent, et nous serons ton Maître... nous t'apprendrons à subir et à accepter cette souffrance...car tu en seras digne."
Du sang commença a suinter de chaque parcelle de peau du jeune homme, imbibant ses vêtements et peu a peu recouvrant tout son corps.
"Lève-toi!" lui intima Givre.
Sans même s'en rendre compte, le jeune homme se redressa. Le sang goutait du bout de ses doigts. Il toucha son visage et senti une surface froide et lisse, comme celle d'un masque. Ses lèvres formaient un sourire figé. Au centre du masque, là où aurait dû se trouver les fentes des yeux, il n'y avait qu'un cercle sanglant.
"Cet endroit n'est pas notre monde... mais cela pourrait bien le devenir" prononça Givre derrière le masque.
"Nous allons te laisser un moment... mais saches... que nous te surveillons."
Le masque se désagrégea, le sang se résorba ne laissant que les vêtement trempé. Yuki tomba a genoux. La douleur avait disparu également. Le vent léger de l'été souffla dans ses cheveux qui avait pris en quelque instant un couleur blond cendré.
Le bruit des vague l'appela. Il se leva et défit sa chemise qu'il laissa derrière lui. Il quitta également ses sandales et marcha vers l'océan.
Les vague lui léchèrent les pieds et il plongea. Oubliant qui il était, d'où il venait, où il irait. Après tous, cela n'avait plus la moindre importance...
Il marchait au milieux des dunes, la nuit était tombée sur les plages d'Okinawa. Le ciel empli d'étoiles était signe de promesse à venir. Il surveillait les astres, le visage levé. Ses yeux emplis d'innocence ne voyaient pas encore ce que le destin lui réservait.
A l'aube de ses 19 ans, Yuki était l'étudiant japonais bien sous tout rapport. Intelligent (peu être trop), curieux du monde qui l'entourait, un famille aimante... Il ne soupçonnait pas que cette nuit allait changer ça vie à jamais.
Alors que la voie lactée lui offrait un spectacle merveilleux. Une lumière étrange traversa le ciel. Tel un faucon elle filait de plus en plus vite vers sa proie. Elle se disloqua en une infinité d'éclats dans le ciel.
L'un d'eux, d'une vitesse et d'un brillance insolite se précipitait vers le jeune japonais. Yuki tel un lapin envouté par les phare d'un voiture ne bougea pas. Il resta là, émerveillé par ce spectacle incroyable. Sa vie allait être changée à jamais, le monde ne serait plus le même...mais tout cela n'avait plus d'importance.
L'Éclat percuta Yuki en plein milieux du front. Le jeune homme fût projeté en arrière contre un arbre qui bordait la plage.
Plus un bruit....le silence...la mort?
"Non...juste la Souffrance!"
Une voix venait de résonner dans sa tête. Une voix semblant sortir du fond des âges...
Yuki était étendu, inconscient, du sang ruisselait de son front. Une douleur fulgurante lui vrilla le corps et le réveilla. Chaque fibre de son être était torturée. Et dans son esprit, la même voix l'interpela:
"Nous sommes Givre...Givre de minuit...nous sommes la souffrance indicible des dieux morts."
"Et toi...qui est tu?"
Yuki ouvrit les yeux, des larmes écarlates coulaient sur ses joues. Il se recroquevilla sur lui-même et se prit la tête dans les mains. La douleur était insupportable.
"Arrêtez!!!!!!! Arrêtez ça! Par pitié!" hurla-t-il.
"Trop tard... nous sommes liés à présent, et nous serons ton Maître... nous t'apprendrons à subir et à accepter cette souffrance...car tu en seras digne."
Du sang commença a suinter de chaque parcelle de peau du jeune homme, imbibant ses vêtements et peu a peu recouvrant tout son corps.
"Lève-toi!" lui intima Givre.
Sans même s'en rendre compte, le jeune homme se redressa. Le sang goutait du bout de ses doigts. Il toucha son visage et senti une surface froide et lisse, comme celle d'un masque. Ses lèvres formaient un sourire figé. Au centre du masque, là où aurait dû se trouver les fentes des yeux, il n'y avait qu'un cercle sanglant.
"Cet endroit n'est pas notre monde... mais cela pourrait bien le devenir" prononça Givre derrière le masque.
"Nous allons te laisser un moment... mais saches... que nous te surveillons."
Le masque se désagrégea, le sang se résorba ne laissant que les vêtement trempé. Yuki tomba a genoux. La douleur avait disparu également. Le vent léger de l'été souffla dans ses cheveux qui avait pris en quelque instant un couleur blond cendré.
Le bruit des vague l'appela. Il se leva et défit sa chemise qu'il laissa derrière lui. Il quitta également ses sandales et marcha vers l'océan.
Les vague lui léchèrent les pieds et il plongea. Oubliant qui il était, d'où il venait, où il irait. Après tous, cela n'avait plus la moindre importance...
L'enfant perdu - Texte de Rena
La tribu est rassemblée près de la frontière. Vers l'est, à quelques centaines de battement d'ailes, l'Empire de Natzka. De l'autre côté, le royaume de Taerion. Les grandes créatures nomades du désert sont reparties vers le sud. Rahk'All est au bord de la falaise, à observer le désert aride qui se dresse devant lui. Malgré le soleil ardent qui lui brûle la rétine et la peau, il scrute l'horizon, sans broncher. Son visage carré, durci par le temps, paraît figé dans la pierre. Seuls ses yeux turquoises semble mus par une volonté, une intelligence, une vivacité prédatrice. Son regard furète habilement entre les amas de sable qui lui font face, cherchant une image, une silhouette, une proie. N'importe quel petit point noir qui osera apparaître entre ces vagues argentées sera sa cible. Il est l'un des meilleurs chasseurs de la tribu, rares sont les gibiers qui ont su tromper son œil affûté. Ses années d'expérience en ont fait le meilleur des mentors, c'est lui qui a formé la grande majorité des jeunes guerriers de la tribu. Accroupi face à l'océan de sable brûlant qui s'ouvre à lui, le grand rapace se laisse caresser par le vent brûlant qui siffle à ses oreilles.
_ Quelle proie nous rapporteras-tu, aujourd'hui ? Demande Saël avec légèreté tout en s'adossant aux restes d'un vieil arbre desséché.
Loin d'être surpris par son chef, l'homme à tête d'aigle continue de fixer l'immensité qui s'offre à lui. Le meneur esquisse un sourire. Quelques instants passent dans le silence, avant que le guerrier réponde.
_ J'espère trouver une kaïssi, répond-il à son chef de sa voix rocailleuse.
_ Vraiment ? Est-ce la bonne heure ?
_ La température est idéale, et les fleurs du désert vont bientôt éclore. Les gazelles de feu ne tarderont pas à quitter leurs abris sous le sable.
Rahk'All connaît parfaitement les habitudes de ses proies, et sa grande sensibilité au climat en fait un chasseur hors pair.
_ Très bien, répond le chef. Bonne chasse.
Sans répondre, le Serre déploie ses immenses ailes, et quitte la falaise pour survoler le désert aride. Il préfère la chasse en solitaire. C'est plus agréable. Le courant aérien le transporte bientôt loin du clan, et tandis qu'il surveille avec avidité les vagues de sable couleur argent, qui s'étendent à l'infini devant lui, il lui semble sentir l'odeur d'une cible. Comme il l'avait prédit, alors que le soleil commence à décliner à l'horizon, des milliers de petits points bleus apparaissent ci et là, pour se gorger des derniers rayons de l'astre lumineux. Petit à petit, le désert grisé se colore de bleu. Soudain, une silhouette accapare son regard attentif, et il fond sans réfléchir sur cette proie insolite.
Mais au moment de la happer, il remarque que la créature n'a rien d'une kaïssi, et qu'elle a même des apparences humanoïdes comme lui ! Il déploie ses ailes pour couper son vol, et se pose en catastrophe non loin de l'être qu'il a manqué de tuer. Ce dernier émet un cri tandis qu'il se retourne pour l'observer plus en détail.
L'être est roulé en boule, au creux d'une large dune, parmi quelques bouquets. Il crie « me mange pas, me mange pas ! ». Ce n'est pas bien grand, probablement un enfant et sa voix criarde est féminine. Ses longs cheveux noirs en bataille la cachent en grande partie, il ne peut même pas voir ses yeux. Ses habits sont du même bleu que les pétales des petites plantes qui l'entourent. Qu'est-ce qu'une créature aussi fragile peut bien faire dans un endroit pareil ? Ce n'est pas le moment d'y penser. Il s'approche, furieux. Cette créature, aussi petite qu'elle soit, vient de le priver d'une chasse qui promettait d'être parfaite. À cause d'elle, le clan de l'homme-aigle sera affamé. En quittant le ciel pour se saisir de cette chose étrange, il vient de se signaler à ses proies potentielles. Il n'y a qu'une chose à faire, amener cette créature à la tribu pour décider que faire d'elle.
_ Que fais-tu ici, petit oisillon ? Demande-t-il d'une voix sèche.
_ Stönn pas méchante, crie-t-elle en retour. Me mange pas…
Il fait claquer sa langue et la saisit au bras, la faisant hurler plus encore. Avec tout le bruit qu'elle fait, les kaïssis ne sortiront pas de leur tanière. Il allait lui intimer de s'arrêter, mais elle le fait d'elle-même, semblant se rendre compte de quelque chose. Sa grimace de frayeur se change même en un large sourire, que Rahk'All ne comprend pas. La petite fille se met à rire, laissant le guerrier interdit.
_ Tu vas pas me manger, hein ! Parce que toi, tu es un gentil.
Ne sachant comment réagir, l'homme aux apparences de brute épaisse lâche l'enfant qui va se blottir tout contre lui, comme si elle le connaissait. Il sait qu'il doit partir, abandonner la créature à son triste sort dans le désert, retourner à sa chasse, nourrir la tribu. Mais il ne parvient pas à s'y résoudre. Quelque chose chez cette enfant sans regard l'en empêche. Il reste happé par l'étrange délicatesse mêlée d'une brutalité pareille à la sienne, qui habite la petite créature. Oubliant tout de sa frayeur passée, l'enfant tourne la tête vers lui. Malgré la longue frange noire qui lui cache les yeux, elle semble le voir, le transcrire, le percer à jour.
_ Le soleil tombe, dit-elle avec joie en s'asseyant dans le sable, inconsciente du danger qu'elle court. C'est l'heure de l'histoire.
_ L'histoire ?
_ Il y a fort longtemps, dans un royaume à présent oublié, vivaient le Roi et la Reine Espoir. Le vert de l’avenir était leur couleur. L’Hydre était leur symbole.
Aussitôt, l'homme cesse de respirer. Son cœur manque un battement. Cette histoire, seul son clan la connaît. Les anciens la récitent aux oisillons, qui à leur tour, quand ils deviennent vieux, la content aux générations futures. Les plumes sur sa tête se dressent d'un coup, tandis qu'il dévisage cet être qui n'a rien d'un rapace comme lui. Imperturbable, l'enfant continue comme si elle récitait par coeur ce qu'elle avait appris pendant des années :
_ La reine pouvait demander conseil aux Serres couleur rouge de l’Amour, pour l’aider à veiller sur son peuple. Le roi pouvait compter sur les Pelisses couleur jaune du Courage pour protéger son royaume. Et quand il était perdu dans les ténèbres, le couple royal demandait au Joyau bleu de la Sagesse de le guider dans l’obscurité. La Branchie Noire prévenait de l'arrivée des Ténèbres à la tombée de la nuit, et l’œil Blanc annonçait le retour de la lumière, au petit matin. Pendant des milliers d’années, le royaume prospéra ainsi, sous la coupe bienveillante du Roi et de la Reine Espoir.
Rahk'All reste interdit, face à la fillette. Les règles de son clan lui hurlent de s'en débarrasser au plus vite. Mais il y a cette petite voix, en son for intérieur, qui lui rappelle le bannissement de ce jeune guerrier. Il avait été chassé de la tribu, après que certains l'aient soupçonné d'avoir volé un antre clan. Il était son meilleur élève, son élément le plus prometteur… il était son fils. Serait-il possible que le jeune faucon ait survécu à la mort que Saël avait prédit pour lui ?
Rahk'All ne peut pas. Il est incapable de faire ce que les lois de sa tribu lui ordonne. Et pourtant, c'est là la seule chose à faire. Ce destin est préférable à un autre, infiniment plus douloureux pour la petite. Tandis qu'elle continue de raconter l'histoire du roi et de la reine Hydre, l'homme-aigle l'abandonne à son sort dans le désert, et s'élance à nouveau dans les airs, d'un battement d'ailes, pour gagner d'autres terres. Il a trahi toute la mémoire de ses ancêtres. Il lui est dorénavant impossible de rentrer dans son clan. Aussi infime qu'elle soit, cette fillette a une chance de s'en sortir, si elle est seule dans cette immensité qui s'obscurcit à vue d'oeil. S'il devait la mener à sa tribu, la mort serait le seul châtiment. S'il devait la tuer, il tuerait son fils une seconde fois. Alors peu importent les lois de son peuple. Son fils vivra, à travers la mémoire de cette enfant perdue.
_ Quelle proie nous rapporteras-tu, aujourd'hui ? Demande Saël avec légèreté tout en s'adossant aux restes d'un vieil arbre desséché.
Loin d'être surpris par son chef, l'homme à tête d'aigle continue de fixer l'immensité qui s'offre à lui. Le meneur esquisse un sourire. Quelques instants passent dans le silence, avant que le guerrier réponde.
_ J'espère trouver une kaïssi, répond-il à son chef de sa voix rocailleuse.
_ Vraiment ? Est-ce la bonne heure ?
_ La température est idéale, et les fleurs du désert vont bientôt éclore. Les gazelles de feu ne tarderont pas à quitter leurs abris sous le sable.
Rahk'All connaît parfaitement les habitudes de ses proies, et sa grande sensibilité au climat en fait un chasseur hors pair.
_ Très bien, répond le chef. Bonne chasse.
Sans répondre, le Serre déploie ses immenses ailes, et quitte la falaise pour survoler le désert aride. Il préfère la chasse en solitaire. C'est plus agréable. Le courant aérien le transporte bientôt loin du clan, et tandis qu'il surveille avec avidité les vagues de sable couleur argent, qui s'étendent à l'infini devant lui, il lui semble sentir l'odeur d'une cible. Comme il l'avait prédit, alors que le soleil commence à décliner à l'horizon, des milliers de petits points bleus apparaissent ci et là, pour se gorger des derniers rayons de l'astre lumineux. Petit à petit, le désert grisé se colore de bleu. Soudain, une silhouette accapare son regard attentif, et il fond sans réfléchir sur cette proie insolite.
Mais au moment de la happer, il remarque que la créature n'a rien d'une kaïssi, et qu'elle a même des apparences humanoïdes comme lui ! Il déploie ses ailes pour couper son vol, et se pose en catastrophe non loin de l'être qu'il a manqué de tuer. Ce dernier émet un cri tandis qu'il se retourne pour l'observer plus en détail.
L'être est roulé en boule, au creux d'une large dune, parmi quelques bouquets. Il crie « me mange pas, me mange pas ! ». Ce n'est pas bien grand, probablement un enfant et sa voix criarde est féminine. Ses longs cheveux noirs en bataille la cachent en grande partie, il ne peut même pas voir ses yeux. Ses habits sont du même bleu que les pétales des petites plantes qui l'entourent. Qu'est-ce qu'une créature aussi fragile peut bien faire dans un endroit pareil ? Ce n'est pas le moment d'y penser. Il s'approche, furieux. Cette créature, aussi petite qu'elle soit, vient de le priver d'une chasse qui promettait d'être parfaite. À cause d'elle, le clan de l'homme-aigle sera affamé. En quittant le ciel pour se saisir de cette chose étrange, il vient de se signaler à ses proies potentielles. Il n'y a qu'une chose à faire, amener cette créature à la tribu pour décider que faire d'elle.
_ Que fais-tu ici, petit oisillon ? Demande-t-il d'une voix sèche.
_ Stönn pas méchante, crie-t-elle en retour. Me mange pas…
Il fait claquer sa langue et la saisit au bras, la faisant hurler plus encore. Avec tout le bruit qu'elle fait, les kaïssis ne sortiront pas de leur tanière. Il allait lui intimer de s'arrêter, mais elle le fait d'elle-même, semblant se rendre compte de quelque chose. Sa grimace de frayeur se change même en un large sourire, que Rahk'All ne comprend pas. La petite fille se met à rire, laissant le guerrier interdit.
_ Tu vas pas me manger, hein ! Parce que toi, tu es un gentil.
Ne sachant comment réagir, l'homme aux apparences de brute épaisse lâche l'enfant qui va se blottir tout contre lui, comme si elle le connaissait. Il sait qu'il doit partir, abandonner la créature à son triste sort dans le désert, retourner à sa chasse, nourrir la tribu. Mais il ne parvient pas à s'y résoudre. Quelque chose chez cette enfant sans regard l'en empêche. Il reste happé par l'étrange délicatesse mêlée d'une brutalité pareille à la sienne, qui habite la petite créature. Oubliant tout de sa frayeur passée, l'enfant tourne la tête vers lui. Malgré la longue frange noire qui lui cache les yeux, elle semble le voir, le transcrire, le percer à jour.
_ Le soleil tombe, dit-elle avec joie en s'asseyant dans le sable, inconsciente du danger qu'elle court. C'est l'heure de l'histoire.
_ L'histoire ?
_ Il y a fort longtemps, dans un royaume à présent oublié, vivaient le Roi et la Reine Espoir. Le vert de l’avenir était leur couleur. L’Hydre était leur symbole.
Aussitôt, l'homme cesse de respirer. Son cœur manque un battement. Cette histoire, seul son clan la connaît. Les anciens la récitent aux oisillons, qui à leur tour, quand ils deviennent vieux, la content aux générations futures. Les plumes sur sa tête se dressent d'un coup, tandis qu'il dévisage cet être qui n'a rien d'un rapace comme lui. Imperturbable, l'enfant continue comme si elle récitait par coeur ce qu'elle avait appris pendant des années :
_ La reine pouvait demander conseil aux Serres couleur rouge de l’Amour, pour l’aider à veiller sur son peuple. Le roi pouvait compter sur les Pelisses couleur jaune du Courage pour protéger son royaume. Et quand il était perdu dans les ténèbres, le couple royal demandait au Joyau bleu de la Sagesse de le guider dans l’obscurité. La Branchie Noire prévenait de l'arrivée des Ténèbres à la tombée de la nuit, et l’œil Blanc annonçait le retour de la lumière, au petit matin. Pendant des milliers d’années, le royaume prospéra ainsi, sous la coupe bienveillante du Roi et de la Reine Espoir.
Rahk'All reste interdit, face à la fillette. Les règles de son clan lui hurlent de s'en débarrasser au plus vite. Mais il y a cette petite voix, en son for intérieur, qui lui rappelle le bannissement de ce jeune guerrier. Il avait été chassé de la tribu, après que certains l'aient soupçonné d'avoir volé un antre clan. Il était son meilleur élève, son élément le plus prometteur… il était son fils. Serait-il possible que le jeune faucon ait survécu à la mort que Saël avait prédit pour lui ?
Rahk'All ne peut pas. Il est incapable de faire ce que les lois de sa tribu lui ordonne. Et pourtant, c'est là la seule chose à faire. Ce destin est préférable à un autre, infiniment plus douloureux pour la petite. Tandis qu'elle continue de raconter l'histoire du roi et de la reine Hydre, l'homme-aigle l'abandonne à son sort dans le désert, et s'élance à nouveau dans les airs, d'un battement d'ailes, pour gagner d'autres terres. Il a trahi toute la mémoire de ses ancêtres. Il lui est dorénavant impossible de rentrer dans son clan. Aussi infime qu'elle soit, cette fillette a une chance de s'en sortir, si elle est seule dans cette immensité qui s'obscurcit à vue d'oeil. S'il devait la mener à sa tribu, la mort serait le seul châtiment. S'il devait la tuer, il tuerait son fils une seconde fois. Alors peu importent les lois de son peuple. Son fils vivra, à travers la mémoire de cette enfant perdue.
Atelier du 10 décembre 2015
Dans ces lieux qui ont vu et verront
Les piafs du soir étaient Gaianee, A-Nako, Mikage, Lankouëch, Broyeur et Rena.
le thème, cette fois-ci, était plus difficile : Une dizaine de paysages était présentée, l'histoire était écrite en trois paragraphes : Le premier situait un personnage dans un des paysages, au présent. Le second paragraphe situait le même personnage, dans un décors différent et au passé. Et le dernier paragraphe, quant à lui, se trouvait aussi dans le premier paysage, mais y implantait un personnage différent. Le temps utilisé était au choix.
... - Texte d'Anako
Il s’étire, lentement, encore un peu groggy par les évènements de la veille, des courbatures et tensions vrillant l’entièreté de son corps. Puis il laisse ses bras retomber lourdement au sol, pendouillant le long de son corps alors qu’il fixe le ciel encore sombre et pur.
Un sourire s’étire sur ses lèvres alors qu’il se relève lentement. Sa marche est lente, ses pas pesant, ses muscles peinent à se réveiller alors qu’il grimpe le flanc de montagne, à travers bois. La brume fraîche et légère se dissipe alors que l’aube se lève. Les rayons de lumières pâles s’élèvent sur lui, réchauffant sa peau glacée et humide. Il fixe son bras trempé et l’essuie d’un geste nonchalant. A peine prête-t-il attention à ses vêtements alourdi par le liquide et continue sa longue errance.
Ce n’est qu’au seuil des frondaisons qu’il s’arrête, jetant une brève œillade au panorama éphémère. Une brise légèrement caresse sa peau, frissonner ses cheveux ébènes. Le moment semble infini et lui hors du monde. L’espace d’un instant, il se sent en paix, vide, absout de tout. Et pourtant… Un sourire s’étire sur ses lèvres alors qu’un filet rougeoyant s’étend sur l’horizon. Rouge, comme le sang. Le sang qui le recouvre, le repeint, alourdit sa marche. Un coup de langue carnassier sur ses crocs et le voila reparti sur sa route infinie, faisant craquer ses doigts impatient de les planter dans une nouvelle proie, mordre à nouveau la chair.
L’instant s’efface et il disparait à travers bois.
Hier avait été une véritable fête, une danse sanguinolente et effrénée. Aujourd’hui la même danse recommencerait.
Un sourire s’étire sur ses lèvres alors qu’il se relève lentement. Sa marche est lente, ses pas pesant, ses muscles peinent à se réveiller alors qu’il grimpe le flanc de montagne, à travers bois. La brume fraîche et légère se dissipe alors que l’aube se lève. Les rayons de lumières pâles s’élèvent sur lui, réchauffant sa peau glacée et humide. Il fixe son bras trempé et l’essuie d’un geste nonchalant. A peine prête-t-il attention à ses vêtements alourdi par le liquide et continue sa longue errance.
Ce n’est qu’au seuil des frondaisons qu’il s’arrête, jetant une brève œillade au panorama éphémère. Une brise légèrement caresse sa peau, frissonner ses cheveux ébènes. Le moment semble infini et lui hors du monde. L’espace d’un instant, il se sent en paix, vide, absout de tout. Et pourtant… Un sourire s’étire sur ses lèvres alors qu’un filet rougeoyant s’étend sur l’horizon. Rouge, comme le sang. Le sang qui le recouvre, le repeint, alourdit sa marche. Un coup de langue carnassier sur ses crocs et le voila reparti sur sa route infinie, faisant craquer ses doigts impatient de les planter dans une nouvelle proie, mordre à nouveau la chair.
L’instant s’efface et il disparait à travers bois.
Hier avait été une véritable fête, une danse sanguinolente et effrénée. Aujourd’hui la même danse recommencerait.
Une odeur de fer avait envie l’air, en saturant chaque parcelle.
Perdu au cœur de la forêt, caché dans un renfoncement de montagne, le village s’en trouvait surtout acculé, sans échappatoire. Il avait saisit l’occasion. Arrivé comme un pauvre marchand itinérant blessé, profitant de leur générosité, il avait même réussi à plaire à l’une de fille du village. Elle rougissait à chacun de ses regards. Que c’était mignon. La pauvre ignare, si elle savait.
Intérieurement, il avait rit tout du long. Cette bourgade était pire que ce qu’il avait espéré. Un ramassis d’idiot dépourvu de cervelles, même pas capable de se méfier. Mais cela ne rendrait que la fête plus mémorable, voir leurs expressions se figer, se tordre d’effroi, d’incompréhension. Il s’en délectait déjà.
Il avait attendu la nuit, ou plutôt le crépuscule. La lumière crépusculaire lui offrait toujours une jouissance spéciale quand l’horizon se teintait du même rouge qui imprégnait l’air, brumassait le sol et lui offrait une seconde peau chaude et humide.
Sortant de la cabane offerte, trébuchant légèrement, on était de suite accouru vers lui, plein d’inquiétude. Le coup était venu brutalement, et avait demandé quelques secondes pour que tous comprennent. Secondes en trop. Déjà trois têtes étaient tombées, et un ventre projetait une gerbe de sang. Admirant son œuvre, il se saisit d’un autre et plongea ses crocs dans son cou, arrachant un large morceau de chair qu’il se mit à mâchonner gaiement e quête d’une autre proie. Cachée ou ayant fui, peu lui importait, il trouverait vite.
Bientôt le sol était jonché de cadavres, ses pieds trempaient dans une boue noirâtre et visqueuse au parfum entêtant. Il n’en restait qu’une, son dessert. La petite idiote qui s’était entichée de lui, grand mal lui en fasse. Il finit par la trouver dans un coin et, après avoir avec délice déguster la peur dans ses yeux, termina son office.
Il s’en trouvait bientôt seul dans un village mort, sifflant gaiement en se léchant la main.
« Hm… Sucré ! » Avait-il commenté tandis qu’il abandonnait derrière lui son crime, disparaissant dans la forêt avoisinante, une brume ferrugineuse emplissant l’atmosphère, seul témoin des atrocités commises au cœur de cette montagne. Bientôt tout serait lavé et lui oublié.
Perdu au cœur de la forêt, caché dans un renfoncement de montagne, le village s’en trouvait surtout acculé, sans échappatoire. Il avait saisit l’occasion. Arrivé comme un pauvre marchand itinérant blessé, profitant de leur générosité, il avait même réussi à plaire à l’une de fille du village. Elle rougissait à chacun de ses regards. Que c’était mignon. La pauvre ignare, si elle savait.
Intérieurement, il avait rit tout du long. Cette bourgade était pire que ce qu’il avait espéré. Un ramassis d’idiot dépourvu de cervelles, même pas capable de se méfier. Mais cela ne rendrait que la fête plus mémorable, voir leurs expressions se figer, se tordre d’effroi, d’incompréhension. Il s’en délectait déjà.
Il avait attendu la nuit, ou plutôt le crépuscule. La lumière crépusculaire lui offrait toujours une jouissance spéciale quand l’horizon se teintait du même rouge qui imprégnait l’air, brumassait le sol et lui offrait une seconde peau chaude et humide.
Sortant de la cabane offerte, trébuchant légèrement, on était de suite accouru vers lui, plein d’inquiétude. Le coup était venu brutalement, et avait demandé quelques secondes pour que tous comprennent. Secondes en trop. Déjà trois têtes étaient tombées, et un ventre projetait une gerbe de sang. Admirant son œuvre, il se saisit d’un autre et plongea ses crocs dans son cou, arrachant un large morceau de chair qu’il se mit à mâchonner gaiement e quête d’une autre proie. Cachée ou ayant fui, peu lui importait, il trouverait vite.
Bientôt le sol était jonché de cadavres, ses pieds trempaient dans une boue noirâtre et visqueuse au parfum entêtant. Il n’en restait qu’une, son dessert. La petite idiote qui s’était entichée de lui, grand mal lui en fasse. Il finit par la trouver dans un coin et, après avoir avec délice déguster la peur dans ses yeux, termina son office.
Il s’en trouvait bientôt seul dans un village mort, sifflant gaiement en se léchant la main.
« Hm… Sucré ! » Avait-il commenté tandis qu’il abandonnait derrière lui son crime, disparaissant dans la forêt avoisinante, une brume ferrugineuse emplissant l’atmosphère, seul témoin des atrocités commises au cœur de cette montagne. Bientôt tout serait lavé et lui oublié.
Sa trace je la suivais déjà depuis plusieurs années. Ce chien galeux, cette vermine sans âme.
Il voyageait de villages en villages, ne laissant que mort et désolation sur son passage. Au moins cela me laissait-il le suivre, mais toujours j’arrivais trop tard. Une boucherie sans nom, l’atmosphère même semblait en deuil là où il passait. Quand survivant il y avait, leur état prostré, leur mutisme les rendait incapable à toute enquête.
Au fil des ans, je n’avais pu obtenir que quelques informations. Il avait des yeux de flammes, signe de ses origines démoniaques, des griffes pour ongles et petit pour un homme. A peine ma taille m’avait-on vaguement indiqué.
Mais aujourd’hui, je le tenais ! Arrivée après son massacre, la visquosité du sang et ses traces ensanglantées à travers bois m’avaient guidé. Trop prétentieux pour faire attention aux indices qu’ils laissaient, j’avais à présent un fil d’Ariane pour me guider à lui. A mesure que je m’éloignais du village, la brume tombait, l’air semblait moins lourd, exempt de toute culpabilité, apaisant, malgré le ciel enflammé qui irradiait, perçant. A contrario, la forêt semblait calme.
Le calme avant la tempête, cette fois je l’aurais.
Le poing serré sur un tronc d’arbre, une trace de sang signalant son passage, je me mordis la lèvre rageusement. Haineuse. Cette nuit-là, c’était mon frère qu’il m’avait volé. Ce matin-là, je me jurais de le tuer. Qu’importe si pour y parvenir je devrais mourir. Mon clan entier, décimé. Un clan de guerriers féroces et endurcis. Détruits jusqu’au dernier, attaqués dans l’enceinte même de leur sanctuaire.
Un bruit fit revenir mon attention en ce lieu, au loin devant, une ombre se détachait. Je me ruais dessus, hors de question de laisser filer cette chance si c’était lui.
Il voyageait de villages en villages, ne laissant que mort et désolation sur son passage. Au moins cela me laissait-il le suivre, mais toujours j’arrivais trop tard. Une boucherie sans nom, l’atmosphère même semblait en deuil là où il passait. Quand survivant il y avait, leur état prostré, leur mutisme les rendait incapable à toute enquête.
Au fil des ans, je n’avais pu obtenir que quelques informations. Il avait des yeux de flammes, signe de ses origines démoniaques, des griffes pour ongles et petit pour un homme. A peine ma taille m’avait-on vaguement indiqué.
Mais aujourd’hui, je le tenais ! Arrivée après son massacre, la visquosité du sang et ses traces ensanglantées à travers bois m’avaient guidé. Trop prétentieux pour faire attention aux indices qu’ils laissaient, j’avais à présent un fil d’Ariane pour me guider à lui. A mesure que je m’éloignais du village, la brume tombait, l’air semblait moins lourd, exempt de toute culpabilité, apaisant, malgré le ciel enflammé qui irradiait, perçant. A contrario, la forêt semblait calme.
Le calme avant la tempête, cette fois je l’aurais.
Le poing serré sur un tronc d’arbre, une trace de sang signalant son passage, je me mordis la lèvre rageusement. Haineuse. Cette nuit-là, c’était mon frère qu’il m’avait volé. Ce matin-là, je me jurais de le tuer. Qu’importe si pour y parvenir je devrais mourir. Mon clan entier, décimé. Un clan de guerriers féroces et endurcis. Détruits jusqu’au dernier, attaqués dans l’enceinte même de leur sanctuaire.
Un bruit fit revenir mon attention en ce lieu, au loin devant, une ombre se détachait. Je me ruais dessus, hors de question de laisser filer cette chance si c’était lui.
La nature nous réserve de belles surprises - Texte de Lankouëch
Le matin même, en ouvrant les rideaux, une jeune fille prénommée Liliana qui est blonde avec de longs cheveux soyeux et de magnifiques yeux bleus, habillée en nuisette rouge, est enchantée en voyant le beau temps et décide de se balader, car il fait un temps magnifique. Elle va voir ses amis et leur fait part de son envie de partir à l’aventure. Ces derniers lui ont donné ce plan ainsi que l’itinéraire qu’elle doit suivre. La demoiselle retourna chez elle, s’habilla en tenue de randonneuse, prends son sac à dos et part tranquillement.
Le périple fut plus long qu’elle ne le pense, elle commence à perdre du courage au fur et à mesure qu’elle avance, c’est alors qu’en prenant le dernier virage, son visage s’éblouit en voyant ce qui s’étendait sous ses yeux. Un lac trône fièrement au milieu d’une végétation luxuriante, on peut même voir par-ci, par-là quelques mousses qui flottent joyeusement à la surface. L’étendu est calme. Elle regarde les nuages qui sont de couleur rose, orange avec une pointe de bleu marine, ce qui rendait ce paysage vraiment magnifique. Au loin, se dresse des montagnes et en contre-bas une forêt de mélèze.
La jeune fille se penche et s’éclabousse le visage. Un magnifique sourire se dessine sur son visage, tellement la demoiselle est heureuse de voir qu’elle a bien fait de ne pas s’écouter, elle fouille dans son sac-à-dos en sortit son appareil photo et immortalise le moment. Elle s’assit sur l’herbe et regarde tranquillement le paysage, puis s’endort.
Le périple fut plus long qu’elle ne le pense, elle commence à perdre du courage au fur et à mesure qu’elle avance, c’est alors qu’en prenant le dernier virage, son visage s’éblouit en voyant ce qui s’étendait sous ses yeux. Un lac trône fièrement au milieu d’une végétation luxuriante, on peut même voir par-ci, par-là quelques mousses qui flottent joyeusement à la surface. L’étendu est calme. Elle regarde les nuages qui sont de couleur rose, orange avec une pointe de bleu marine, ce qui rendait ce paysage vraiment magnifique. Au loin, se dresse des montagnes et en contre-bas une forêt de mélèze.
La jeune fille se penche et s’éclabousse le visage. Un magnifique sourire se dessine sur son visage, tellement la demoiselle est heureuse de voir qu’elle a bien fait de ne pas s’écouter, elle fouille dans son sac-à-dos en sortit son appareil photo et immortalise le moment. Elle s’assit sur l’herbe et regarde tranquillement le paysage, puis s’endort.
Plusieurs années auparavant, alors que Liliana était âgée d’une dizaine d’année, la jeune fille blonde aux yeux bleus rêvait de voyage. Elle adorait imaginer bon nombre de paysage tous plus surprenant les uns que les autres, mais ses parents refusaient de l’emmener en balade, car après plusieurs heures de marche, elle avait mal aux pieds et voulait rebrousser chemin.
Elle dû attendre d’avoir le double de son âge pour se balader comme bon lui semblait, sans ses parents. Elle prit ses affaires et s’en alla là où son instinct la guidait. Après quelques minutes, elle tomba sur un paysage qui la laissa sans voix, ce n’était qu’une banale plaine, mais les couleurs qu’elle renvoyait ravivaient la demoiselle. Un arbre trônait au milieu, on pouvait également apercevoir des vallons qui avaient l’apparence de vague, on pouvait voire quelques buissons par-ci par-là. Le ciel était d’un bleu foncé qui virait au clair à l’horizon où quelques nuages avaient décidés de se balader. Au loin, entre deux vallons, la jeune fille vit la mer, un bateau naviguait tranquillement à moins que ce soit un rocher. Elle prit une photo et alla s’installer à l’ombre de l’arbre pour regarder les quelques animaux qui se promenaient sous ses yeux.
Elle dû attendre d’avoir le double de son âge pour se balader comme bon lui semblait, sans ses parents. Elle prit ses affaires et s’en alla là où son instinct la guidait. Après quelques minutes, elle tomba sur un paysage qui la laissa sans voix, ce n’était qu’une banale plaine, mais les couleurs qu’elle renvoyait ravivaient la demoiselle. Un arbre trônait au milieu, on pouvait également apercevoir des vallons qui avaient l’apparence de vague, on pouvait voire quelques buissons par-ci par-là. Le ciel était d’un bleu foncé qui virait au clair à l’horizon où quelques nuages avaient décidés de se balader. Au loin, entre deux vallons, la jeune fille vit la mer, un bateau naviguait tranquillement à moins que ce soit un rocher. Elle prit une photo et alla s’installer à l’ombre de l’arbre pour regarder les quelques animaux qui se promenaient sous ses yeux.
Quelques années plus tard, le meilleur ami de Liliana, qui se nommait Arnaud et qui avait des cheveux courts couleurs noir corbeau. Il avait des yeux noirs et portait des lunettes. Il décida de trouver cet endroit paradisiaque, car la jeune fille n’arrêtait pas de lui montrer la photo, en le sommant d’y aller, car elle était sûre qu’il retrouverait sa joie de vivre. Aussi se mit-il à arpenter le même chemin que son amie, voyant le même paysage, sauf que les arbres avaient poussés depuis la dernière fois.
Tout comme Liliana, dès qu’il sentait la fatigue le gagner, il voulait rebrousser chemin en disant à son amie qu’il avait vu le paysage enchanteur, sauf que cette dernière lui avait demandé une preuve de son passage. Il traîna péniblement ses jambes en rechignant, en grognant, en criant contre les oiseaux qui chantaient joyeusement. Une fois passée le virage, le garçon arrêta de se plaindre et fut ébahi par ce qui s’étendait sous ses yeux.
Le paysage ressemblait en tout point à la photo qu’avait prise son amie, le lac qui était entouré d’arbre, la chaîne de montagne au loin avec à ses pieds la forêt de mélèze, même la mousse était toujours présente.
Le jeune homme alla près de l’eau, retira ses chaussures ainsi que ses chaussettes et trempa et ses pieds en les remuant joyeusement, comme un enfant. Arnaud leva la tête pour admirer les nuages qui passaient au-dessus de sa tête. Son amie avait raison, ce paysage avait bel et bien un effet bénéfique sur son comportement.
L’adulte fouilla dans son sac-à-dos, sortit son appareil de photo et captura le paysage, puis le rangea, sortit ses pieds de l’eau et alla s’allonger sur le dos en mettant ses bras derrière la tête.
Tout comme Liliana, dès qu’il sentait la fatigue le gagner, il voulait rebrousser chemin en disant à son amie qu’il avait vu le paysage enchanteur, sauf que cette dernière lui avait demandé une preuve de son passage. Il traîna péniblement ses jambes en rechignant, en grognant, en criant contre les oiseaux qui chantaient joyeusement. Une fois passée le virage, le garçon arrêta de se plaindre et fut ébahi par ce qui s’étendait sous ses yeux.
Le paysage ressemblait en tout point à la photo qu’avait prise son amie, le lac qui était entouré d’arbre, la chaîne de montagne au loin avec à ses pieds la forêt de mélèze, même la mousse était toujours présente.
Le jeune homme alla près de l’eau, retira ses chaussures ainsi que ses chaussettes et trempa et ses pieds en les remuant joyeusement, comme un enfant. Arnaud leva la tête pour admirer les nuages qui passaient au-dessus de sa tête. Son amie avait raison, ce paysage avait bel et bien un effet bénéfique sur son comportement.
L’adulte fouilla dans son sac-à-dos, sortit son appareil de photo et captura le paysage, puis le rangea, sortit ses pieds de l’eau et alla s’allonger sur le dos en mettant ses bras derrière la tête.
Le Phare - Texte de Gaianee
Marielle regarde l’océan. Accoudée à la rambarde du phare, elle laisse le vent agiter ses cheveux blonds, rabattant de temps à autre une mèche qui lui atterrit devant les yeux. L’air est frais et iodé, ce qui ne change pas de d’habitude, même si l’odeur se fait plus forte sur les côtes. La jeune fille soupire. Lorsque son père part en exploration, elle aime bien attendre là qu’il revienne. Pour être la première à apercevoir son bateau, la première à crier la bonne nouvelle dans toute l’île. Et si jamais une tempête se lève, elle sera toujours là pour éclairer le phare, qu’importe la violence des rafales. C’est ce qu’elle se plait à penser et elle ne doute pas de tenir parole. Son père pourra toujours compter sur elle, Marielle s’en est fait le serment. La jeune fille lisse le tissu de sa robe d’un geste machinal, mais la brise s’empresse de le froisser à nouveau. Elle tourne la tête vers la fragile maison de briques qui se dresse juste derrière le phare. Abandonnée depuis peu de temps, elle menace de s’écrouler sous les assauts de la météo. Elle est encore jolie, mais son seul défaut est de ne pas être faite de la même matière que le phare, qui lui continuera d’affronter le temps et la mer aussi longtemps qu’existera Isla. Marielle se détourne, revenant à sa contemplation des eaux bleues et calmes. Bientôt, il fera nuit. Bientôt, il faudra allumer le phare. La jeune fille espère que, où qu’il soit, son père percevra son message.
« Je suis là, dira la lumière. Reviens vite. »
« Je suis là, dira la lumière. Reviens vite. »
Marielle soupira. Hurgh ! Ce qu’elle avait chaud ! Mais bon, elle n’allait pas se plaindre, le paysage qui s’étalait devant elle était à couper le souffle. Elle n’en avait jamais encore vu de pareil. Elle qui, toute sa vie durant, n’avait connu que l’océan et son île, subissait un dépaysement total.
« Mon Dieu, que ce monde est beau… » ne put-elle s’empêcher de murmurer en embrassant l’étendue sèche et montagneuse des terres de la Californie.
Il y avait tant à voir, tant à découvrir, tant à savourer ! Même après toutes ces années, elle n’en revenait toujours pas. La jeune femme savait qu’elle possédait là une chance immense. Une chance unique, improbable, mais qui pourtant l’avait mené ici, à cette époque, pour contempler la Terre dans toute son immensité, sa diversité et sa beauté. Marielle sentit les larmes lui monter aux yeux. C’était dans ces moment-là qu’elle regrettait le futur et la folie des Hommes.
« Mon Dieu, que ce monde est beau… » ne put-elle s’empêcher de murmurer en embrassant l’étendue sèche et montagneuse des terres de la Californie.
Il y avait tant à voir, tant à découvrir, tant à savourer ! Même après toutes ces années, elle n’en revenait toujours pas. La jeune femme savait qu’elle possédait là une chance immense. Une chance unique, improbable, mais qui pourtant l’avait mené ici, à cette époque, pour contempler la Terre dans toute son immensité, sa diversité et sa beauté. Marielle sentit les larmes lui monter aux yeux. C’était dans ces moment-là qu’elle regrettait le futur et la folie des Hommes.
Michael ne savait pas vraiment ce qu’il faisait là. Où en fait si, il le savait, mais avait encore du mal à se l’admettre. Le phare n’avait pas changé. Il se tenait toujours debout, solide et sûr, face à la mer. Le jeune homme ne pouvait pas en dire autant de la maison. Auparavant coquette, elle était désormais en ruines et envahie par la végétation. Elle avait fini par s’effondrer sur elle-même des années plus tôt, le vent, les intempéries ayant eu raison d’elle. Ne restait que le phare, celui-là même où sa sœur aimait se rendre lorsque leur père partait en voyage. Michael n’avait jamais été très proche de ce dernier, contrairement à Marielle. Il lui reprochait ses absences et ses silences. Mais pas Marielle. Elle, elle l’avait toujours vu comme un héros.
Michael secoua la tête. Un héros…quelle blague. C’était à cause de lui si sa sœur n’était plus là. S’il n’avait pas cherché à se rebeller, s’il avait laissé Marielle en dehors de toutes ses manigances, alors il aurait été la seule cible du Gouvernement ! Et Marielle serait encore là…
Si Michael se tenait sur le phare ce jour-là, ce n’était pas pour les mêmes raisons que Marielle. Elle, elle attendait leur père. Lui, désormais, attendait sa sœur. Et chaque soir, le phare s’allumait, crevant les ténèbres de ses rayons lumineux. Mais ce n’était pas pour guider un navire en perdition. C’était pour percer le temps et ramener au présent une âme égarée.
« Reviens-moi, Marielle. Reviens-moi… » sussurrait chaque soir le jeune homme, comme une prière.
Mais chaque jour, le soleil se levait sur le petit bout de terre meurtrie, et rien n’avait changé. Alors Michael repartait, maudissant son espérance et le temps qui filait impunément.
Michael secoua la tête. Un héros…quelle blague. C’était à cause de lui si sa sœur n’était plus là. S’il n’avait pas cherché à se rebeller, s’il avait laissé Marielle en dehors de toutes ses manigances, alors il aurait été la seule cible du Gouvernement ! Et Marielle serait encore là…
Si Michael se tenait sur le phare ce jour-là, ce n’était pas pour les mêmes raisons que Marielle. Elle, elle attendait leur père. Lui, désormais, attendait sa sœur. Et chaque soir, le phare s’allumait, crevant les ténèbres de ses rayons lumineux. Mais ce n’était pas pour guider un navire en perdition. C’était pour percer le temps et ramener au présent une âme égarée.
« Reviens-moi, Marielle. Reviens-moi… » sussurrait chaque soir le jeune homme, comme une prière.
Mais chaque jour, le soleil se levait sur le petit bout de terre meurtrie, et rien n’avait changé. Alors Michael repartait, maudissant son espérance et le temps qui filait impunément.
Chasse Sauvage - Texte de Mikage
Il marche, chaque pas fait onduler la surface de l'eau et le guide un à un vers les mont brumeux. Le soleil invaincu l'inonde de chaleur. Les dernier rayons du dieux solaire lui montrent le chemin. Sous ses pas, les poissons ignorent son but. L'exalté le sait il lui-même?...il tend ses bras et demande une réponse. Seul le silence résonne autour de lui. Alors il avance. Sans sentir le froid sous ses pieds. Il sais qui peu atteindre l'autre rive...il doit juste garder confiance. Un rayon se pose sur son front et une marque dorée apparait. Une énergie nouvelle l'envahi, une force et une détermination que peu d'êtres peuvent appréhender. Il en est sur...c'est l'exaltation dont parle les ancêtre. C'est aussi une malédiction qu'il doit maintenant porter...
La brume avait envahi les sommets. L'astre avait disparu derrière Création. Il était a présent seul livré a lui-même. Sur son front la marque brillait toujours...un peu trop sans doute. Il savait qu'il pourrait être repéré de loin, de très loin même. Les flancs de la colline étaient boisés. Il devait les rejoindre rapidement. Ses pied nus foulaient le sol, de plus en plus vite, le paysage défilait. Son premier charme venait de se déclencher. La vitesse était presque jouissive. C'était a peine si ses pieds touchait le sol. Il pouvait bondir sur plusieurs mètre et atterrir souplement pour reprendre sa course. Il avait parcouru une grande distance en quelques minutes et se tenait sur le flanc ouest de la colline. Devant lui les derniers rayons du jour doraient le ciel. La brume l'enveloppait. Il resta là, émerveillé par ce que le monde lui offrait. Il posa un doigt sur son front et senti la chaleur diminuer. Que devait il faire a présent. "Survivre et aider les autres solaires a reprendre la place qu'ils occupaient au première âge." murmura-t-il pour lui-même.
La chasse sauvage était lancée. En tant que Sang de Dragon de l'Empire, c'était son rôle de trouver et de traquer les anathèmes. Il devait traverser le lac ou le contourner rapidement. Les espions avait indiqué une lumière dorée au milieu des brumes. Il toucha la surface du lac et un courant chaud lui indiqua une direction. L'anathème avait traversé l'étendue d'eau et avait filé vers les montagnes. Siséan choisi la solution la plus rapide. Il activa son charme d'air et posa le pied au dessus de la surface du lac avant de s'élancer vers le couchant. S'il voulait éliminer l'anathème et faire honneur a la famille Ragara il devait se surpasser. Arrivé aux pieds des collines il scruta le paysage. Rien...pas la moindre lumière à l'horizon. Il jura et commença à douter des information qu'on lui avait donné. L'avait-on volontairement écarté de la piste?...étais-ce une manœuvre de plus pour éloigner les Ragara du pouvoir ? Il essaya de trouver son calme afin de réfléchir. S'assaillant en tailleur il médita et demanda au dragon quelle voie suivre. Mais, seul le silence de la nuit lui répondit...
titre - Texte de Broyeur
L’orage s’éloigne et le soleil se couche. Dans l’herbe grasse et rieuse en dégradés vert et jaune qui recouvre jusqu’à l’horizon les volcans éteints, le vent siffle toujours. La vie, invisible, s’affaire au ras du sol, et pas un arbre ne pointe ses cimes à des lieues à la ronde. Les buis se pavanent, ondulent leurs épis, et leur moiré hypnotise au rythme des complaintes célestes. Lui se tient là, allongé dans ce tapis d’herbes folles où ses cheveux se confondent, les yeux folâtrant distraitement entre les nuages qui fuient et les ombres qu’ils invoquent. Il rêve éveillé. Le froid et le chaud s’alternent et s’altèrent sur la candeur de ses joues. Les visions vont et viennent, fébriles projections d’un autre monde, d’un autre temps.
Il se souvenait de cette montagne escarpée, dont les falaises, pointant vers l’au-delà comme un rideau de dagues, se laissaient engloutir par les assauts de la forêt en deçà. Était-ce vraiment pire époque ? La brume rampait au pied des à-pics rocheux, écho spectral des lames bleues et noires se superposant dans le ciel. Des nuées d’oiseaux tourmentés tournaient autour des grands pins. Et il se tenait là, sur son promontoire en ruines, à dominer de son buste la fiévreuse malachite, humant l’air chargé d’écorce, de cèdre et d’azur. Il tenait, au creux de sa main, le destin de ce monde. C’était ce qu’on lui avait dit. C’était ce qu’il avait fait. Une larme avait roulé dans ses yeux d’émeraude.
L’orage approche et la lumière se tait. La terre ondule mais n’oublie pas. Depuis longtemps sont partis les bois envahisseurs, et les talus se sont lissés dans la tristesse. Voilà des jours qu’elle marche en ces étendues vides, l’esprit troublé par une gêne obscure. Pas une racine, pas un bâton ne jonche le sol en broussailles. Elle sait ce qu’il a fait. C’est un lourd fardeau qu’il porte lorsqu’il arpente la lande seul, et jamais il ne le partagera. Parfois elle tente de le trouver, mais toujours il se cache à sa vue : le sacrifié est scarifié au plus profond de son cœur. L’orage approche et la lumière s’est tue.
Le pourfendeur de Razegs - Texte de Rena
Enfin, il y est. Le froid mordant du blizzard qui hurle à ses oreilles n'a pas eu raison de son courage. Le manque d'oxygène n'a pas entaché sa volonté. Il a vu mille paysages, franchi mille frontières. Et pourtant, ce qu'il a sous les yeux, du haut du mont Kezz, lui coupe littéralement le souffle. Feïrell a la carrure du guerrier, physiquement et psychologiquement. Son esprit ne dévie jamais, C'est un être d'action, un de ceux qui ne s'inquiètent pas du sang qu'ils ont sur les mains, et qui ne prêtent attention aux paysages qu'une fois qu'ils ont accompli leur devoir. Et généralement, ils sont blasés par ce qu'ils voient. Il a fait tant de grandes choses, il a été respecté pendant si longtemps, par tant de monde… Lui que tout le monde dit grand, face à cette immensité qui s'étend sous ses pieds, il se sent misérable, ridicule.
Le bleu de la brume s'étend jusqu'aux pointes des montagnes qui percent à travers l'épaisse couche nuageuse. En se couchant, le soleil donne à l'horizon une couleur rosée qui entoure le Mont Thaera. Quelques jours de marche et il y sera. Après un regard en arrière, espérant peut-être trouver un quelconque réconfort dans la présence bienfaîtrice de Nao-Tsi, il soupire et se tourne à nouveau vers la montagne qui lui fait face. Le grand être pousse un long soupir, et repart entre les sapins, prêt à s'élancer dans la brume, en espérant que ses runes rempliront leur rôle, et que sa légende atteigne enfin son apogée.
Le bleu de la brume s'étend jusqu'aux pointes des montagnes qui percent à travers l'épaisse couche nuageuse. En se couchant, le soleil donne à l'horizon une couleur rosée qui entoure le Mont Thaera. Quelques jours de marche et il y sera. Après un regard en arrière, espérant peut-être trouver un quelconque réconfort dans la présence bienfaîtrice de Nao-Tsi, il soupire et se tourne à nouveau vers la montagne qui lui fait face. Le grand être pousse un long soupir, et repart entre les sapins, prêt à s'élancer dans la brume, en espérant que ses runes rempliront leur rôle, et que sa légende atteigne enfin son apogée.
Alors que le soleil se levait péniblement, déversant ses rayons d'or sur le désert ambré, une tête émergea, parmi les rochers ocres. La chaleur était déjà accablante. L'eris se releva difficilement. C'était le premier, le plus difficile à tuer. Mais c'était aussi celui qui le propulserait dans les légendes. Bientôt, il serait connu et reconnu, tout Vassadror chanterait ses louanges. Un héros. Il serait un héros. Il ne faisait qu'un petit mètre soixante, et pourtant il avait décidé de devenir un grand être, d'être aussi réputé que les Monstres de Maska, d'être aussi aimé que les Brises-Corne, d'être aussi craint que les Ohomuris. En affrontant le Riff des Sables, il allait devenir infiniment plus riche qu'en sauvant une quelconque princesse. Infiniment plus puissant aussi, car il avait trouvé le moyen de retirer la puissance du razeg en lui ôtant la vie, et il n'allait pas se priver ! De toute façon, qu'étaient les Razegs, sinon des monstres destructeurs, qui créaient famine, maladie, mort sur leur passage ? Ils méritaient tous de mourir, et ils périraient de sa main à lui, Feïrell, le pourfendeur de Razegs.
Urhi lève la tête pour observer le ciel qui s'obscurcit. La femme aérienne se trouve devant le mont Thaera. Elle peut encore sentir son souffle, quand il se tenait là, à cette même place, il y a dix jours. De son regard doux, elle observe finement la grande nappe de brouillard qui s'étend sous son voile transparent. Les dizaines de petites bêtes qu'elle protège sous sa coupe bienveillante, flottent à ses côtés, vagabondent, sans prendre conscience ce ce qui vient d'arriver. C'en est fini de Feïrell. La légende n'est plus. Oh oui, il est devenu brave. Un fier guerrier, sans peur ni reproche. Mais à quel prix ! Tuer un Razeg sacré, perdre son esprit au nom de la reconnaissance d'un peuple qui l'oubliera dans quelques générations.
À chaque fois, il s'est probablement posé la question, qu'est-ce que je fais ? Pourquoi devrais-je tuer un gardien de la nature ? Comment mon orgueil a-t-il pris tant de place dans ma vie ? Qui suis-je pour défier les Créateurs et me croire supérieur aux créatures légendaires que je suis sur le point d'assassiner ? La femme translucide pousse un soupir attristé. Cette vie-là vient d'être gâchée, parce qu'il n'a pas su se rendre compte à temps qu'il s'attaquait à plus fort que lui. Sa vanité lui a coûté la vie. Elle le préférait dans son existence antérieure. Il n'était pas aussi mauvais, il ne voulait pas tuer les Razegs, il ne voulait pas s'élever au rang de Maître du monde. Dans sa vie antérieure, il n'aspirait qu'à vivre auprès des siens, vivre une vie simple et douce, vivre à ses côtés… comme il lui manque déjà...
À chaque fois, il s'est probablement posé la question, qu'est-ce que je fais ? Pourquoi devrais-je tuer un gardien de la nature ? Comment mon orgueil a-t-il pris tant de place dans ma vie ? Qui suis-je pour défier les Créateurs et me croire supérieur aux créatures légendaires que je suis sur le point d'assassiner ? La femme translucide pousse un soupir attristé. Cette vie-là vient d'être gâchée, parce qu'il n'a pas su se rendre compte à temps qu'il s'attaquait à plus fort que lui. Sa vanité lui a coûté la vie. Elle le préférait dans son existence antérieure. Il n'était pas aussi mauvais, il ne voulait pas tuer les Razegs, il ne voulait pas s'élever au rang de Maître du monde. Dans sa vie antérieure, il n'aspirait qu'à vivre auprès des siens, vivre une vie simple et douce, vivre à ses côtés… comme il lui manque déjà...
Atelier du 17 décembre 2015
Re-Naissance, nouvelle vie, nouvelle année...
Les piafs du soir étaient Gaianee, A-Nako, Mikage, Broyeur, Pierrot et Rena.
Comme la majorité boudait Noël, Mikage a eu la présence d'esprit de proposer quelque chose qui serait quand même dans le thème de cette fin d'année : le re-nouveau. De plus tout le monde devait choisir un personnage, un défaut et une qualité de ce personnage, un lieu et une date. Chaque consigne a été donnée à un autre, histoire de rendre tout ça encore plus passionnant !
Titre - Texte d'Anako
A venir...
Titre - Texte de Gaianee
A venir...
Titre - Texte de Mikage
A venir...
Titre - Texte de Broyeur
Consigne par Pierro
Personnage : Enfant
Qualité / Défaut : Intelligent mais solitaire
Lieu : Paris
Période : époque contemporaine
Il ne se lassait pas de ses soldats de plomb
Là où les autres gars, simplets et volubiles,
Pouvaient durant des jours, de gestes malhabiles
Prétendre s’amuser à poursuivre un ballon.
Sous les toits le temps passe au rythme des tromblons.
Les avenues sont vides en la ruche immobile,
Mais on défend encore un tas de fer débile.
Rien n’étonne plus Bill, qui trouve le temps long.
Ses figurines avancent au son des brigadiers.
Sur l’écran, par à-coups, quelques images filent :
Des balles dans lesquelles on ne tape du pied.
Petit Bill, apaisé, sous la coupe des bombes,
Rêve déjà du jour où l’on creuse sa tombe.
Devant ses yeux, au pas, les escouades défilent.
Titre - Texte de Pierro
A venir...
Titre - Texte de Rena
A venir...